Homélie pour la solennité de Pentecôte | Année B | 2021

|Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Gal 5, 16-25 ; Séquence ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15|

Ils étaient « réunis tous ensemble. » Ils attendaient la réalisation de la promesse du Christ, l’envoi du Paraclet, le défenseur. Celui qui allait révéler toutes choses. Il n’y a rien de plus stressant, pour certains, que l’attente. Le fait d’attendre peut générer en nous le désespoir ou l’espérance. Un certain désespoir qui nous enferme, ou l’espérance, qui nous ouvre, nous décloisonne. Dans l’un et l’autre cas, ce qui est mis en évidence c’est notre rapport au temps.

Le peuple d’Israël, et toute humanité, a attendu de siècles entiers pour voir l’accomplissement des promesses de Dieu. Et lorsque cela est arrivé certains l’ont cru, d’autres non. Ceux qui avaient fait le pari de l’attente dans l’espérance ont accueilli l’avènement de Jésus. Ceux qui se sont enfermés dans leurs « savoir » et leurs certitudes, ont laissé passer la grâce devant leurs yeux. Les premiers, ceux qui ont attendu dans l’espérance, ont eu le bon sens d’accueillir la loi comme un moyen de croissance. Les deuxièmes, ceux qui ont perdu l’espérance, ont préféré se réfugier derrière la loi en l’absolutisant comme une fin en soi. L’attente est alors devenue trop dure, car elle était vide de sens.

Nous attendons tous quelque chose de Dieu. Dans le plus intime de nos cœurs. Une manifestation précise de sa présence, un miracle, un signe. Et nous oublions souvent qu’il est déjà là, qu’il nous précède et qu’il nous a donné de vivre de sa vie.

Aujourd’hui nous célébrons l’accomplissement de la promesse de Jésus pour ses disciples. Cette promesse qui est le don de l’Esprit Saint. Cette présence active de Dieu dans le cœur de ses fidèles. Cette présence qui renouvelle. Qui réconforte. Qui guérit. Mais aussi qui nous met face à nos propres incohérences, nos manquements et nos désirs de toute puissance. Cette présence qui nous met face à nos actes qui divisent au lieu de rassembler ; qui jugent, au lieu de vouloir connaitre ; et qui condamnent, au lieu de témoigner de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Et si l’Esprit Saint nous met aussi en face de cela c’est pour nous faire entrer sur un chemin de transformation intérieure, de conversion.

Le don de l’Esprit Saint est le don de cette présence autre que le Christ a promis à ses disciples. Cette présence qui nous permet de vivre l’amour de Dieu en nous et entre nous. C’est la fête de l’Esprit Saint, du don de Dieu, demandons que notre foi soit renouvelée et que nous soyons témoins, de vrais témoins. Que nous ne cédions pas à la peur de l’avenir ni à la peur de l’autre. Mais que nous soyons réunis tous ensemble pour le recevoir. Que nous puissions avoir un cœur capable de l’accueillir dans notre quotidien. Que nous soyons attentifs à tous les signes discrets et simples de sa présence.

Viens Esprit Saint, viens en nos cœurs. Viens Père des pauvres. Dispensateur des dons. Lave, en nous, ce qui est souillé. Baigne ce qui est aride. Guérit ce qui est blessé. Donne tes sept dons sacrés : donne la Sagesse, pour que nous nous attachions davantage aux choses divines. Donne l’Intelligence, pour que, éclairés par ta grâce, nous puissions comprendre les mystères de ton amour. Donne le don de Conseil, lorsque nos pas hésitant, veulent se détourner de toi. Le don de Force, pour que nous cherchions toujours à pratiquer le bien. Donne le don de Connaissance, pour que nous reconnaissions toujours plus notre petitesse et fragilité, lieux où ta grâce opère. Donne le don de Piété, pour que nos prières soient comme un pont qui uni nos cœurs au tien. Et enfin, donne-nous le don de la Crainte de Dieu pour que nous nous rappelions toujours que ta présence nous précède et qu’elle peut nous renouveler, si notre attente est vécue dans l’Espérance. Viens, saint Esprit ! Et renouvelle le cœur de tous tes fidèles !