Homélies et autres réflexions
27 Mars 2022
|Js 5, 10-12 ; Ps 33 ; 2Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32|
Si nous regardons de près l’évangile de ce jour, nous pourrions nous dire qu’en chacun de nous il y un peu de ce fils prodigue (qui a envie d’indépendance) et un peu de ce fils ainé (qui ne transgresse jamais l’ordre donnée, et qui juge ceux qui, à ses yeux, n’entrent pas dans les cases). D’un côté, cette envie de faire ce qui nous plaît et de la manière que l’on souhaite. De l’autre, rester prisonnier d’une règle établie, par sécurité. Dans les deux cas, nous voyons émerger une question essentielle et importante pour nous : quel est le sens profond de la vie ?
La parabole de l’enfant prodigue se situe dans ce chapitre où Jésus nous livre les 3 paraboles de la miséricorde. La première étant celle de la brebis perdue et retrouvée, la deuxième, celle de la pièce d’argent perdue et retrouvée et la troisième celle de l’enfant perdu et retrouvé.
Dans les 3 cas, nous sommes face au drame de la perte et à la joie des retrouvailles. Nous sommes face à ce qui fait la vie humaine, l’acte de recommencer. C’est peut-être cela, un premier sens profond de la vie : recommencer. Mais de quoi avons-nous besoin pour recommencer ? Tout d’abord, il nous faut avoir le courage, comme le fils prodigue, d’entrer en nous-mêmes et de nous mettre face à ce que nous sommes, en vérité ! Le père de la parabole n’empêche pas son fils de partir. Et il lui donne ce dont il a besoin pour le faire. Le fils, aurait pu rester dans ce pays étranger même après avoir tout dépensé. S’il n’avait pas eu le courage d’entrer en lui-même et de se demander pourquoi il était là ? Pourquoi il s’était mis dans cette situation ? Il a découvert que son désir d’indépendance à tout prix, n’était pas ajusté. Nous voilà dans le deuxième temps de découverte du sens profond de la vie : le besoin d’autonomie.
Cette autonomie qui est souvent confondue justement avec l’indépendance. Être indépendant c’est vouloir ne pas avoir besoin des autres (c’est la première attitude du jeune fils). Alors que l’attitude la plus juste est celle où nous reconnaissons faire partie d’un corps, d’une famille, d’un groupe… et qu’ils sont importants. L’attitude où nous reconnaissons que nous avons besoin de l’autre. Et ce n’est qu’en reconnaissant que nous avons besoin de l’autre que nous pouvons faire le chemin de retour pour entrer dans une démarche de don de soi et de pardon, si besoin. Et pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas seulement des êtres matériels. Nous sommes profondément spirituels. Et se savoir spirituel c’est savoir que nous ne pouvons pas être seuls. C’est l’expérience de la foi vécue par le peuple de Dieu au désert, mais aussi par chacun de nous. Et cette foi, nous le savons, ne rend pas les choses plus faciles, mais elle nous fait entrer dans l’ordre du possible. Cette épreuve, ou cette difficulté que je traverse, n’est pas facile… mais je peux la traverser… c’est possible ! Parce que nous savons que Dieu la traverse avec nous ! Peut-être alors que le sens profond de notre vie soit cette traversée qui nous mène d’ici vers Celui qui nous aime !
Et c’est peut-être cela la source de la joie, la vraie joie, qui consiste à accueillir la vie avec Espérance, même au milieu de la tempête.
En revenant sur l’évangile et les lectures de ce jour, nous pourrions dire que le sens profond de la vie c’est savoir se réjouir de ce que nous recevons, donner de ce que nous avons reçu et entrer dans une vraie démarche de confiance envers ce Dieu qui nous accompagne dans notre traversée. Et si nous profitions de ce chemin que nous traversons et qui nous mène vers Pâques, pour nous reposer cette question : quel est le sens profond de ma vie ?