homélies et autres réflexions
18 Février 2024
|Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15|
Aujourd’hui, dans notre manière de croire, nous sommes davantage tournées vers la compréhension des choses de la foi que sur le vivre la foi de manière simple dans notre quotidien. Nous voulons maîtriser les concepts, comprendre le sens, nous approprier de ce que, parfois, ne nous appartient pas, et oublions de vivre la simplicité de ce qui nous est donné de vivre, ou encore, nous oublions que le sens profond des choses d’une vie de foi se trouve dans ce qui est simple. Ce qui tombe sur le sens. Lorsque nous entendons dans la première lecture que le signe donné pour établir cette nouvelle alliance sera un « arc au milieu des nuages », nous sommes dans ce qui est simple, puisque essentiel et profond. On pourrait se demander pourquoi un arc et pas un rond ; pourquoi un arc au milieu des nuages et pas une colonne colorée entre ciel et terre… mais ça serait perdre notre temps et passer à côté de ce qui est essentiel, à savoir, Dieu se fait présent !
Depuis le mercredi de cendres, le temps du carême nous invite à entrer dans le vécu simple de la foi qui nous mène peu à peu vers ce qui est essentiel. Bien sûr, il n’y a pas d’opposition entre vivre et comprendre sa foi. Mais le danger habite sur le fait que nous pouvons savoir et comprendre les contenus de la foi, sans la vivre. Comme nous pouvons savoir qui est Jésus, mais sans être son ami. Vivre sa foi c’est revenir vers ce qui est simple, et bien souvent, évident. Revenir vers ce qui nourri et transforme chacun de nous de l’intérieur. C’est revenir vers certaines vérités, comprises comme lieux de libération, et que nous oublions parfois au milieu de tant de savoirs.
Nous lisons dans la deuxième lecture que « le Christ a souffert pour les péchés… lui, le juste, pour les injustes. » Certains mots sont presque inaudibles pour notre génération : souffert, péchés … ? A quoi bon parler de ça aujourd’hui ? Alors que si nous revenons à l’essentiel, nous pouvons alors entendre : le Christ a traversé les mêmes chemins de notre cœur. Et pour quoi ? Pour nous « introduire devant Dieu. » Pour rétablir les liens. Pour nous redire que seule la présence de Dieu peut changer véritablement notre vie et lui donner son sens. Si le Christ a souffert pour les péchés, c’est parce que les liens étaient brisés par l’orgueil et auto-suffisance humaines. Mais l’être humain est profondément bon et désireux d’amour… ainsi, nous rappeler de cette attitude de Jésus n’est pas tomber dans une espèce de masochisme de la foi, mais nous rappeler que traverser cette vie ayant du sens, c’est entrer sur un chemin de profonde relation. C’est entrer dans la dynamique des liens qui nous transforment.
Oui, nous sommes pécheurs ! Oui, nous sommes injustes. Et non, nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes. Et loin d’être une fatalité ceci est une chance pour nous pour découvrir et vivre cette nouvelle Alliance avec Dieu. Les nuages étant notre cœur, et l’arc dressé, la marque de notre baptême, que par le don du Christ nous introduit devant Dieu. Et c’est bien cette certitude de la Présence qui a permis au Christ de partir dans le désert. Et ce temps de combat fut pour lui le temps de la préparation. C’est pour nous une invitation à retrouver notre foi simple, c’est-à-dire, cette foi qui croit vraiment, pour laquelle les événements de la vie ne sont pas une fatalité ; cette foi qui anime et qui nous rappelle que nous avons la force de l’Esprit, la force du Peuple de l’Alliance et que tout combat est un temps de préparation vers cette vie qui nous appelle ! Quel est le combat que nous traversons aujourd’hui ? Et comment nous le traversons ? Avec quelle foi ? Celle qui veut tout comprendre dans les moindres détails, ou celle qui sait aussi s’abandonner ?
Mercredi soir je vous demandais : « comment va votre espérance ? » Ce matin j’ai envie de vous demander : « comment va votre capacité à croire, le don de la foi qui vous a été offert? » Puisse notre regard se convertir, changer, face à notre manière de voir Jésus. Qu’il soit davantage un ami. Que nous soyons davantage ses amis ! Car « le règne de Dieu est tout proche. »