2ème dimanche de Pâques | Année C | 2025 | Dimanche de la Miséricorde

Dans la Parole de Dieu il y a ce qui est clairement écrit et exprimé, et il y a les « non-dit ». Dans ce qui est dit, il y a l’essentiel pour notre vie de foi, et dans ce qui est dans les « non-dit », il y a ce que nous pouvons contempler à travers notre propre histoire. Par exemple : l’évangile ne dit pas pourquoi Thomas doutait. Il n’en donne pas la raison. Mais ce « non-dit » nous laisse comprendre que le doute peut faire partie de notre chemin de foi. Il ne s’agit pas d’interpréter tout et n’importe quoi de ce qui n’est pas dit dans l’Evangile, mais d’y voir que notre histoire avec le Christ s’écrit peu à peu, à travers chaque pas que nous faisons envers lui et avec lui.

Dans ce qui est dit, aujourd’hui, dans l’évangile, il y a tout d’abord le premier don de Jésus à ses disciples, après la résurrection : « La paix soit avec vous », leur dit-il. La paix qui vient de Jésus est cette paix du cœur, qui n’est possible que parce que nous savons que le Christ est présent dans notre vie. Ensuite, avec le cœur rassuré, les disciples sont envoyés en mission. Cette mission dont le dynamisme est donné par l’Esprit Saint. Nous pourrions en rester là, en nous disant que cela concerne les disciples, premiers témoins. Alors que grâce à Thomas nous voyons que cela nous concerne nous aussi.

Dans ce qui est dit de Thomas, nous y voyons bien sa difficulté à croire que Jésus est ressuscité, mettant le propre Jésus au défi « si je ne vois pas dans ses mais la marque des clous… non, je ne croirai pas », et voilà que « huit jours plus tard », Jésus réapparait à ses amis. Et la salutation est exactement la même : « la paix soit avec vous. » Ensuite, il s’adressera directement à Thomas « avance ton doigt ici et vois mes mais… » Et c’est là ou toute cette histoire nous concerne, car grâce à la profession de foi de celui qui a douté, nous entendons de la bouche de Jésus la béatitude « heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Et ceux-là, c’est nous ! Nous n’avons pas vu Jésus avec nos yeux, pourtant nous sommes ici. Nous n’avons pas touché Jésus avec nos mains, pourtant, nous le prions, nous parlons avec lui. Nous n’avons pas mangé avec Jésus, pourtant, notre cœur l’aime. Heureux sommes-nous qui croyons sans l’avoir vu !

Revenons au récit de l’évangile. Entre le Thomas qui doute et celui qui professe sa foi, il se passent huit jours. Et là, nous avons un « non-dit ». Nous ne savons pas ce qui s’est passé pendant ces 8 jours. Nous pouvons imaginer que les disciples sont allés annoncer le Christ, comme il a demandé. Mais Thomas est resté avec ces questions. Il a dû apprendre à entrer dans une vie spirituelle, c’est-à-dire, à entrer dans la vie de l’Esprit qui renonce au matérialisme et entre dans la reconnaissance gratuite. Jésus a attendu pour venir les revoir. Ce « non-dit » de ses huit jours, peuvent nous laisser imaginer que ce temps-là était le temps de la maturation, le temps où les choses prennent leurs justes places dans le cœur. Le temps de la miséricorde, où l’amour de Dieu creuse une place pour que nous le recevions. Ce temps-là était le temps de la vie. Le temps de la croissance, de la préparation, de la rencontre. Le temps de l’acceptation, de l’accueil.

Et si Jésus n’était plus apparu ? Thomas allait devoir vivre avec ses questions. Et si Jésus n’avait pas gardé les marques de la passion ? Thomas allait devoir vivre avec ses questions. Et nous, tel que nous sommes aujourd’hui, quelles sont nos questions ? Celles qui parfois nous empêchent de croire ? Notre vie ne ressemble-t-elle pas à ce temps-là ? A ces « non-dits » où le Seigneur semble faire silence, où il nous laisse dans l’attente ? C’est là où nous écrivons notre évangile, là où notre relation avec le Seigneur se construit. Voulons-nous trouver coûte que coûte les réponses ou sommes-nous prêts à accepter que certaines questions ne trouveront pas leurs réponses. Et cela ne veut pas dire que le Christ n’est pas là, qu’il ne nous aime pas. Mais les questions sans réponses seront pour nous une invitation à entrer dans cette vie spirituelle, cette vie dans l’Esprit, qui ne fait pas de nous des êtres désincarnés, mais au contraire, cette vie dans l’Esprit qui nous permet de vivre pleinement notre vie ici-bas dans l’Espérance et la confiance car le Christ se donne à chacun de nous.

N'ayons pas peur des doutes qui peuvent nous traverser, mais osons dire au Seigneur, avec courage : « mon Seigneur et mon Dieu. Mon Dieu et mon tout ! »

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