Vendredi Saint | Année C | 2025

Après avoir mangé avec ses disciples, leur avoir livré le commandement nouveau et lavés leurs pieds, se mettant à la place du serviteur, Jésus part avec eux au Jardin des Oliviers. La montée dramatique vers la Passion suit son cours. Et dans le silence de la nuit ce sont les pas de Judas qui font irruption pour, à travers un geste intime, celui d’un baiser, livrer son ami aux mains des soldats. C’est dans la nuit, au cours d’un repas, que Jésus ouvre son cœur aux disciples, et c’est dans la nuit, au milieu d’un jardin, que Judas trahit la confiance de Jésus. Et à partir de là tout s’accélère. Et la nuit devient le voile sous lequel tout vas se passer. Elle devient le compagnon de route de Jésus, comme elle peut être aussi le notre. Mais il y a une promesse : « mon serviteur réussira », ce qui semble être la fin, ne le sera pas. Il faut, cependant, vivre la traversée. Passer par la nuit. Affronter le combat. Regarder au-delà de ce qui se donne à voir. Se laisser toucher par le mystère.

Revenons sur les deux verbes qui nous ont accompagnés hier soir : prendre et verser. Pendant le repas, Jésus a pris le linge, signe de service ; pendant la Passion il prendra la Croix, qui deviendra signe d’Espérance. Au dernier repas, Jésus versera de l’eau, signe de purification. Pendant la Passion, il versera son sang, signe de la nouvelle Alliance.  Si Jésus, le soir du jeudi saint, manifestait son amour et son affection à ses disciples, lorsque « l’obscurité couvrira toute la terre » au vendredi saint, par sa Passion et sa Mort, Jésus manifeste son amour à toute l’humanité, donc a vous et à moi, à chacun de nous. Il nous révèle que son cœur est transpercé pour verser sur nous son amour qui nous relève, qui nous redonne l’espérance et la vie. Non, paradoxalement, malgré les apparences, nous ne célébrons pas la mort de Jésus, nous célébrons la puissance de la vie. Nous ne célébrons pas le désespoir, nous proclamons l’espérance. Mais sur notre route, sur notre montée vers la lumière de la résurrection, il y aussi la traversée de la nuit, et face à cela, bien souvent, nous sommes appelés à faire silence, à entrer dans la contemplation de ce mystère qui nous dépasse. Nous sommes appelés à traverser nos propres nuits, nos propres déserts. Mais nous savons désormais, après l’évènement de la croix, qu’aucune nuit n’est pour toujours.

Nous pouvons alors regarder notre existence avec confiance et nous demander : Quelle nuit traversons-nous aujourd’hui ? Quelles peurs nous empêchent d’avancer ? Quelles nuits avons-nous été capables de traverser dans notre vie jusqu’à aujourd’hui ? Quelles peurs avons-nous surmonté ?

Le Seigneur fait toute chose nouvelle ! Alors, qu’à la contemplation de la croix, nous puissions déposer à ses pieds nos nuits et nos peurs ! Mais aussi, que nous puissions rendre grâce pour toutes les nuits traversées, toutes les peurs dépassées ! Et humblement, demandons au Seigneur crucifié de faire « toute chose nouvelle » dans notre propre vie ! Et continuons notre montée dans l’espérance silencieuse qui nourrit notre marche ! Car non loin de la croix se trouve déjà la lumière !

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