Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie pour la première messe du Père André Favoretti - Diocèse de Toulon (26/06/2017)

Chers frères et sœurs,

Les textes que nous venons d’entendre nous révèlent la présence aimante et discrète du Seigneur qui fait appel à notre liberté de fils et de filles de Dieu. Cette liberté par laquelle nous pouvons permettre au Seigneur d’entrer dans nos vies, de faire partie de notre existence. Cette liberté que le Seigneur respecte comme l’un des biens les plus importants que l’être humain puisse avoir car elle nous permet de participer à la vie même de Dieu, non par imposition, mais par choix !

C’est grâce à cette liberté qu’Esther, avec confiance, a adressé à Dieu cette belle prière pour qu’elle soit délivrée de la main de ses ennemis. C’est grâce à cette liberté que Marie est venue jusqu’à Jésus pour lui dire que la fête risquait de finir plutôt… car ils n’avaient plus de vin !

C’est grâce à cette liberté, ce don de Dieu, qu’André a dit « oui » au Seigneur pour que sa vie devienne don, un don donné entièrement, pour que d’autres puissent recevoir la grâce de Dieu dans leur vies.

Esther dit dans sa prière « je vais risquer ma vie… je n’ai que toi… montre-toi Seigneur, manifeste-toi. » Voilà ce que peut résumer la vie de chacun de nous qui décidons de donner à Dieu une place dans notre existence. Voilà la prière que chacun de baptisé peut adresser à Dieu. Entrer dans l’aventure de suivre le Seigneur c’est « risquer sa vie » non parce que cela est dangereux, mais parce que l’aventure avec Lui peut nous mener parfois loin, bien loin, au-delà même de ce que nous aurions imaginé. Mais c’est risquer sa vie pour accomplir sa vocation, pour permettre à Dieu d’être Dieu.

Etre prêtre c’est aussi cela : risquer sa vie pour le Seigneur pour entrer dans l’aventure exigeante, joyeuse et éprouvante de l’amour. Suivre le Christ c’est être véritablement libre ! C’est exercer véritablement cette liberté à laquelle nous sommes appelés car lui seul peut combler nos cœurs, lui seul peut, véritablement, nous donner ce dont nous avons besoin ! Ceci n’est pas le monde des « ouioui » où tout va bien et tout est beau ! Donner sa vie au Christ c’est aussi faire l’expérience de notre propre fragilité, de notre propre pauvreté, et en l’expérimentant, expérimenter aussi la puissance du Seigneur qui nous invite à aller toujours plus loin, à avancer au large avec lui !

C’est l’expérience du manque qui a fait que Jésus réalise son premier miracle à Cana. L’expérience de la limite. « Ils n’ont plus de vin ! » Ils ne peuvent plus continuer la fête, ils ne peuvent plus honorer leurs amis ! Et Jésus se manifeste dans le concret de leurs vies ! Dans l’aujourd’hui de leur existence ! Il se manifeste dans ce qui fait leur pauvreté elle-même. Et c’est bien comme cela dans nos vies à nous ! Chacun de nous, nous avons à apprendre à manifester à Dieu que nous sommes pauvres, fragiles et que nous avons besoin de Lui. D’autant plus lorsque nous sommes prêtres. Nous ne sommes pas de super-héros, nous ne sommes pas de surhommes, nous sommes juste des gars qui ont décidé de répondre à l’appel que Dieu nous a adressé.

Lorsque le prêtre administre un sacrement c’est Jésus lui-même qui agit par lui. Indépendamment de l’état d’âme du prêtre, de son savoir, de son intelligence, de sa joie ou de sa souffrance…Le Christ agit par le prêtre pour qu’il continue de transformer la vie de ceux et celles qui ont besoin de Lui. Et le prêtre est lui-même, bien souvent, celui qui dit : « Seigneur, ils n’ont plus de vin », « montre-toi Seigneur, manifeste-toi ! » Car sans toi nous ne pouvons rien faire !

André, père André, tu as décidé d’avancer au large avec le Seigner, tu as choisi Celui qui t’a choisi même avant ta naissance, non parce que tu es le plus digne ou le plus sage… mais parce que ton cœur est capable d’écouter la souffrance, les peines et les joies de ceux qui te sont confiés. Tu as décidé de « risquer ta vie » pour celui qui a donné sa propre vie pour nous ! Et dans chaque banquet nuptial du Seigneur que tu célèbreras, l’Eucharistie, que tu puisses élever vers lui la prière de tous ceux qui n’ont plus dans leur vie le vin de l’espérance, de l’amour, du pardon… pour que ton cœur de pasteur puisse être formé et transformé par chaque rencontre, chaque regard, chaque parole de ceux qui disent aussi « Seigneur, je n’ai que toi… manifeste-toi » et que par toi, mon ami et mon confrère, ils puissent retrouver la joie de la fête et choisir à leur tour, notre Seigneur !

(Esther 4, 17 ; Psaume 102 ; Jean 2, 1-11)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article