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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie pour la Solennité de Marie Mère de Dieu – Année B


Si nous étions dans un marché qui vend des fêtes, nous aurions dit qu’aujourd’hui il y pour tous les goûts. Nous sommes au 8ème jour de l’octave de Noël, le premier jour de la nouvelle année civile, nous commémorons la journée mondiale de la paix et dans tout cela, nous fêtons Marie, mère de Dieu. Ca fait un peu beaucoup pour une seule journée, non ? Ça semble même un peu disparate. En fait, ce n’est pas si disparate que ça ! Car la diversité de thèmes n’est pas dispersion, tout nous ramène au Christ et à sa Mère. 


La liturgie nous fait entrer, en ce premier jour de l’année, dans cette merveilleuse nouvelle et dans ce merveilleux mystère de la theotokos, Marie mère de Dieu. Et pour cela, la première chose que nous entendons dans la Parole de Dieu c’est cette promesse de bénédiction ! C’est à la fois une promesse et une demande. Nous invoquons le nom du Seigneur et nous souhaitons qu'il nous bénisse. Oui, si vous avez était attentifs, vous vous êtes rendus compte que les verbes de la prière de bénédiction, dans la première lecture, sont au subjonctif (qui est par excellence le mode de l’incertain qui souligne les possibilités de réalisations d’une action) « Que le Seigneur te bénisse… qu’il fasse briller… qu’il te prenne en grâce… qu’il tourne vers toi son visage… qu’il t’apporte la paix. » Cela peut susciter une interrogation : ça veut donc dire que le Seigneur peut ne pas bénir ? Bien sûr que non. Le Seigneur bénit tout le monde, de la même manière qu’il aime tout le monde ! N’avons-nous pas entendu à Noël, de la bouche des anges ? Oui, Dieu bénit tout le monde comme il fait briller le soleil (lorsque soleil il y a) sur les justes et les méchants. Mais pourquoi alors ce n’est pas écrit : « Le Seigneur te bénit… il fait briller sur toi son visage… il te prend en grâce… il t’apporte la paix… ? » Parce que ceci serait une atteinte à notre liberté ! Ceci serait le signe d’un Dieu qui s’impose alors que le Seigneur veut que nous le choisissions ! Il nous choisi depuis toujours, mais une relation n’est une vraie relation que lorsqu’elle est réciproque ! Il veut que nous nous mettions sous sa bénédiction. Le Seigneur donne sans cesse mais il attend que nous puissions l’accueillir.


La première lecture finit par cette parole : « Ils invoqueront ainsi mon nom… » dans la culture sémitique, le nom représente la personne elle-même, il indique la « vocation » de la personne dans le monde et le prononcer c’est un engagement de protection. Nous nous mettons sous la protection de quelqu’un. Or, lorsque Dieu révèle son nom à son peuple, il se rend accessible, il montre que nous pouvons entrer en relation avec Lui. Invoquer son nom devient alors un signe de bénédiction et de protection. Mais il faut faire attention, nous ne sommes pas ici dans une espèce de superstition de fin d’année, il ne s’agit pas de confondre le Seigneur avec un magicien. Dieu n’agit pas par un coup de baguette magique. Bénir veut dire « dire du bien ». Lorsque nous demandons la bénédiction de Dieu, ou plutôt, lorsque nous acceptons que Dieu nous bénisse, qu’il dise du bien de nous, nous nous mettons sous sa protection mais pas dans le sens où aucune épreuve ne nous arrivera, mais lorsque nous accueillons la bénédiction de Dieu nous nous offrons à son action transformatrice car la Parole de Dieu est acte, il dit et cela est ! Etre bénit par Dieu ne nous épargne pas les épreuves, il suffit de voir dans la Bible, revoir l’histoire du peuple d’Israël, relire les passages d’Evangile où Marie a vécu ses épreuves, les apôtres, les disciples… ils ont tous vécus des épreuves mais ils étaient tous bénis par Dieu, ils avaient tous acceptés la bénédiction du Seigneur. Cela n’a pas réglé leurs problèmes mais cela leur a permis de les traverser avec le Seigneur, main dans la main ! La bénédiction c’est ça : se mettre sous la protection de Dieu en invoquant son nom pour être capable de traverser, avec Lui, les épreuves de la vie !


Et Marie nous rappelle tout cela. Elle nous rappelle que se mettre sous la protection du Seigneur c’est lui faire confiance. C’est savoir que quoi qu’il arrive nous ne sommes pas abandonnés. C’est aussi savoir que Dieu ne s’impose pas. Il attend toujours notre réponse, notre OUI ! Lorsque nous disons à quelqu’un « Que Dieu te bénisse » nous sommes entrain de lui rappeler que la traversée dans laquelle il est n’est pas inutile ni stérile. Mais la traversée qu’il vit est et peut devenir, source de vie, s’il permet que le Seigneur dise du bien de lui, s’il permet que le Seigneur le bénisse, s’il accepte sa bénédiction !


Aujourd’hui commence une nouvelle année ! Souvent nous prenons des résolutions pour faire « plus » de choses. Et si aujourd’hui on décidais d’en faire moins ? Je m’explique : lorsqu’on décide de faire « plus » nous sommes souvent frustrés car nous nous rendons bien vite compte que nous n’y arrivons pas toujours. Mais on peut décider de faire moins cette année, en tout cas pour certaines choses. Par exemple : on peut décider de « râler moins », comme ça, naturellement, on va entrer dans l’action de grâce ! On peut décider de « faire moins la tête », comme ça on va sourire davantage. On peut décider de « moins critiquer », comme ça on va, peut être, aimer davantage. Mais on peut décider de bénir ! Autrement dit, compter moins sur nous-mêmes et sur nos capacités pour entrer dans cette belle aventure de compter plus sur le Seigneur. Et ainsi un : « Que Dieu te bénisse », même s’il est dit dans le silence de notre cœur, deviendra notre prière pour que le Seigneur puisse être toujours là, présent, dans toute cette année qui commence ! 


(Nb 6, 22-27 ; Gal 4, 4-7 ; Lc 2, 26-21)
 

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