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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire│Année B│2018

C’est assez impressionnant de voir la réaction des auditeurs de Jésus pendant son discours sur le pain de la vie. Comment peut-il dire que si nous ne mangeons pas sa chair ni buvons son sang, nous n’avons pas la vie ? Se demandaient-ils. Avaient-ils tort d’être choqués par les propos de Jésus ? Je ne pense pas. Manger la chair d’un homme et boire son sang pour avoir la vie n’est pas la chose la plus romantique que nous avons déjà entendu. Mais il ne s’agit pas ici de romantisme. Ce qui est en jeu dans ce que Jésus nous dit c’est ce don de lui-même qu’il veut le faire. Donner sa vie c’est donner de sa personne, plus que cela, c’est donner sa propre personne.

Ce qui fait le fil rouge des textes que nous avons entendu aujourd’hui c’est la question de la vie en Dieu. Cette vie que nous recevons comme un don mais qui est appelée à quelque chose d’encore plus grand et plus noble : la résurrection et la vie éternelle. Et avec la question de la vie donnée, nous touchons aussi à la question du don. Dieu veut se donner à chacun de nous. Le Christ se donne à chacun de nous, mais un don attend toujours une réponse, autrement dit, il attend que nous soyons capables de l’accueillir. Et de ce point de vue, nous aussi nous pouvons tomber dans les travers dans lesquels sont tombés les auditeurs de Jésus. Parfois, à force de vouloir revendiquer tel ou tel droit, ou de rester derrière nos manières de voir les choses, nous passons à côté de ce qui est le plus important : la vie en Dieu et cette promesse que le Christ nous fait.

Le don du Christ sur la croix, par sa mort et sa résurrection, ouvre pour nous, les portes de cette vie éternelle. Et à chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie nous faisons mémoire de ce sacrifice, nous actualisons ce sacrifice de Jésus, source de vie et de salut. Mais avant de parler de « manger son corps et son sang » n’oublions pas que l’eucharistie est d’abord action de grâces. Être capables de rendre grâces pour ce que nous recevons. Être capables de voir que pour plus absurde que la vie puisse paraître, nous sommes appelés à quelque chose de plus grand, est, déjà, se préparer à ce don que le Christ nous fait.

Manger son corps et boire son sang c’est d’abord accepter que Jésus soit présent dans notre vie. Il ne nous est pas profitable de recevoir la communion si notre cœur n’est pas disposé et prêt à recevoir Jésus. Je ne cesse de dire que la communion eucharistique n’est pas un dû, mais c’est un don ! Bien souvent nous entendons « j’ai le droit car… » non, nous n’avons pas le droit, personne n’a le droit (compris comme une obligation extérieure qui s’impose à moi), car il ne s’agit pas d’un droit mais d’un don. L’eucharistie c’est Dieu qui se donne. Le Christ se donne et il se donne librement ! C’est pour cela que communier c’est beaucoup plus que recevoir l’hostie. Communier c’est aussi être en communion avec la communauté qui est la notre, c’est regarder l’autre et voir que mes actes et mes paroles doivent témoigner de cette communion-là. Car si le Christ se donne c’est pour transformer notre vie ! La transformer de l’intérieur. Lorsqu’il affirme « le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde », il nous dit que ce don de son être doit nous mener à une transformation, doit nous amener à plus de vie. Et de la même manière que le Christ se donne librement, ce qui porte en nous des fruits, c’est de le recevoir avec un cœur libre. Libre de tout ce qui peut nous éloigner de lui. Libre de ce qui nous dépare et nous divise, libre des querelles qui peuvent nous blesser.

Et un signe par lequel nous voyons que nous nous laissons transformer c’est lorsque nous quittons notre terrain de revendicateurs et entrons dans une dynamique d’actions de grâces. Dire merci pour ce que nous pouvons recevoir, se réjouir de ce que nous sommes capables d’accueillir. Et ne pas rester sur le ce qui aurait dû être. L’eucharistie est tout d’abord le lieu de l’action de grâces. Et lorsque nous la célébrons ensemble nous partageons aussi nos vies ! Le Christ se donne pour que nous nous donnions les uns aux autres ! Le Christ nous nourrit pour que nous puissions nourrir à notre tour. Il se donne pour que nous puissions vivre notre vocation d’être sa présence dans ce monde pour lequel il est venu ! Et poser ses actes d’amou

r et de miséricorde n’est pas un privilège mais c’est notre vocation. Et les poser autour de ceux qui sont là, à côté de nous ! Nous entrons dans cette dynamique de vie lorsque nous sommes signes de communion et si nous sommes signes de communion c’est-à-dire que nous avons compris avec le cœur ce que Jésus voulait dire lorsqu’il affirme : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

« Répands en nos cœurs Seigneur la ferveur de ta charité, afin que t’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions de toi l’héritage promis qui surpasse tout désir. » Que notre plus grand désir soit celui de demeurer dans le Christ et de l’accepter véritablement dans nos vies !

(Pv 9, 1-6 ; Ps 33(34) ; Ep 5, 15-20 ; Jn 6, 51-58)

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