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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire |Année C |2019

Jésus est-il entrain de faire l’éloge du gérant malhonnête ? C’est un peu l’impression que nous pouvons avoir en lisant à la va vite ce passage. Il est évident que ce n’est pas vrai. Toutefois, Jésus fait l’éloge de quelque chose chez cet homme. Déjà, de sa lucidité (il se connait et connait ses limites) mais aussi de son côté habile. Le seul souci c’est qu’il utilise ce talent pour tromper les autres. Alors que le Christ nous invite à être dans la vérité !

Jésus va donc passer par cette extrapolation pour nous faire une belle réflexion sur l’être et sur l’avoir. La première chose qu’il nous faut entendre c’est qu’il ne nous est pas interdit d’avoir de l’argent. Il n’est pas interdit d’être riche. Ce qui nous est interdit c’est de « servir à la fois Dieu et l’argent. » Ou pour dire autrement, ce qui nous est interdit c’est de faire de l’argent notre finalité. « Jésus ne nous pousse pas à mépriser l’argent, mais à le mettre au service du Royaume, c’est-à-dire, les autres.[1] » Ce que le Christ vient condamner ici c’est le rapport désordonné à l’argent. En d’autres termes, je dois me servir de l’argent mais pas être asservi par lui. Et l’antidote contre un éventuel asservissement c’est la gratuité, la relation, le don !

Lorsque nous mettons la relation au cœur même de notre démarche, lorsque l’autre a plus d’importance pour moi que ce que je peux avoir, alors mon rapport aux richesses sera ajusté. Il ne s’agit pas de plus avoir, mais il s’agit de l’avoir pour partager. C’est pour cela que Jésus admire l’habileté de ce gérant. Au moment où il a eu besoin (pour sauver sa peau), il a été créatif pour trouver une solution. Le moment où il a eu besoin d’entrer en relation a eu une attitude où ce qui passait avant c’était l’autre. Le souci c’est que son geste n’était pas dans la gratuité, mais dans l’intérêt, comme son rapport à l’argent.

Et le Christ nous invite à aller plus loin. Notre plus grande richesse n’est pas le fait de d’avoir ceci ou cela. Notre plus grande richesse c’est d’être. Et d’être des fils de la Lumière. D’être des enfants appelés à l’éternité. Et celle-ci passe inexorablement par la relation, par le don de nous-mêmes. Ce à quoi nous invite Jésus, a travers cette parabole, c’est de choisir résolument Dieu. De nous mettre au service du Royaume, c’est-à-dire, à exercer notre royauté qui se manifeste par le service car notre plus grande richesse c’est la vie éternelle. Et cette éternité, cette vie éternelle se construit là, maintenant.

C’est une invitation aussi pour que notre charité soit inventive. Pour que nous retrouvions le goût de la gratuité. Être là, tout simplement. Partager ce que nous portons. Mettre au service du Royaume ce que nous possédons pour que tous puissent en profiter. Et dans une époque où l’avoir, le pouvoir et la richesse semblent être devenus des idoles, le Seigneur nous invite à entrer dans une dynamique du don, de la gratuité et du partage pour que chacun puisse trouver ce dont il a besoin. Pour que chacun puisse entrer dans une vraie liberté. Et quitter le joug d’une puissance narcissique pour entrer dans la logique de la puissance de l’éternité qui nous permet de voir les choses, les autres et le monde avec un regard lucide et habile MAIS en ayant comme grille de lecture la Lumière, c’est-à-dire, le Christ.

Que pouvons-nous faire, à notre niveau à nous, pour que la gratuité soit au cœur même de nos relations ? Et qu’elle ne soit pas seulement une belle idée ? Le Seigneur a confié à chacun de nous le don de se donner. Le Seigneur nous fait confiance, à chacun ! Nous pouvons porter les uns et les autres dans la prière, et essayer d’entrer chaque jour davantage dans la gratuité de la relation. Prenons soin de ceux qui nous sont confiés et portons dans notre cœur et nos actions les soucis du monde. Tout cela nous aidera à être lucides sur nous-mêmes et habiles pour faire le bien, mais avec le Christ. Avec le regard du Christ et avec l’amour du Christ. C’est-à-dire, sans mesurer, sans calculer. Car, rappelons-nous : « celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. »

(Am 8, 4-7 ; Ps 112 ; 1Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13)

 


[1] Marie-Noëlle THABUT. L’intelligence des Ecritures, 6. Page 349.

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