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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 24ème dimanche du Temps Ordinaire

Dans l’évangile d’aujourd’hui on reproche Jésus d’être bon. Autrement dit, on lui reproche d’être lui-même. Comment ne pouvait-il pas manger avec ceux qui étaient considérés pécheurs ? Comment ne pouvait-il pas être du côté de ceux qui étaient exclus ? Comment pouvait-il faire autrement ? Impossible ! Car Dieu n’abandonne pas ceux qui ont besoin de lui, même si ceux-là ne se rendent pas forcément compte. Au lieu d’entrer dans une réaction frontale, Jésus va, encore une fois, utiliser les paraboles pour permettre à ses auditeurs de réfléchir à la fois avec la raison mais aussi avec le cœur. Il va les amener plus loin, comme un bon pédagogue qui nous aide à découvrir et à faire naître en nous ce que nous portons de plus noble : notre capacité à entrer dans la compassion, dans la miséricorde, notre capacité à aimer !

Pour ce faire, il commence par l’histoire de la brebis perdue. Il met ses auditeurs en face de leur propre réalité. Ils connaissent ce monde-là. Et ils savent très bien qu’un bon berger est celui qui ne perd aucune de ses brebis. Même si celle-ci s’est égaré des autres parce qu’elle est allée là où elle ne devrait pas. Le berger partira à sa recherche, non pour lui demander pourquoi a-t-elle fait cela, mais par la valeur qu’elle porte en elle-même. Nous avons ici l’image d’un Dieu qui vient nous chercher, qui vient à notre rencontre même lorsque nous décidons de nous éloigner. Même lorsque nous décidons de ne faire qu’à notre tête.

Ensuite, c’est l’histoire de cette pièce d’argent perdue. Force est de constater que pour l’époque, cette pièce avait une valeur incalculable. Et c’est grâce à la persévérance de cette femme qu’elle peut retrouver sa pièce. Jésus nous donne ici l’image d’un Dieu qui persévère dans la relation. Il peut avoir des serviteurs de grandes valeurs, des hommes et des femmes qui sont exemplaire… mais si un seul se laisse aller, Dieu ne l’abandonne pas. Il persévère dans la relation. Il souhaite notre retour vers Lui. Mais de manière vraie, libre et consciente.

S’éloigner de Dieu ne l’éloigne pas de nous. Il nous attend. Comme le père de la troisième histoire. Nous avons la l’image d’un Dieu qui est miséricordieux, d’un Dieu qui vient nous rejoindre dans ce que fait nos fragilités et nos misères. Mais nous avons aussi l’image d’un Dieu qui nous laisse libres. La prérogative la plus importante de l’amour c’est qu’il nous laisse libre et qu’il nous rend libres. Et cette liberté en Dieu est tellement importante que nous sommes libres de l’aimer mais aussi de ne pas l’aimer. Et quoiqu’il en soit, être libre c’est alors prendre des risques. Tout comme aimer, c’est prendre des risques.

Le père de cette parabole, que nous connaissons bien, est aimant et miséricordieux, mais il est aussi juste. On pourrait lui faire le même reproche que les pharisiens font à Jésus. On pourrait reprocher ce père d’être trop bon ! D’ailleurs, c’est ce que fait le fils ainé. Mais Dieu est démesurément bon ! Il est la bonté même. Et il nous invite à faire ce chemin. Ce chemin de cet enfant qui veut revenir. Mais au-delà de tout, il nous invite à faire ce chemin intérieur quotidien de nous tourner vers Lui. Un Dieu qui prend soin, qui persévère dans la relation et qui nous attend ! Un Dieu qui ne nous cache pas que les choses peuvent être difficiles, mais surtout un Dieu qui nous invite à entrer dans la confiance de l’amour ! Voilà le Dieu de Jésus Christ, voilà le Dieu auquel nous croyons, voilà le Dieu qui croit en nous ! Et c’est pour cela « qu’il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » Et se convertir c’est tourner notre cœur vers où il y a la Vie ! C’est partir à la rencontre, persévérer dans la relation et attendre dans la confiance !

(Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1Tm 1, 12-17 ; Lc 14, 1-32)

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