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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie du 29ème dimanche du Temps Ordinaire


 

Religion et politique, quel duo de choc ! On se demande bien si les deux peuvent seulement communiquer ! On posant la question sur les impôts à Jésus, les pharisiens voulaient bel et bien lui mettre dos au mur. Et ils n’y sont pas allés de main morte. Ils ont commencé par essayer d’amadouer  Jésus. Toucher son « petit cœur », le caresser au sens des poils… faire semblant qu’ils s’intéressaient à lui. En faisant l’éloge moral et religieux de Jésus, les pharisiens préparent le chemin pour poser la question piège : « est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Ils savaient bien que si Jésus refuse l’impôt, il pousse à une rébellion politique, à contrario, s’il l’admet, il se compromet avec un droit idolâtre car à l’époque l’empereur était considéré comme un dieu et bien sûr, comme nous est rappelé dans la première lecture, il n’y a qu’un seul Dieu et c’est le Seigneur !

 

Jésus est là, vraisemblablement, dans une impasse. En tout cas, c’est ce qui pense les pharisiens. Jésus va alors déplacer le problème, il va permettre à ces interlocuteurs de se poser la question d’où ils en sont avec Dieu. Il va leur mettre face à leur propre cupidité, hypocrisie et malveillance et montrer que leur question n’est pas une ruse pour l’obliger à opposer « la religion et la politique » mais plutôt la mise en lumière de leur hypocrisie qui ne donne pas la place à la vérité !

 

« Montrez-moi la monnaie d’impôt (…) Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Demande Jésus. Et bien sûr, la réponse ne peut pas être une autre : « De César.» Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Tout se joue ici autour du mot « effigie » ! C’est la clé du dénouement du pseudo problème évoqué par ces pharisiens. Et pourquoi ? Parce que Jésus est capable de rappeler, de manière subtil, que le vraie problème, ici, ce n’est pas de savoir si l’impôt est légitime ou pas, mais de savoir, à qui appartenons- nous.

 

Dieu nous appelle par notre nom ! Il nous connait intimement, et, si dans l’épisode de l’évangile que nous venons d’entendre, la monnaie impériale porte l’effigie de César, nous, chacun de nous, portons en nous, l’effigie de Dieu ! Autrement dit, donnez à César ce qui relève de son domaine, mais ne lui donnez pas ce qui, en vous, n’appartient qu’à Dieu. Nous sommes marqués par lui, nous sommes créés à son image et à sa ressemblance. Et nous sommes appelés à vivre une « foi active, une charité qui se donne de la peine et une espérance qui tient bon » car c’est Dieu lui-même qui nous appelle.

 

Cet appel de Dieu qui repose sur chacun de nous, cet appel de Dieu ne peut être entendu et vécu réellement que si nous sommes en relation avec lui ! Et c’est bien là que ces pharisiens sont pris dans leur propre piège : ils ont une relation de façade avec Dieu. Pour eux, le plus important c’est ce qu’on pense d’eux et non ce que Dieu pense.

 

Dans le quotidien de notre vie, dans ce qui nous anime tous les jours, qu’est-ce qui nous permet de dire que nous appartenons à Dieu ? Frères et sœurs, nous ne sommes pas parfaits, nous ne sommes pas des super-héros, nous sommes fragiles, nous avons, chacun de nous, nos faiblesses et les blessures que nous portons… mais nous avons, en nous, cette marque de Dieu ! Est-ce que nous lui permettons d’agir en nous ou préférons-nous rester dans nos propres hypocrisies ? Nous perdons beaucoup trop de temps, parfois, dans des combats stériles, discussions stériles, remarques et jugements stériles… alors que le Seigneur attends que nous nous rendions compte que son Esprit veut agir en nous ! Qu’il veut fortifier notre Foi, augmenter notre Charité et permettre à notre cœur d’être dilaté par l’Espérance que nous portons en nous, ce cadeau que le Seigneur nous a fait ! Et qui parfois est enfoui car nous ne nous laissons par aimer par Lui.

 

« L’homme est l’effigie de Dieu. » Et on peut le reconnaître, ou pas, comme notre Dieu, notre ami, notre secours, notre Seigneur ! Nous pouvons, ou pas, lui dire « fais en moi ta volonté. » Nous pouvons, ou pas, lui donner notre cœur et notre vie ! Nous pouvons, ou pas, choisir de lui appartenir et nous laisser regarder par son regard d’amour qui voit bien au-delà de nos faiblesses! Et nous pouvons, ou pas, être le signe de sa présence dans le monde. Et ainsi apprendre à aimer et à se laisser aimer davantage ! Apprendre à pardonner davantage ! Car le Seigneur nous laisse libres de le choisir ! Il nous laisse libre de nous mettre devant lui et de lui répondre « me voici » lorsqu’il nous appelle par notre nom !

(Is 45, 1.4-6 ; Ps 95 ; 1Th 1, 1-5b ; Mt 22, 15-21)

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