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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie pour la messe de tous les fidèles défunts

Nous sommes bien nombreux aujourd’hui à faire mémoire de nos êtres chers et en préparant cette célébration je me suis demandé ce dont je pourrais bien parler. Ce n’est pas évident de prêcher face à des personnes pour qui la douleur de la perte d’un être cher est peut-être encore assez vive. 

 

S’il y a un mot avec lequel nous ne nous habituons pas c’est justement celui-ci : mourir. Lorsque quelqu’un qui nous est proche meurt, il est difficile pour chacun de nous, je le pense, d’entendre ce mot, sans avoir un sentiment d’impuissance. La mort est ce dont nous redoutons le plus. Que nous soyons riches ou pauvres, jeune ou âgé… nous nous rendons à l’évidence que face à la mort, nous sommes tous pareils ! Nous sommes tous impuissants, dépourvus ! Et pourquoi alors nous rassembler ici aujourd’hui ? Quel est le sens même de ce que nous sommes en train de vivre ? Nous sommes ici aujourd’hui, justement, pour célébrer la vie ! Célébrer la vie de ceux qui nous ont précédés, célébrer cette vie à laquelle nous sommes invités et appelés : la vie en Dieu et avec Dieu ! Car notre Dieu n’est pas le Dieu de la mort mais celui de la Vie !

 

Ça peut être dérangeant pour certains, et je le comprends, d’entendre que notre Dieu est le Dieu de la Vie et pas de la mort. Surtout pour ceux qui sont un peu éloignés de la foi. S’il est le Dieu de la vie, on peut se demander, pourquoi alors j’ai perdu quelqu’un que j’aime ? Pourquoi il « a subi sa sentence et s’est trouvé devant le seul mal irrémédiable, celui qui marque notre étrange destin sur cette terre, ce fait sans explication qui réunit tous les vivants en un même troupeau de condamnés, puisque tout ce qui est vivant, est appelé à mourir.[1] » Pour nous les chrétiens la mort n’est pas un mal irrémédiable, même si elle est douloureuse à vivre elle n’est pas un mal irrémédiable car elle n’est pas la fin et la Vie, la véritable vie est bien plus que ce que nous pouvons voir car « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable », la mort n’est pas un « mal irrémédiable » car elle n’est pas la fin, ni le néant! Elle est un passage, une pâque !

 

Dieu lui-même est venu nous le montrer. Par le Christ, qui est mort sur une croix et ressuscité, Dieu nous montre que la mort n’est rien face à la puissance de la vie ! Et c’est ça qui change tout ! Par la foi nous entrons dans ce mystère, dans cette espérance que la vie éternelle n’est pas une folie ou seulement un « désir du cœur » mais elle est une réalité ! Et comment vous le prouver, ou vous l’expliquer ? Je ne sais pas… en tout cas, je ne peux pas le faire comme dans une équation mathématique… je sais que la mort n’est pas la fin car nous avons tous ce désir incommensurable de vivre ! Je sais que la mort n’est pas la fin car Jésus Christ, notre Dieu, est venu nous rejoindre pour que nous puissions avoir la vie en lui.

 

Aujourd’hui c’est un jour pour célébrer la vie et honorer ceux qui sont passés par notre vie ici-bas en laissant leurs marques ! C’est un jour pour prier pour eux, pour vivre, autrement, la relation que nous avons. C’est un jour d’action de grâces, un jour pour dire MERCI ! Dire merci pour ce que nous avons pu vivre et dire merci parce que la mort n’est pas un point final  car « si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec Lui. »

 

Et le Seigneur nous invite à rester en « tenue de service. » Il nous invite à être attentifs à sa présence dans nos vies. Il nous invite à ouvrir nos cœurs pour qu’il puisse venir y habiter. Croire ce n’est pas un acte intellectuel d’abord ! Croire c’est d’abord un acte de confiance ! C’est comme un acte d’amour : pourquoi nous faisons ceci ou cela ? Parce qu’on aime ! Croire c’est aimer ! Car croire c’est faire confiance, c’est laisser une place à l’autre, au Tout Autre. C’est vivre avec cette certitude que nous sommes fait pour la vie car notre cœur a soif de vivre ! Croire c’est permettre au Christ de nous aider à traverser cette existence avec nos épreuves, nos deuils, nos joies et nos peines, mais la traverser dans la confiance et la certitude que tout, absolument tout, ne finit pas ici ! Et que l’amour est plus fort que tout car la Vie est plus forte que la mort !

 

(Sg 3, 1-9 ; Ps 26 ; Rm 6, 3-9 ; Lc 12, 35-40)

 


[1] Le Jeu de la Miséricordieuse. Ariano SUASSUNA.

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