Homélies et autres réflexions
29 Juillet 2018
Aujourd’hui nous avons en parallèle, dans les lectures, deux récits que nous pouvons appeler de « miracles ». Dans la première lecture et dans l’évangile il est question d’une multiplication de pains pour nourrir la faim de ceux qui sont fatigués, en attente. Dans les deux cas, nous avons aussi, une mise en parallèle d’une attitude de confiance, d’une part, et d’une attitude de doute, d’autre part, ou de méfiance, ou d’incrédulité. Aussi bien Elisée que Jésus sont dans la confiance que le miracle aura lieu alors que le serviteur d’Elisée et le disciple de Jésus, Philippe, se questionnent sur la faisabilité de la chose. Ont-ils tort ? Est-il absurde de douter à ce moment-là ? Bien sûr que non ! « A vues humaine, on ne peut pas leur donner tort ! Mais le bon sens, la raison raisonnante ne sont pas toujours de bons conseillers.[1] »
Nous pouvons, chacun de nous, nous poser la question si cet épisode s’est vraiment déroulé comme ça. Si réellement il y a eu miracle. Mais si nous nous arrêtons sur cela, nous allons passer à côté du plus important et le plus important ce n’est pas de savoir ou de prouver si tout cela est vrai ou faux, le plus important est de savoir qu’elle parole de Vie il y a là-dedans. Et la Parole de vie qu’il y a là-dedans c’est que Dieu, lorsqu’il nous donne quelque chose, il le fait toujours avec abondance ! Croire ce n’est pas vivre dans un monde parfait, sans aucune difficulté ou contrainte. Croire ce n’est pas non plus vivre dans un conte de fée où la malédiction de la méchante sorcière s’efface par un baiser d’amour ! Croire c’est apprendre à faire confiance, c’est grandir dans la confiance. C’est choisir de donner à Dieu une place dans notre vie. Nous passons, bien souvent, beaucoup plus de temps à douter ou à vouloir tout comprendre, alors que nous pourrions tout simplement décider de faire confiance. Nous pourrions tout simplement laisser un peu de côté nos grandes certitudes, qui nous enferment, pour aller à la rencontre du Seigneur, qui élargit notre cœur.
En demandant le baptême pour votre fille, vous lui donnez la possibilité de grandir dans cette confiance en Dieu, ce Dieu qui va trouver une place toute particulière dans son cœur aujourd’hui, ce Dieu que nous aimons et au nom duquel nous sommes ici. Mais pour grandir dans cette confiance et dans cette connaissance, et pour rencontrer Dieu, elle aura besoin de vous, les parents, le parrain et la marraine ainsi que de la communauté que nous formons. C’est par notre témoignage qu’elle pourra alors découvrir que Dieu n’est pas quelque chose d’annexe dans la vie, mais qu’il est, lui, la source de la Vie.
Dieu n’est pas un magicien ni un faiseur de miracles, mais il est Celui qui veut donner à Léontine la joie de découvrir sa vocation, ce pourquoi elle a été créée, ainsi que chacun de nous, nous ne sommes pas créés pour « douter » d’abord, notre vocation n’est pas le doute (même si parfois le doute est important) mais notre vocation est l’amour ! Nous sommes créés pour l’amour et par l’Amour. Mais je ne parle pas de l’amour tel qu’on peut l’entendre aujourd’hui, je parle de cet amour par lequel nous sommes capables de donner notre propre vie, cet amour qui se rend concret par le don que nous faisons de nous-mêmes. Et le baptême nous rappelle cela. Par le baptême nous recevons la surabondance de l’amour de Dieu. Qui nous fait entrer dans cette Espérance qui nous transforme de l’intérieur. Comment cela se fait-il ? Je ne sais pas, l’amour n’est pas une équation mathématique. Mais je sais pourquoi nous le recevons, pour que nous puissions poser des actes capables de transformer la vie de ceux qui sont autour de nous. Pour que nous puissions nous conduire d’une manière digne de notre vocation, avec humilité et douceur, avec patience dans la confiance. En étant capables de voir les miracles quotidiens qui traversent notre existence. Et qui donnent sens à notre vie. Regardez à l’intérieur de vous-mêmes. Allez au plus profond et vous allez vous rendre compte que les miracles, ils sont là. Quotidiennement. Et cela n’est pas une excuse pour essayer d’accepter la vie qui est la notre avec ses difficultés, mais c’est surtout la présence de ce Dieu qui nous aime et qui se donne à chacun de nous, si nous lui permettons de venir habiter chez nous !
Face à l’incrédulité que certains peuvent avoir, se placent les gestes et les actes de foi que d’autres posent, non parce qu’ils sont plus grands ou meilleurs que les autres, mais parce qu’ils ont compris, qu’avoir besoin de Dieu n’est pas une faiblesse, mais la certitude que quoiqu’il nous arrive, le dernier mot est toujours celui de la Vie !
(Rois 4, 42-44 ; Ps 144 ; Ep 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15)