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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie du 3ème dimanche de l’Avent│Année C│2018

Les lectures d’aujourd’hui nous font 2 invitations et 1 annonce. Commençons par l’annonce : L’annonce du Messie. Ce Messie tant attendu par le peuple d’Israël qu’il a même pensé que c’était Jean lui-même. Mais celui-ci dira clairement que ce n’est pas lui. Il dira que le Messie « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » Et lui seul, le Messie, pourra exercer le jugement de Dieu car « il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé… » Un Messie qui donne l’Esprit Saint de Dieu et qui purifie, autrement dit, remet les choses à leurs justes places. Pour nous, cela peut sonner à la fois bien beau (le Messie donne l’Esprit Saint) mais aussi cela peut sonner dur car il vient pour exercer le jugement de Dieu. Cependant, pour ceux qui entendaient Jean-Baptiste, ils comprenaient bien qu’il s’agissait là de l’accomplissement de la promesse de Dieu pour son peuple. Et si nous croyons que Dieu aime son peuple au point de lui donner son Esprit, au point de le renouveler dans son propre amour, si Dieu aime son peuple au point de vouloir être avec lui, son jugement ne peut pas être un jugement pour supprimer, mais un jugement pour plus de vie ! Mais pour cela il nous est nécessaire poser un geste concret de retour vers Dieu, de conversion. Recevoir le Seigneur c’est tout d’abord préparer son cœur. Laissez résonner en nous sa Parole pour qu’elle creuse une place dans laquelle Dieu pourra habiter. Et pour cela, les deux invitations que nous recevons aujourd’hui peuvent nous aider.

La première invitation est celle à la joie ! D’emblée, la première lecture nous dit : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! »  Ensuite, Paul nous exhorte « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur. » Nous sommes dans le 3ème dimanche de l’avent, le dimanche connu aussi comme le dimanche de la joie, ce n’est pas très difficile de comprendre le pourquoi. Mais la question que nous pouvons nous poser est justement celle-ci : de quelle joie s’agit-il ? Paul nous donne la réponse : il s’agit de la joie du Seigneur. Et le prophète Sophonie nous donnera la raison de cette joie : « le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. » C’est parce que le Seigneur nous a sauvé que nous pouvons être dans la joie.

Cette invitation est-elle, en revanche, une invitation à être toujours souriants ? Serait-ce cela être dans la joie ? Mais comment alors avoir un sourire lorsqu’on souffre ou lorsque nous voyons la souffrance de l’autre ? Sommes-nous là dans une invitation à une indifférence ? Bien sûr que non. Il ne s’agit pas d’une conquête. Rien ne sonne plus faux que les attitudes de ceux qui sont toujours joyeux par devoir. La joie c’est un fruit : elle vient toujours en surabondance chez ceux qui vivent dans la vérité et l’amour.[1] Paul nous invite donc à cette joie évangélique. Cette joie qui découle de la certitude de la présence de Dieu dans notre vie. Être dans la joie ce n’est pas être indifférent aux évènements difficiles de la vie. Bien au contraire, être dans la joie c’est entrer dans la dynamique de la vie en Dieu. Cette dynamique qui transforme et qui nous permet de devenir témoins. Et c’est cette joie évangélique (donc chaste) qui est le signe de l’épanouissement spirituel. Elle est signe de cette deuxième invitation : l’invitation à la conversion.

Jean-Baptiste appelle à la conversion et demande à ceux qui viennent vers lui de poser un geste concret en signe de cette conversion. Et nous avons pour 3 fois cette question : « que devons-nous faire ? » Et les réponses tournent autour du partage, de la bienveillance, de la justice et de la vérité. Qu’est-ce que se convertir ? Nous savons bien que cela veut dire changer de vie, changer notre regard, mais surtout, nous mettre sous le regard de Dieu. Ce qui n’est pas si évident que ça. « Et notre conversion se mesure à notre attitude envers notre prochain.[2] » Par une attitude de partage, de bienveillance, de justice et de vérité. Donc, cette joie du Seigneur qui nous est donnée, est donc un fruit de notre conversion. De notre retour sans cesse vers Dieu.

« Que devons-nous faire ? » Quelle conversion devons-nous vivre encore, personnellement, aujourd'hui ? Mais pas par simple devoir. Quelle conversion devons-nous vivre par amour ? Pour plus d’amour et de vie ? Cette conversion qui nous permet d’accueillir le Seigneur qui veut sans cesse nous donner sa Vie. Et le signe du don qu’il nous fait est cette joie qui peut remplir notre cœur. Cette joie qui est le fruit de la véritable rencontre avec Lui et qui nous fait entrer dans l’optimisme réaliste de l’Evangile, qui nous permet de voir le monde avec un regard d’Espérance. Car nous avons la certitude, malgré tout, que le Seigneur est là ! Qu’il est en nous, qu’il nous apporte le salut ! Et ainsi, nous pouvons répondre à l’invitation : « soyez toujours joyeux ! » « Pousse de cris de joie ! Eclate en ovations ! Réjouis-toi car le Seigneur ton Dieu est en toi. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. »

(Sophonie 3, 14-18a ; Ct. d’Isaïe 12… ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18)

 


[1]PETITCLERC, Jean-Marie. La pédagogie de dom Bosco en douze mots-clés. Salvator.

[2] THABUT, Marie-Noëlle. L’intelligence des Ecritures 5. Artège.

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