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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie pour la Solennité de la Toussaint |Année C |2019

Je voudrais méditer aujourd’hui, avec vous, sur cette deuxième béatitude : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » Quel était la dernière fois que vous avez pleuré ? Et quel était le motif ? Un deuil, une épreuve, parce que vous avez été touché par un évènement douloureux… ou peut-être, vous avez pleuré de joie. Jésus vient nous dire que pleurer n’est pas une marque de faiblesse, mais une marque d’humanité. De cette humanité qui se laisse toucher. Pleurer c’est le propre de l’être humain qui assume pleinement son humanité ! Et Jésus affirme qu’il est heureux, celui qui pleure, car il sera consolé.

Or, si Jésus a passé sa vie terrestre à guérir, à consoler, il est évident que le mot « heureux » ici n’est pas utilisé dans le sens de « c’est bien », « tu as de la chance » parce que tu pleures. Cette béatitude n’est pas une invitation à entrer dans une certaine résignation. Mais un appel à tenir bon ! Un encouragement à ne pas se laisser écraser par les soucis ou les épreuves. Un appel à entrer dans l’Espérance. Cette Espérance qui nous est rappelée par cette belle fête de la Toussaint. Car entrer dans l’Espérance c’est entrer dans le cœur même de notre foi qui nous indique que notre vraie patrie est le Ciel.

Les témoins qui nous ont précédés et dont nous faisons mémoire aujourd’hui, nous rappellent que la vie d’un chrétien doit se laisser traverser par l’humanité que nous partageons. Nous sommes chair de la même chair. Nous sommes singuliers, uniques, mais nous sommes en même temps, semblables. Et c’est parce que nous sommes semblables que nous pouvons nous laisser toucher par ce qui vit autrui. Cela nous aide à ne pas tomber dans le travers d’une certaine prise de recul qui nous empêcherai d’entrer dans la compassion. Car c’est cela qui nous guettent tous.

Un jour, dans une émission qui parlait des migrants qui traversent la méditerranée, j’ai entendu le témoignage d’une femme camerounaise qui avait été faite esclave sexuelle dans un autre pays et qui était obligée d’acheter sa liberté. Pendant plus d’un mois elle a été asservie par des hommes qui n’avaient plus un cœur qui se laissait toucher par l’humanité et la fragilité de leurs semblables. Cette femme avait des larmes aux yeux en racontant son histoire. Et à la fin, en arrivant au large de l’Italie, au moment de quitter le bateau qui l’avait récupérée dans la mer, la journaliste lui pose la question : « et maintenant, comment pensez-vous que ça va se passer ? » Et la femme, au regard serein, a répondu sans hésiter : « maintenant, avec la grâce de Dieu, tout ira bien ! » Et elle est partie, vers une nouvelle vie ! Non sans difficultés, nous le savons, mais dans l’Espérance. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue, cette femme, mais à ce moment-là, elle était l’illustration même de cette béatitude « heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » Elle était l’image même de cette Espérance qui peut nous animer et nous faire avancer, si notre cœur est attaché à celui de Dieu. Si notre regard est tourné vers le Christ.

Ainsi, par cette béatitude « heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés », le Seigneur vient nous redire « tiens bon ! Tiens le cap ! Pleure, tu as le droit. Mais ne désespère pas car une promesse repose sur toi : celle du Royaume de Dieu. » Et cette promesse repose sur chacun de nous. Nous marchons ensemble sur la route vers la sainteté! Marchons les yeux fixés en Jésus Christ. Et ayant, au fond de nos cœurs, cette certitude que, quoiqu'il nous arrive, avec la grâce de Dieu (c'est-à-dire, sa présence) tout ira bien!        

(Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a)

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