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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 16ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2020

La semaine dernière nous étions avec « le semeur qui est sorti pour semer. » Ce semeur qui avait cette attitude qui pourrait être considérée comme négligente, par l’auditoire de Jésus. Ici, l’accent n’est pas mis sur la semence, mais sur le terrain sur lequel la semence va tomber. Sur la qualité du terrain.

Aujourd’hui nous avons une suite de trois autres paraboles : celle du l’ivraie, celle de la graine de moutarde et la dernière, celle du levain dans la pâte. Toutes les paraboles de Jésus parlent du Royaume des cieux. Elles disent quelque chose du Royaume et de notre attitude vis-à-vis de cette bonne nouvelle. Et par Jésus Christ, le Royaume des cieux s’est, une fois pour toutes, approché de l’homme. Arrêtons-nous sur la première des trois paraboles d’aujourd’hui.

Il y a quelque chose de dramatique qui se passe dans cette histoire. Un homme a semé du bon grain dans son champ, il a accompli son travail avec soin. Et voilà que dans la nuit son ennemi vient pour y semer du mauvais grain, l’ivraie. Le drame, c’est que le maître de la moisson ne peut se rendre compte de la situation qu’une fois que les graines commencent à pousser. Ce qui peut être considéré comme trop tard. Et face à l’envie de son serviteur de s’en débarrasser au plus vite de ce qui pourra nuire à la bonne croissance du blé, le maitre de la moisson plaide pour l’attente, pour le discernement et pour le travail du temps.

Ce faisant, il permet à la nature de faire son travail jusqu’au bout. Tout en faisant confiance en ce qui a été semé. C’est justement cette confiance en la qualité de la semence que permet au maître de la moisson de prendre conscience du mal sans désespérer. Et le combattre avec audace et patience.

A travers cette parabole, Jésus met en garde les pharisiens, contre quelque chose qui nous guette aussi chacun de nous, ainsi que nos communautés, nos mouvements, nos associations… il nous met en garde contre la tentation de l’élitisme, qui se manifeste par cette fâcheuse habitude que nous pouvons avoir, de mesurer les autres, les choses et les évènements, en ayant notre propre nombril comme paramètre. C’est ainsi que nous pouvons arracher le blé alors que nous pensons arracher l’ivraie. Ou prendre l’ivraie pour du blé… L’attitude du maitre de la moisson est une attitude qui appelle au discernement. A la place du temps et de l’attente.

Dans notre histoire sainte à chacun, nous avons été confrontés, et parfois bien souvent, à ce paradoxe du bien et du mal. Du bon et du mauvais grain. Nous avons pu mettre, peut-être, le « bon » dans la case « mauvais » et le « mauvais » dans la case « bon ». Parce qu’en nous il y a à la fois le bon et le mauvais grain. Et quand Jésus oppose le bon et le mauvais grain nous sommes tous concernés. Comment alors ne pas se décourager ? Ne pas désespérer ? Jésus nous donne la clé avec les deux autres paraboles : la graine de moutarde et le levain dans la pâte. « Par-là, Jésus nous invite à la confiance, à la patience et à l’humilité : remarquez la fragilité des commencements, la petitesse de la graine ou du levain comparée à la taille du résultat. Patience : la moisson viendra. » Comme dans la première lecture, « si Dieu se montre si patient c’est peut-être parce qu’il ne faut perdre de bonnes gerbes en arrachant les mauvaises herbes. Mais c’est surtout parce qu’il ne désespère jamais de transformer l’ivraie de nos cœurs elle-même en bon grain ![1] » N’ayons donc pas peur de nous laisser transformer, bousculer et nous remettre en question par le Christ. Car, « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse. »

 

[1] L’intelligence des Ecritures 2. Année A. Dimanches du temps ordinaire. Marie-Noëlle THABUT. Artège.

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