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homélies et autres réflexions

LE BLOG DU PERE EMMANUEL

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques | Année A | 2023

« Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous, nous en sommes témoins… » celui qui dit cette parole forte devant toute une foule est le même que, quelques semaines auparavant, avait dit « non » trois fois lorsqu’on lui a reconnu comme disciple de Jésus. Qu’est-ce qui a changé ? Nous le savons bien : la résurrection.

 

Lors de la Passion de Jésus, tous les disciples étaient confrontés au drame de la mort, de l’injustice, de l’incohérence humaine. Et face au drame de la mort et de la souffrance, notre première réaction, naturelle, est justement la fuite. Fuir pour ne pas affronter une réalité qui nous fait du mal. Les chemins que nous traversons chacun est un chemin qui nous fait passer sans cesse des moments de ténèbres à des moments de lumière. C’est bien cela qui nous est donné de contempler avec les disciples d’Emmaus. Ces deux hommes qui faisaient route ensemble, peut être en souvenir de ce qui a été demandé par leur maitre qu’ils croyaient mort, lorsqu’il a envoyé ses disciples 2 par 2 en mission. Mais ici, ils n’étaient pas vraiment en mission. Le chemin qu’ils faisaient était peut-être l’image extérieure de ce chemin intérieur qu’ils traversaient : le deuil. Parce que à priori, toutes leurs attentes, tous leurs rêves s’étaient effondrés. Mais le Christ était là, et marchait avec eux.

 

Nous pourrions dire beaucoup de choses sur cet évangile, sur cette rencontre. Mais je voudrais m’arrêter avec vous sur cette demande des disciples : « reste avec nous… »

 

Après toute un temps de conversation, sans encore avoir reconnu que c’était Jésus et après celui-ci avoir fait semblant d’aller plus loin, les deux disciples lui ont demandé de rester. On saura à la fin du récit que leurs cœurs étaient tout brûlant lorsque Jésus leur parlait et expliquait les Ecritures. « Reste avec nous… » comme s’ils voulaient prolonger ce bon moment. Peut être que grâce à cet inconnu ils ont oublié, l’espace d’un instant, qu’ils souffraient de la perte d’un ami. L’invitation a eu un écho positif, il est resté.

 

Dans notre chemin de vie, nous pouvons, nous aussi, traverser ces moments de souffrances (mais aussi de joie) sans nous rendre compte que le Christ marche avec nous. Mais pour que sa présence se fasse, en quelque sorte, concrète, nous sommes nous aussi invités à lui dire : « reste avec nous », reste avec moi. Car même s’il nous aime, il ne veut pas s’imposer. Même s’il veut nous consoler, il ne veut pas s’imposer. Même s’il veut aussi nous parler… il ne veut pas s’imposer. Il nous appelle, il nous invite, il marche avec nous, mais il ne reste que si nous avons l’audace et le courage de lui demander « reste ». Nous pouvons traverser notre chemin comme bon nous semble, certes. Mais le passage de l’obscurité vers la Lumière n’est vrai que si nous demandons au Seigneur de rester avec nous. Lui, le ressuscité. Les deux disciples d’Emmaus sont partis dans les ténèbres de leur deuil et sont repartis (le soir…) dans la Lumière et la joie de la résurrection. Cette même résurrection qui a donné la force à Pierre de proclamer que le Christ est vivant. Cette même résurrection qui nous rassemble ici ; cette résurrection qui nous fait avancer sur notre chemin en cherchant toujours plus de vie ! « Reste avec nous, Seigneur » c’est la prière que nous pouvons adresser au Christ lorsque nous ne savons pas trop quoi faire ni où aller. Et lui, se fera toujours reconnaître à la fraction du pain, le pain rompu et le pain de sa Parole. Il se fera toujours reconnaître à travers la présence discrète d’une main tendue, d'une amitié vrai, d'une présence fraternelle. « Reste avec nous, Seigneur » pour qu’au milieu de nos nuits brille ta Lumière.

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