Homélie du 12ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2023

Si je devais résumer les lectures de ce dimanche en un mot, je prendrais le mot choisir. Car elles nous parlent bien de notre capacité à choisir qui engage notre liberté et notre volonté. Ici, bien sûr, il s’agit d’ordonner notre liberté et notre volonté vers le choix de Dieu. Choisir Dieu.

Et pourquoi choisir Dieu ? Parce qu’il pose sur chacun de nous un regard qui nous invite à la confiance. Il pose sur chacun de nous un regard aimant avec la certitude que nous avons du prix, de l’importance et peut importe quelles sont nos blessures, nos traumatismes, nos peurs et nos angoisses, lorsque nous avons l’audace de choisir Dieu, il nous regarde comme s’il nous regardait pour la première fois. Je sais que nous portons en nous notre histoire parsemée par des moments de légèreté et de difficultés, de certitudes et de doutes, de courage et de peur… mais chaque histoire est un lieu où Dieu se révèle et veut se faire présent. Chaque vie est un lieu où Dieu veut montrer son amour et nous prouver que nous comptons bien plus qu’une multitude de moineaux. Et en prenant l’image des cheveux qui sont comptés, Jésus ne veut pas nous signaler que Dieu est un bon mathématicien, mais qu’il prend soin de chacun de nous, qu’il veut prendre soin de chacun. Mais pour que nous soyons capables de voir, de témoigner et de vivre de cet amour, nous sommes appelés à le choisir. Le choisir comme une personne essentielle dans notre vie. Le choisir comme un compagnon de route. Et ne pas tomber dans le piège de faire de sa présence à Lui une espèce de surveillant comme si nous étions dans une cour de collège. 

Dans l’évangile Jésus nous met en garde contre celui qui peut faire périr le corps et l’âme, il y accomplit sa mission ; le danger c’est que certains peuvent s’arrêter à ce passage et par peur justement, entrer dans une démarche légaliste de la foi et de la religion, où chaque situation devient un problème, où l’on ne compte pas les cheveux, mais on les coupe en quatre ; par peur d’une sanction, certains peuvent entrer dans l’obsession de la recherche du péché en tout et partout et la vie devient alors une guerre contre soi et contre autrui. Et comment ne pas tomber là-dedans sans tomber dans un relativisme ? En acceptant cette invitation de Jésus « soyez donc sans crainte »… en affirmant que chacun de nous vaut bien plus qu’une multitude de moineaux, Jésus remet les choses à leurs places. Nous ne sommes pas là pour être de chasseurs de péchés, mais nous sommes là pour être des porteurs de vie ! Et la perspective est alors inversée ! Lorsque la vie est au cœur de nos actions, même les plus petites, lorsque nous choisissons le Christ comme il nous a choisi, nous allons parfois traverser des moments de difficultés, doutes, épreuves, comme le prophète, mais nous savons que le Seigneur de la Vie est avec nous ! Et que sa grâce, c’est-à-dire, sa force, habite en nous !

Nous pouvons alors entrainer notre liberté et notre volonté à choisir le Seigneur non par peur ni par dépits, mais parce que nous choisissons la vie et nous consentons à ce qu’elle nous propose, avec et dans la confiance ! Le Seigneur, par cette image, nous invite à élargir notre regard, « à prendre de la hauteur, à lever le nez au-dessus de nos problèmes » et à contempler une réalité déjà sauvée parce que le Seigneur de la Vie est avec nous ! Et nous sommes aussi invités à quitter nos peurs, notre foi parfois beaucoup trop raisonnée et à entrer dans une confiance d’enfant qui ne craint pas le danger car il sait que quelqu’un qui l’aime est à ses côtes. Regardons à l’intérieur de nous-mêmes et choisissons le Christ qui est là ! Et lorsque le poids de la vie nous fait tanguer, regardons le ciel et ses oiseaux ! Ils sont beaux ! Mais nous valons beaucoup plus qu’eux car c’est pour nous que Dieu est venu nous visiter ! Pour chacun de nous !