Homélie du 22ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2023

( messe avec le rite d'entrée en Eglise d’Etania)

Nous retrouvons ici notre bon et vieux Pierre qu’en voulant bien faire, est à côté de la plaque. Mais sa réaction ce n’est pas si étrange que cela. Si quelqu’un que nous aimons nous dit que pour accomplir sa mission il doit souffrir, nous réagirions certainement de la même manière. Nous voulons défendre ce que nous aimons. Nous voulons qu’ils ne souffrent pas. Mais ici, dans l’évangile, Jésus révèle aux disciples le cœur même de ce qu’il va vivre pour nous donner la vie. Et passer par la passion n’est pas un chemin annexe. Non qu’il faille absolument souffrir pour plaire à Dieu, mais la souffrance est inévitable dans notre vie, et ici, Jésus est en train de nous révéler qu’il va jusque là pour nous montrer qu’il nous aime ! Et qu’il n’y a rien de notre réalité que notre Dieu ne connaît pas !

La réaction de Pierre peut aussi nous révéler ce trait que nous pouvons avoir tous, de l’excès de zèle ! Et cela peut nous mener à vouloir faire à la place des autres ou montrer à l’autre ce qu’il DOIT faire, dans une démarche psychorigide ou moraliste. En oubliant que parfois l’autre a besoin de vivre l’expérience pour apprendre à grandir. Et c’est bien cela que Jésus montre à ses disciples. Ils ont besoin de vivre l’expérience de la vulnérabilité, du manque, pour apprendre à devenir disciple : « si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… » et nous entrons dans la logique de l’Evangile où perdre c’est gagner ! C’est-à-dire, où donner de soi-même devient alors l’acte le plus noble. Mais pas donner de soi-même simplement pour donner, donner de soi avec le Christ. Permettre à Jésus de donner le sens profond de notre existence. Ce sens où même lorsque nous traversons notre passion, notre souffrance, nous avons la certitude que la vie se manifestera.

Aujourd’hui, en célébrant l’entrée en Eglise d’Etania, ses textes nous rappellent l’effet même que le baptême a sur chacun de nous. Suivre le Christ, se laisser séduire par son amour, devenir une offrande vivante, capable de plaire à Dieu. Et nous savons bien que ce qui plait à Dieu c’est la capacité que nous avons de mettre en œuvre les œuvres de l’amour. Nous accueillons un nouveau membre dans notre famille paroissiale. Nous nous sommes engagés à l’aider à avancer sur son chemin de foi ! Et nous savons que ce chemin est parsemé par des morts et des résurrections. Et chacun de nous est invité à prendre sa croix, à vivre le don de soi et à suivre le Christ. Mais cela peut rester que des bonnes et belles paroles si ce n’est pas incarné dans notre quotidien, par l’amour fraternel que nous sommes invités à vivre. Et c’est bien là où perdre signifie gagner car ce n’est que par l’amour que nous avons et vivons entre nous qu’on nous reconnaître comme les disciples du Christ. Que ce que nous vivons ce matin renouvelle notre propre vie de baptisé. Que nous puissions, nous aussi, redire notre « oui » au Seigneur et nous attacher à Lui.