Homélie pour la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sant du Christ | 2024

|Ex 24, 3-8 ; Ps 115 ; He 9, 11-15 ; séquence ; Mc 14, 12-16.22-26|

Après le Temps Pascal nous avons un condensé de fêtes importantes. Nous avons, d’abord, célébré l’Ascension du Seigneur. Quarante jours après sa résurrection le Christ retourne vers le Père, toute en laissant la promesse à ses disciples qu’ils ne seraient jamais seuls. En effet, quelques jours plus tard, nous avons célébré le don de l’Esprit Saint. Le paraclet, l’avocat. Le consolateur. Ensuite, nous avons célébré la solennité du mystère de sainte Trinité. Et aujourd’hui la liturgie fait un zoom sur un mystère central de notre foi : la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie. Où nous sommes invités encore une fois à entrer dans le cœur de la Nouvelle Alliance. Dans le cœur du don de Dieu pour chacun de nous.

Dans la première lecture nous sommes interpelés par la narration de comment l’Alliance entre Dieu et son peuple a été concrétisée. Après avoir reçu les paroles de Dieu lui-même et toutes ses « ordonnances », le peuple met en place le rituel demandé par Moïse et choisit, ensemble, de suivre toutes les recommandations du Seigneur. Une Alliance dont un seul a entendu les paroles et le peuple entier a fait confiance. La deuxième lecture et l’évangile nous posent devant la nouveauté de la Nouvelle Alliance. Par le Christ, Dieu vient jusqu’à nous et se donne entièrement. Ce n’est plus l’homme qui offre le sacrifice. C’est Dieu lui-même qui s’offre à l’homme.

Le Saint Sacrement, l’Eucharistie, bien plus qu’une simple dévotion, elle est cette présence du Ressuscité qui marche avec son peuple. L’Eucharistie est le signe de cet amour, l’amour le plus grand, que le Christ nous a laissé. L’infiniment grand devient infiniment petit. Le Tout Puissant devient le « tout fragile ».

Que venons-nous chercher alors lorsque nous venons à l’Eucharistie ? Dans le plus intime de nous-mêmes, c’est quoi, pour nous, l’Eucharistie ? Depuis quelques temps il s’est creusé parmi les catholiques le débat douloureux du permis/interdit. Pour certains, le peuple de Dieu est partagé entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas communier sacramentellement. Alors que le Christ se donne, sans compter. Oui, il y a bien des règles, un cadre posé. Oui, comme tout cadre, ce n’est pas toujours évident. Mais réduire la force de la communion à un permis/interdit, c’est réduire la puissance du ressuscité. Par le sacrement de l’Eucharistie, le Christ ressuscité est parmi nous ! Que nous le recevions ou non entre nos mains, la force de sa vie vient dans notre cœur. Et de la même manière que notre foi est interpellée pour croire qu’un morceau de pain et un peu de vin deviennent le corps et le sang du Christ, cette même foi est interpellée à ne pas sous-estimer le fait de pouvoir être devant ce mystère, en contemplation,  devant le Saint Sacrement. Car notre amour est limité ! Très limité ! Mais celui du Christ est infini et inventif ! Et il trouve toujours une manière de se donner. Mais c’est à nous de le croire !

L’Eucharistie, le saint sacrement du corps et du sang du Christ, est pour chacun de nous, un lieu de réconfort, où nous puisons la force dont nous avons besoin pour avancer, ensemble. Unis dans le même corps et par le même Corps. Recevoir le Christ dans l’Eucharistie, contempler et adorer sa présence au Saint Sacrement, ne fait pas de nous de surhommes, mais fait de nous de disciples qui sont là pour marcher ensemble. Pour soutenir les uns les autres et pour devenir, véritablement, le corps du Christ.