Homélie pour la solennité de la Toussaint | Année B | 2024

Célébrer la fête de Tous les Saints c’est célébrer la victoire de la Vie. C’est célébrer la liberté orientée vers le bien, vers l’amour, le don de soi ! Cette célébration est une forte invitation à contempler ce que Dieu opère dans la vie de chacun de ceux qui décident de lui donner leur vie.

En relisant toutes ses lectures, j’ai essayé de trouver quelque chose qui les relient, un point commun entre elles. Et je me suis laissé surprendre par un verbe qui revient souvent : voir. Jean a vu « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer » ; et il nous invite à voir « quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. » ; et « voyant les foules, Jésus gravit la montagne. » On pourrait dire que cela n’a pas vraiment une grande importance, et c’est peut-être vrai. Mais j’ai été saisi parce que célébrer la Toussaint c’est se laisser interpeler sur notre capacité à voir avec les yeux de la foi.

Dans notre vie quotidienne il nous est facile de voir ce qui ne va pas. Ce qui ne sort pas comme nous l’avions prévu. Nous voyons facilement les défauts des autres, ses fragilités. Nous voyons ce qui nous agace et ce qui nous embête. Mais si nous prenons un peu de la hauteur, Dieu, est-ce que nous le voyons dans notre quotidien ? Ou plutôt, l’action de Dieu, est-ce que nous sommes capables de la voir ?

Nous savons bien que vivre en chrétiens n’est pas une chose facile. Choisir le bien, choisir cette amour qui aime jusqu’au bout est exigeant. Et cette foule immense qui nous précède, intercède pour nous pour que nous puissions arpenter ce chemin de la sainteté. Et pour suivre ce chemin nous devons être capables de voir, à la fois l’œuvre de Dieu en nous et dans le monde, mais aussi, voir le monde avec ce regard de Dieu. C’est-à-dire, avec ce regard qui nous fait avoir l’attitude à laquelle Jésus nous invite dans les Béatitudes.

Au cœur même de ce beau passage il y a le cœur de notre vie de chrétiens : être en relation profonde avec le Christ et les uns avec les autres. Aucune sainteté n’a de sens si elle n’est pas tournée vers les autres, c’est-à-dire, aucune sainteté n’a de sens si elle n’est pas vécue au cœur d’une relation, à la fois avec Jésus et avec nos frères et sœurs. Lorsque Jésus « voyant ls foules » s’est mis à enseigner, il ne leur donnait pas seulement une belle perspective de vie, il leur donnait le sens même de ce qui fait la vie. Chaque béatitude est une porte ouverte pour nous laisser entrer dans cette maison qu’est la nôtre : le cœur de Dieu. Et comme toute bonne et belle maison, pour qu’elle soit accueillante, il faut qu’il y ait de la vie !

Cette vie à laquelle nous sommes invités est cette vie donnée par le Christ. Et ce n’est qu’en regardant l’autre, en le voyant tel qu’il est, en nous voyant tel que nous sommes, que nous pouvons alors vivre la miséricorde, la compassion, la douceur… et réaliser que sans le Christ dans notre vie, nous ne pouvons rien faire. Grâce à lui, nous faisons partie d’une seule et même famille, enfants du même Père. Frères et sœurs, célébrer la Toussaint c’est célébrer le fait que nous ne sommes jamais seuls et que notre vie est importante et a du sens puisque Jésus nous voit tel que nous sommes et nous invite à le suivre, à faire partie de cette foule immense.