Homélies et autres réflexions
6 Août 2017
Nous voilà dans cette belle fête de la Transfiguration du Seigneur. En lisant ce passage chez Matthieu nous pouvons rester assez sceptiques, nous dire que c’est encore une histoire racontée pour rassurer les disciples ou que sais-je.
C’est vrai que le récit est assez extraordinaire. Jésus choisit 3 de ses disciples (Pierre, Jacques et Jean), part avec eux à l’écart, sur une montagne et là, il se transfigure ! Non seulement il se « montre autrement » mais les disciples y voient encore Elie et Moïse et entendent une voix qui leur dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en qui je trouve ma joie. Ecoutez-le ! » Ce qu’il faut observer tout d’abord ici c’est justement ce que veut dire le terme « transfiguration », en effet, ceci est un changement d'une figure, d'une forme, d'un aspect en un autre. Nous pouvons bien trouver cet épisode de la vie du Christ assez extraordinaire, parce que ça l’est, mais au même temps, nous pouvons aussi le trouver « normal », parce que ça l’est aussi. Vivre des moments de transfiguration fait partie de notre vie. Oui ! « Se transfigurer » c’est montrer à l’autre qui sommes nous en réalité, c’est montrer à l’autre notre « vrai visage », c’est l’expérience de la rencontre avec ce que l’autre a de plus intime, de vrai et de beau ! C’est bien ce que nous disons en français : être rayonnant ! Et par quoi nous le voyons ? Par le visage ! Oui, le visage qui est le révélateur le plus immédiat de qui nous sommes, de ce que nous ressentons. Par le visage nous exprimons ce qui habite notre cœur, par lui, nous manifestons qui nous sommes. Et c’est bien cela que Jésus a voulu montrer à ses disciples. Autrement dit, il a voulu leur montrer toute sa personne, Jésus en sa totalité : véritable homme et véritable Dieu.
Et lorsque l’autre se manifeste tel qu’il est, lorsque l’autre est en vérité avec nous, nous avons envie de rester, de demeurer. Comme Pierre avait envie de rester sur la montagne : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici… si tu veux, je vais dresser ici trois tentes… » Mais là, il s’agissait surtout d’un moment pour rendre plus forte la foi des disciples. Pour qu’ils sachent que tout ce qui a été dit dans la Loi et par les Prophètes était vrai, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en qui je trouve ma joie… » Et pour recevoir un commandement : « …Ecoutez-le ! »
Et il fallait descendre de la montagne ! Revenir dans le « monde réel » pour devenir, à leur tour, avec les limites qu’ils pouvaient avoir, devenir des visages transfigurés, transformés, changés par la manifestation de Dieu dans leur vie ! Une manifestation de Dieu qui est concrète, réaliste, « transfigurante » ! Une manifestation de Dieu qui nous ouvre les portes de l’Espérance car les disciples ne devaient rien dire avant que le Christ soit ressuscité d’entre les morts, la manifestation par excellence de la puissance et de l’amour de Dieu !
Et pourquoi seulement les 3 et pas tous ? Parmi quelques raisons, j’en retiens une : Parce qu’il suffit qu’un seul puisse être capable de croire véritablement, il suffit qu’un seul puisse être témoin de cette Espérance pour que d’autres soient touchés. Chacun de nous, nous faisons cette expérience avec le Seigneur. Certains, de manière plus « extraordinaire », d’autres, de manière plus « simples » mais que ça soit l’un ou l’autre, nous sommes tous invités à rendre cette expérience concrète, réel et réaliste ! Nous sommes, chacun de nous, invités à se laisser transfigurer par l’amour de Dieu. Nous sommes chacun appelés à se laisser toucher par le Christ qui nous dit : « relevez-vous et soyez sans crainte. »
Daniel 7, 9-10.13-14 ; Psaume 96 ; 2Pierre 1, 16-19 ; Matthieu 17, 1-9