Homélies et autres réflexions
26 Novembre 2017
Nous célébrons aujourd’hui le Christ roi de l’univers ! Quelle est sa royauté ? Il s’agit d’un roi berger, comme nous venons d’entendre dans les lectures ! Un roi qui prend soin, un roi qui conduit, un roi qui sert, un roi qui aime et qui aime jusqu’à en donner sa vie ! Le prophète Ezéquiel nous affirme que Dieu ira lui-même à la recherche de ses brebis : « j’irai les délivrer de tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d’obscurité. » Nous pouvons parfois être un peu perdus, blessés, faibles… mais c’est justement en ces moments où le Christ peut devenir le Roi de notre vie, car s’il est le Roi de l’Univers il doit commencer par exercer sa royauté dans notre propre vie !
Lorsque nous pensons à un roi, en tout cas, quand nous sommes petits, nous le voyons comme quelqu’un qui peut tout faire ! Qui est capable de tout et qui a un droit de « vie ou de mort » sur chaque personne de son Royaume ! Présenter le Christ comme Roi c’est nous rappeler qu’il est celui qui est capable d’étancher la soif d’amour qui nous habite ! C’est un roi qui nous connait mieux que nous-mêmes ! C’est un roi qui ne désire que ses « sujets » puissent avoir la vie et la vie éternelle ! Cette vie éternelle dont on parle si peu est pourtant dans le centre de notre foi. Cette vie éternelle est cette espérance vers laquelle nous devons nous tourner pour vivre notre chemin ici-bas. Cette vie éternelle est la promesse de vie que Dieu nous fait et la fécondité de nos actes d’amour comme réponse à l’amour du Christ!
Et cet amour que le Christ a pour nous, s’il y a réciprocité de notre part, est un amour qui nous engage à aimer à notre tour !
La réponse que nous donnons à l’amour du Christ nous engage à prendre soin les uns des autres car l’amour doit s’incarner, devenir concret ! Par notre baptême nous sommes appelés à devenir des témoins de cet amour infini que le Christ a pour chacun de nous ! Ce Christ, ce roi, qui se cache dans le petit, le pauvre, le malade, l’assoiffé, l’étranger !
Nous sommes tous un peu comme ceux qui sont décrits par le Christ dans l’évangile d’aujourd’hui ! Ce qui est le plus important ici c’est de reconnaitre d’abord en nous ce qui a besoin d’être grandi, enrichi, guéri, désaltéré, accueilli ! Une fois que nous reconnaissons tout ça chez nous, là nous pourrons aller vers les autres, autrement, nous pouvons faire de l’évangile une simple charte d’une association caritative et, encore pire, nous risquons de nous présenter comme « les sauveur » alors que le sauveur c’est le Christ !
En méditant sur cet évangile nous pouvons être confrontés à l’affirmation suivante: mais ce n’est pas possible, le Christ ne juge personne ! Et pour autant, cet évangile parle bien de jugement. Or, juger c’est remettre les choses à leurs places. Et si nous regardons bien, celui qui opère le jugement ici ce n’est pas vraiment le Christ, mais ce sont ceux qui n’ont pas été capables de se mettre au service. Autrement dit, par leur attitude ils se sont « auto-jugés ». En soi ils n’ont rien fait de mal mais le problème c’est le même que celui du 3ème ouvrier de la parabole des talents : ils n’ont rien fait du tout ! Et le roi ne fait que « confirmer » le fait qu’ils n’ont rien fait du tout ! Dans l’évangile de Jean nous lisons « car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17) Et effectivement Jésus ne juge personne mais parfois il y a des personnes qui ne veulent pas être sauvés !
Ayons cette confiance, cette certitude que le Seigneur veut nous sauver et pas nous condamner, mais pour cela il a besoin de nous! Et « au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour », comme dit saint Jean de la Croix, c’est-à-dire, sur l’amour vrai, concret, qui passe par les actes, cet amour que nous avons pu donner et recevoir ! Car aimer véritablement nous responsabilise ! Nous engage vis-à-vis de Dieu, de nous-même et des autres !
La seule chose que le Christ nous demande c’est de ne pas le quitter, de ne pas nous débarrasser de lui, mais de lui donner une place, une vraie place dans notre vie ! La place du roi, ce roi qui est capable de nous donner sa propre vie ! Ce roi qui est capable de creuser la terre jusqu’àprès sa mort pour couvrir nos corps d’or et de lumière, pour nous faire participer de sa résurrection, ce roi qui est capable de nous faire un royaume où l’amour sera Roi, où l’amour sera loi et nos âmes, ce lieu privilégié de la rencontre avec lui, seront reines ! Vous avez peut entendu que je viens de prendre des paroles de la chanson « ne me quitte pas. » Ca peut vous sembler bizarre, mais d’une manière poétique l’auteur, sans le savoir, a réussi à exprimer l’amour du Christ pour chacun de nous ! Cet amour qui est capable de se faire petit, pauvre, malade, étranger… pour que nous puissions l’aimer ! Et en l’aimant, être aimé ! Et nous aimer, véritablement les uns les autres ! Ne quittons pas l’amour du Christ ! Faisons mémoire de tout ce qu’il nous a offert cette année, et de tout ce que nous lui avons offert ! Peut-être qu’aujourd’hui c’est le Christ qui nous dit : « ne me quittes pas ! » Laissons-nous être des brebis qui ont besoin de leur berger ! Et si nous arrivons à la conclusion que peut être nous avons oublié et quitté la route de son amour, soyons sûrs, il ne désire qu’une seule chose : que nous revenions vers lui pour qu’il soit le roi de notre vie ! Et son désir est tel qu’il vient lui-même nous chercher !
(Ez. 34, 11-17 ; Ps. 22 ; ICor. 15, 20-28 ; Mt. 25, 31-46)