Homélies et autres réflexions
19 Novembre 2017
« Avoir du talent » et « faire fructifier ses talents » ce sont des expressions qui viennent de cette parabole. Le mot grec correspondant est «τάλαντον» (talanton) qui a donné le mot talent, en français. Dans la parabole que nous venons d’entendre, 1 talent correspondait a plus de quinze ans de salaire d’un ouvrier. Et voilà que cet homme qui part en voyage confie ses biens à ses ouvriers. 5 à l’un, 2 à un autre et 1 au dernier. On pourrait bien se demander pourquoi il n’a pas essayé de partager de manière égale pour les 3. La réponse est donnée par la parabole elle-même : il donne à chacun selon ses capacités. Ca laisse entendre aussi que le maître connait bien ses ouvriers. Et nous connaissons la suite de l’histoire : deux des ouvriers feront fructifier leur talent, et le dernier le cachera.
Les deux qui font « fructifier » agissent, non comme « ouvriers », mais ils font leurs les biens du maître. En d’autres termes, ils vont oser prendre un risque : essayer de gagner davantage. Le troisième serviteur jouera la carte de la « prudence » par peur du maître qui, selon lui, est un homme exigent.
Le comportement des deux premiers est marqué par la confiance, celui du troisième, par la peur qui le paralyse. Et nous voilà au cœur de la tempête ! Le fait de cacher son talent ne permet pas à l’ouvrier d’agir. On peut faire l’éloge de sa prudence, mais ce qui l’anime, ici, ce n’est pas le « bon sentiment » mais la crainte, la peur de se faire « punir » par son maître dans le cas où il perde son seul talent. En soi, il n’a rien fait de mal, cet ouvrier, mais le souci c’est qu’il n’a rien fait du tout !
Et quel est le lien alors entre cette parabole et le Royaume des cieux, puisque Jésus les compare? Est-ce une affaire d’argent ? Non, pas du tout ! Le Seigneur nous invite à nous sentir partie intégrante de son projet, il nous invite à tendre l’oreille pour entendre qu’il nous fait confiance ! Et qui nous sommes appelés à entrer dans « sa joie » ! Il ne sous demande pas d’aller au-delà de nos capacités mais d’aller au bout de celles-ci. Il nous demande d’être fidèles et lorsqu’il dit « tu as été fidèle en peu de choses » il n’est pas en train de minimiser la fidélité de ses serviteurs mais il met en contraste avec la grande récompense que cette fidélité apporte : entrer dans la joie du Seigneur !
Faire fructifier ses talents c’est œuvrer pour une société plus juste, pour une vie plus digne… faire fructifier ses talents c’est permettre à Dieu d’entrer dans les méandres de la vie par des actions et des gestes qui révèlent la grandeur du cœur humain, puisqu’il est à l’image et à la ressemblance de Dieu. Faire fructifier ses talents c’est se découvrir capables de se donner puisque nous sommes un être de don ! Faire fructifier ses talents c’est assumer la vocation exigeante d’accueillir et faire grandir le Royaume des Cieux qui est déjà là !
Aujourd’hui c’est la journée mondiale des pauvres, [c’est bien pour cela que la quête qui sera faite tout à l’heure sera pour le Secours Catholique], ses pauvres qui souvent sont mis à l’écart, souvent font l’objet de notre indifférence mais bien souvent ce sont eux qui nous ramènent à l’essentiel. Bien souvent ce sont eux qui nous apprennent que le plus dur c’est d’être justement fidèle en peu de choses car la fidélité suppose la confiance et la confiance suppose l’abandon.
(Pr 31, 10-13 ;19-20.30-31 ; Ps 127 ; 1Th 5, 1-6 ; Mt 25, 14-30)