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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie du 23ème dimanche du Temps Ordinaire│Année B│2018

Que demande cet homme sourd à Jésus ? Rien. Il ne demande absolument rien ! Ce sont « des gens », nous dit l’évangile, qui « amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. » Peut être que, secrètement, cet homme avait envie de rencontrer Jésus, mais toujours est-il qu’ici, il se laisse faire. Si des gens amènent cet homme vers Jésus, c’est parce que ses personnes là savaient ce que Jésus pourrait faire, ils avaient foi en lui. Et effectivement, c’est ça qui va se passer. Mais pas comme les gens ont demandé. Jésus ne pose pas la main sur cet homme, il va, d’abord, s’éloigner de la foule et procéder à une espèce de rituel : mettre les doigts dans ses oreilles, avec sa salive, toucher sa langue et, les yeux levés au ciel, dire « Effata », c’est-à-dire, ouvre-toi. Et l’homme sera guéri.

Au point de départ c’est la foi de la foule qui a permis à cet homme de rencontrer Jésus et ils ne demandaient, explicitement, rien de spécial. Seulement que Jésus pose la main sur lui. Mais ils ont été l’instrument, le canal, le moyen pour que la rencontre puisse avoir lieu.

Ensuite, en se mettant à l’écart, Jésus a fait en sorte que cette rencontre aille plus loin. Elle devient plus personnelle. Silencieuse, mais personnelle. La foi qui était, au point de départ, plus communautaire, devient plus personnelle. Mais l’une se nourri de l’autre. Nous voyons beaucoup de gestes mais une seule parole « Effata ». Dieu crée par la Parole, et c’est par la Parole que Jésus, le Verbe, redonne la parole à cet homme. Il n’a pas entendu ce qui a dit Jésus, mais il a été témoin. Et c’est alors par la parole que l’homme guéri va témoigner de cette rencontre. Cette rencontre a transformé la vie de cet homme, cette rencontre qui a été provoqué par la foule, par un tiers. Et lorsque nous sommes transformés de l’intérieur par le Seigneur, nous ne pouvons pas ne pas témoigner. Et le témoignage passe par chaque partie de notre être. Par notre manière de regarder l’autre, de l’accueillir, de recevoir l’autre et se recevoir de lui. Comment nous nous accueillons les uns et les autres ? Témoignons-nous que le Christ nous a transformés ou restons-nous sur les jugements hâtifs que nous pouvons créer ? Comment Jésus a-t-il ouvert notre cœur, renouvelé notre regard ? Comment je me laisse transformer par la communauté qui exprime ensemble sa foi ? Et comment, telle cette foule de l’évangile, portons-nous, dans notre prière commune et nos gestes, tous ceux qui ont besoin, qui sont dans l’épreuve ? Ceux qui ont besoin que le Christ vienne les rejoindre ?

S’il n’y avait pas eu ces gens, j’oserai même dire, s’il n’y avait pas eu ses croyants, peut être que cet homme n’aurait jamais pu s’approcher du Christ. Nous, nous sommes là, rassemblés, autour et avec le Christ, cela nous donne aussi cette possibilité et cette responsabilité de lui amener ceux qui nous portons dans nos cœurs. Nous portons au Christ, d’autres personnes qui ne sont pas là, pour les lui offrir et lui demander : pose ta main sur elles ! Restant dans la confiance et dans l’exigence de la foi, car le Seigneur nous comble au-delà de nos attentes.

Laissons-nous grandir par cette foi communautaire qui fortifie notre foi personnelle. Et que nous soyons, des signes de la présence agissante de Dieu, capables de demander les uns pour les autres : Jésus, pose ta main sur lui/elle.

(Is 35, 4-7a ; Ps 145 ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37)

 

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