25 Décembre 2019
Noel incarne l’image même de la paix et de la tranquillité. Mais ce soir je voudrais vous parler plutôt de révolution et d’intranquillité !
Savez-vous ce que nous venons d’entendre, dans l’Evangile ? Le récit de la naissance de Jésus, vous me dirait. Et moi je vous le dis que nous venons d’entendre le récit d’une révolution ! La révolution de Dieu. Et je dirais même que c’est une « révolution religieuse qui ne laissera personne tranquille après elle. » [1] Que ça soit les savants, les simples, les croyants, les athées, vous, moi ! Chacun, d’une manière ou d’une autre, comme dans toutes les révolutions, est atteint par cette révolution de Dieu dans l’histoire.
Mais ce qu’il y a de nouveau et d’inouïe dans cette révolution-là, c’est que le bruit causé n’est pas celui des armes, ni celui d’une manifestation nombreuse. Le bruit de cette révolution est celui de la naissance d’un enfant, qui rompt le silence dans la nuit. Concrètement, nous sommes face à une mère qui ne sait pas ce qui se passera dans sa vie, à un père, adoptif, qui risque de se faire moquer par les siens, car son honneur est, apparemment, bafoué. Et face à un enfant… dont on a entendu pleins de promesse mais qui est né pauvre parmi les pauvres, posé dans une mangeoire, entouré d’animaux. Fragile. Alors que tout semblait se passer selon les prophéties et l’attente du peuple, voilà que Dieu se manifeste dans la nuit, dans l’insécurité et dans les marges de la société. La révolution de Dieu est le début de l’intranquillité de la foi !
Et cette révolution de Dieu nous a amené tous ici, ce soir. D’horizons, origines, cultures, classe sociales différentes. Nous sommes tous ici pour entourer à nouveau cet enfant. Car, « oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné. »
Mais je voudrais que nous quittions un peu le lieu de cette révolution, la crèche, et que nous nous arrêtions sur la figure des bergers. Au moment où il se passait la révolution qui a changé l’histoire de l’humanité, « dans la même région, il avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. » Ils ne se rendaient compte de rien. Ils vivaient leurs vies. Avec la dureté que cela peut avoir de garder des troupeaux dans la nuit. Et dans les risques qu’ils prenaient dans la nuit, une bonne nouvelle est venue. Dans le silence de leur nuit, le ciel a fait irruption. Et leur a annoncé que le sauveur qu’ils attendaient, venait de naître ! Révolution dans leur vie ! On sait qu’ils sont allés à Bethlehem pour voir l’enfant. Mais on ne sait pas ce qu’ils ont fait avec leurs troupeaux. Ils sont entrés, eux aussi, dans cette intranquillité de la foi ! Cette capacité de faire un pas en avant, sans savoir où le pied se posera. Mais en allant dans la confiance. L’image des bergers peut être, pour nous, l’image de nos vies. Nous avons des choses à faire, des tâches à remplir. Nous menons nos vies, tranquilles pour certains, agitées, pour d’autres. Et là, dans le cœur de notre vie, dans le noyau de notre existence, le ciel peut faire irruption et nous révéler que notre sauveur est là, présent ! Dieu se manifeste dans le cœur de notre vie quotidienne, voilà ce qui nous révèle ces bergers de l’évangile. Mais à quoi bon ? Pouvons-nous nous demander parfois. Si Dieu est là, pourquoi je ne suis pas « tranquille », justement ? Pourquoi je traverse des épreuves, parfois tellement dures que je pense ne pas en avoir la force de tenir ? Revenons à la crèche, au lieu de la révolution. Regardons cet enfant. Il est né sur la paille, Dieu est venu dans le monde et s’est montré dépendant, fragile et pauvre !
Il a pris le risque de ne pas être accepté, aimé ou accueilli. Et au cœur même de notre vie, là, aujourd’hui, il nous rappelle que marcher avec Lui c’est prendre le risque de l’intranquillité dû à une révolution ! La révolution de l’amour, de la Vie ! La révolution d’un Dieu qui vient jusqu’à nous ! Qui a pris ce risque pour se montrer proche, accessible et vulnérable. Ce Dieu qui se donne sur la Croix, comme le geste suprême de l’amour : celui de donner sa vie. Ce Dieu qui se fait présent réellement dans un bout de pain pour se faire nourriture: l’Eucharistie. Ce Dieu qui vient rompre le silence de nos nuits pour nous permettre de continuer notre lutte, notre marche, nos combats ! Ce Dieu qui nous révèle que la plus grande force de l’homme, est justement sa capacité à être vulnérable, de se faire proche et accessible. Car en tout cela nous nous montrons capables d’aimer et d’être aimés ! En tout cela, nous nous montrons porteurs d’une « bienheureuse Espérance ». Héritiers de la révolution de l’amour en Dieu et par Dieu.
L’intranquillité de la nuit de Noël, l’intranquillité de la foi, l’intranquillité d’un Dieu qui attend, nous permet d’entrer dans l’intranquillité du monde et ses défis avec confiance et un courage renouvelé ! Et être porteurs de cette révolution d’un amour vrai, qui se manifeste par la présence d’un enfant ! D’un amour sauveur, qui nous permet de tendre la main aux autres. D’un amour juste, qui nous entraîne dans la vérité du partage, du pardon et du don de soi ! Je vous souhaite de vivre une belle, grandiose et féconde révolution! La révolution de la crèche! Bon Noël à tous!
(Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14)