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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie pour le 2ème dimanche du Carême|Année A|2020

Dans ce long pèlerinage du carême, après avoir accompagné Jésus au désert la semaine dernière, aujourd’hui c’est lui qui nous invite à aller sur la montagne. Pour y voir la manifestation de sa divinité, tout en accueillant profondément son humanité. Sa divinité qui se manifeste par la transfiguration, Jésus qui devient lumineux, et son humanité, qui se manifeste par le toucher discret et tendre qu’il fait aux disciples pour les rassurer et leur dire qu’il est là, présent !

Cet épisode éclaire et donne sens à tout ce que nous avons entendu dans les lectures. Dès l’appel d’Abraham jusqu’à la demande du Christ aux disciples pour ne rien dire de ce qu’ils ont vu. Et en quoi cet événement éclaire tout cela ? Parce que Jésus est au centre, au cœur, de tout ce que nous pouvons vivre et traverser.

Depuis Abraham, en passant par les disciples et jusqu’à nous, le chemin de la foi est parsemé des témoins qui ont, eux aussi, osé faire un pas dans la foi ! Des témoins qui ont osé mettre Jésus au cœur de leur vies. Des témoins qui ont osé vivre avec Jésus et le faire connaître, non par des paroles savantes et distingués, mais par le simple témoignage de leur vies, transformées, par ce Dieu qui n’attend de nous qu’une invitation : viens, Seigneur, je veux marcher avec toi !

Lorsque Abraham quitte son pays pour suivre l’appel d’un Dieu qui lui demande d’aller vers le pays qu’il leur a préparé, c’est le premier pas de ce long pèlerinage de la foi. Ce pèlerinage qui nous invite à faire confiance, à entrer dans une démarche d’abandon mais d’un abandon dans la foi. Abraham ne savait pas où il allait, mais il savait que son Dieu ne pouvait pas l’abandonner. Il savait que son Dieu ne pouvait lui faire traverser un désert sans lui donner la capacité dont il avait besoin. Et dans cet acte de confiance nous recevons, nous, aujourd’hui, le témoignage non de quelqu’un qui a fait quelque chose d’extraordinaire, mais le témoignage de quelqu’un qui a osé entrer dans la foi. Quelqu’un qui a osé croire. Parfois nous attendons quelque chose d’extraordinaire pour pouvoir faire un pas dans la foi, alors que Dieu nous attend dans l’ordinaire de notre vie. Dieu se cache dans le simple de notre existence, alors que bien souvent nous le cherchons dans l’extraordinaire, dans l’évènementiel. Or, pour notre père dans la foi, Abraham, Dieu s’est révélé au fur et à mesure, dans la simplicité d’une marche, d’un chemin à parcourir !

Dans l’évangile, nous voyons Pierre demander à Jésus de planter les 3 tentes et rester sur la montagne. On pourrait presque dire que cette demande de Pierre est une espèce de tentation. Une tentation qui nous guette tous : celle de l’entre-soi. Celle de vouloir rester dans notre zone de confort, de rester avec ceux qui pensent comme nous, qui nous disent « oui oui » par confort plutôt que par conviction. Et Jésus qui leur dit de redescendre de la montagne. Retourner dans le réel de leurs vies. Et pire, il leur dit de ne rien dire ! Comment pouvons-nous vivre une expérience si forte, si belle, et rester en silence ? Jésus et son habitude de nous faire aller plus loin. L’expérience vécue sur la montagne était une expérience transformatrice. Il ne s’agit pas de rabâcher des paroles ce qui a été vécue, mais de vivre dans sa vie ce qui a été expérimenté. Autrement dit, témoigner par des actes, des gestes ce qui a été vécu intérieurement. Et voilà l’invitation de Jésus : il ne s’agit pas de se taire pour se taire, mais de parler par notre vie de cette rencontre qui nous a transformé !

Ainsi nous ne risquons pas de faire de la morale ou de dire aux gens comment ils doivent faire ceci ou cela, mais nous devenons des témoins ! Et le témoignage devient parole ! Et la parole devient rencontre ! Et la rencontre devient le lieu où le Christ se transfigure encore, pour attirer vers lui notre cœur et celui de ceux qui sont autour de nous. Car, comme nous dit le pape François, « La mission est un contact humain, elle est le témoignage d’hommes et de femmes qui disent à leurs compagnons de voyage : « je connais Jésus, je voudrais te le faire connaître. » Et si leurs cœurs ne sont pas touchés, ce n’est pas notre problème. Le chemin de chacun est personnel et chacun va à la vitesse qu’il peut. Mais au moins, ils vont s’interroger à travers ce que nous donnons à voir. A travers le témoignage de notre propre rencontre ! Et nous devenons, dans l’ordinaire de notre vie, des annonciateurs de l’Evangile ! Et nous devenons des missionnaires en route vers notre propre terre promise, avec ceux qui sont sur le chemin avec nous ! Et lorsque, sur le chemin, nous avons l’impression de perdre nos forces, le Seigneur viens nous toucher et nous dit « relevez-vous et soyez sans crainte. »

(Gn 12, 1-4a ; Ps 32 ; 2Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9)

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