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EL PADRE - le blog du père Emmanuel

Homélies et autres réflexions

Homélie pour la fête de la Pentecôte­|Année A|2020

Que les disciples étaient confinés avant la Pentecôte, ce n’est plus un scoop ! C’est donc trop simple de faire le lien entre ça et ce que nous avons traversé ces derniers temps. Mais ce que nous vivons ici, aujourd’hui, dans cette église, nous apprend aussi quelque chose que les disciples ont vécu il y a plus de 2000 ans: le don de l’Esprit Saint a permis aux disciples de laisser tomber leurs masques !

Après la résurrection de Jésus et son ascension au ciel, les disciples attendaient le don de l’Esprit Saint. Le consolateur, le défenseur… Ils avaient encore peur de ce qui pourrait leur arriver. Ils devaient donc vivre comme les autres, faire comme les autres, dans une uniformité sans gêne pour ne pas être pointés du doigt comme les disciples du Nazaréen. Ils portaient tous, en quelque sorte, un masque. Pour se fondre dans la foule. Ils jouaient tous, en quelque sorte, un personnage. Et ceci n’est pas une critique ni un reproche. Au contraire ! Nous le faisons, nous aussi, bien souvent! Nous jouons tous, bien souvent, un personnage pour être accueillis, acceptés, aimés… et nous oublions que ce qui fait la richesse de ce que nous sommes, c’est justement ce que nous portons au plus profond de nous-mêmes. Ces dons de l’Esprit qui ont été déposés en nous.

L’événement de la Pentecôte était alors, pour les disciples, l’occasion de laisser tomber leurs masques et de devenir eux-mêmes, c’est-à-dire, devenir ces hommes qui ont été transformés par la présence de Jésus.

Le don de l’Esprit Saint, racontée par Luc dans les actes des apôtres, nous montrera justement un changement radical dans l’attitude des disciples. Et l’action de l’Esprit Saint révèle ce qui, en nous, vient de Dieu et que nous étouffons parfois à cause de notre humanité blessée. De nos peurs. De notre manque de confiance. De notre égoïsme, de notre orgueil, de notre insensibilité ! La fête de la Pentecôte est, en quelque sorte, la fête de la restauration. La restauration de l’être humain, profondément aimé par Dieu, qui reçoit de manière définitive, la marque de cet amour.

Le don de l’Esprit vient nous rappeler que nos diversités sont des cadeaux. L’Esprit Saint nous révèle que Dieu n’est pas un grand fan de la « pensée unique », d’un projet unique. Mais qu’il veut que nous comprenions que la véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité. Il en est ainsi lors du don de l’Esprit Saint quand tous, parlent dans une langue différente, et en même temps ils se comprennent. Il en va de même lorsque Paul nous rappelle que « les dons de la grâce sont variées » et qu’il prend le corps comme comparaison pour parler justement de cette unité dans la diversité. Et non pour parler d’uniformité. Et le danger pour nous réside dans le fait de vouloir justement l’uniformité. Déguisée bien souvent de diversité. Et ne comprenons pas la diversité dans le sens où chacun peut alors faire ce qu’il veut, comme il l’entend ! Non ! Mais plutôt comme chacun peut devenir pleinement lui-même lorsque nous acceptons d’être transformés par l’Esprit Saint. Et comment cette transformation passe par la communauté ecclésiale, par l’Eglise. Le corps que nous formons. Ce n’est qu’ainsi, par l’unité de l’Esprit Saint qui s’incarne dans la diversité, que nous ne tombons pas dans une idéologie qui nous laisserai dans l’illusion que tout est permis, que tout est défendable.

Ne laissons pas cette fête de Pentecôte être une fête comme les autres. Osons demander au Seigneur, par son Esprit, de venir enlever nos masques, pas ceux contre le coronavirus, bien évidement. Mais ceux que nous nous mettons nous et qui nous empêche de voir son action, et de recevoir son souffle.

Dans le récit d’évangile d’aujourd’hui, lorsque Jésus arrive, il se montre tel qu’il est. Il se présente devant les disciples en montrant d’abord les marques de sa vulnérabilité, de sa Passion. Pour leur redire qu’il a vaincu la mort. Il renouvelle sa confiance envers les disciples, et les envoie pour proclamer les merveilles de Dieu. Ce Dieu qui nous accueille et qui désire que nous soyons pleinement nous-mêmes, ancrés dans son amour. Et il leur fait le don du pardon. Ce pardon de Dieu « qui peut être annoncé de deux manières : par nos paroles et par nos gestes ; ce qui nous est demandé, c’est d’être nous-mêmes, pardon. *» Dans cette apparition du ressuscité que Jean nous rapporte, Jésus nous donne la mission d’aider le monde à enlever son propre masque pour qu’il devienne ce pourquoi il a été créé et redécouvre sa beauté. Qu’il soit restauré. Et cela ne fait pas de nous, les chrétiens, des gens supérieurs aux autres, mais des personnes dont la responsabilité est celle d’être disciple et missionnaire de Jésus, avec tous que cela implique. Et d’être des hommes et des femmes qui se laissent transformer par l’Esprit Saint de Dieu. Des hommes et de femmes qui se donnent à leur tour. Et qui ont la mission d’être témoins de l’unité dans la diversité !

Viens Esprit Saint ! Viens nous faire expérimenter ta présence ! Viens enlever les masques qui nous empêchent d’être les témoins du ressuscité ! Amen.

 

*Marie Noelle THABUT, L'intelligence des Ecritures. Année A.

 

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