13 Mai 2020
Les apparitions de Notre Dame à Fatima, ont marqué l’histoire du Portugal mais aussi l’histoire de l’Eglise dans le monde entier. Voici, en gros, le tableau : trois petits bergers, sortis de nulle part, reçoivent la visite de la Vierge Marie qui leur parle du ciel, qui les invitent à prier et à témoigner de l’amour de Jésus. Qui leur parle aussi de dangers de s’éloigner de Dieu, de l’oublier. Ils reçoivent aussi la visite d’un ange, l’ange de la Paix. C’est déconcertant pour nous, hommes et femmes du 21ème siècle de voir que lorsque le Ciel s’adresse à la terre, il passe par ce qui est simple, humble. Ceux qui, volontiers, nous pourrions mettre de côté, parce qu’ils ne connaissent pas assez les choses, parce qu’ils n’ont pas une grande culture, parce qu’ils ne savent pas parler comme il le faut. Et le Seigneur vient et nous rappelle qu’il s’adresse d’abord aux petits, aux simples, aux humbles.
Ainsi fut, à Nazareth, lorsque l’ange est venu rendre visite à Marie. Cette petite femme qui attendait, comme tout son peuple, l’accomplissement des promesses de Dieu. Qui attendait le Messie et priait certainement pour sa venue. Et elle se voit choisie pour porter Jésus lui-même. Elle se voit choisie pour éduquer l’homme-Dieu. Et au cours des siècles Marie est devenue une figure qui inspire. Le symbole même de la foi, de l’obéissance et de la fidélité. Et au cours de l’histoire, elle a reçu de titres divers et variés, mais toujours en rapport avec ce que nous vivons ou traversons: mère des affligés, refuge des pécheurs, auxiliatrice des croyants et tant d’autres. Parce qu’en Marie, l’histoire du Ciel et de la terre se mélangent. Et à Fatima, elle a montré son cœur immaculé. Ce cœur qui aime, comme le cœur d’une mère. Ce cœur qui a porté en lui la Parole de Dieu, le Verbe. Ce cœur bienheureux qui est, pour chacun de nous, un refuge dans les moments où notre vie est agitée, bousculée, crucifiée.
Lorsque Jésus réagit à la parole de cette femme dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » Il n’enlève pas à Marie sa place privilégiée de maman, mais il nous invite à avoir ce même amour, cette même hâte de vivre la Parole de Dieu. Il nous rappelle que l’important c’est de concevoir, de porter la parole en son cœur et d’en devenir le témoin : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent. » Dans cet échange entre Jésus et cette femme qui est certainement subjuguée par ce que dit Jésus, nous avons 2 béatitudes. Une qui est adressée à Marie et qui sort de la bouche de la femme, qui fait écho au magnificat de Marie « désormais toutes les générations me diront bienheureuse. » L’autre béatitude est adressée à chacun de nous : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent. » Et pour cela nous pouvons prendre Marie comme modèle. Jésus n’est-il pas le Verbe fait chair, la Parole de Dieu. Marie ne l’a-t-il pas écouté ? Porté dans son cœur ? N’a-t-elle pas gardé cette parole ?
Aujourd’hui nous sommes privés de beaucoup de choses à cause de la pandémie que nous traversons. En ce moment difficile certains peuvent se demander où est-il, Dieu ? Parce que parfois nous voudrions qu’il se manifeste de manière tonitruante et fasse cesser tout cela. Ou même se dire que ce que nous vivons c’est envoyé par Dieu lui-même. Se poser ces questions c’est tomber dans le travers d’oublier qui est Dieu. Ou plutôt, qu’est-ce qu’il n’est pas. Il n’est pas un magicien. Il n’est pas un faiseur de miracles. Il n’est pas un justicier ni un juge rancunier et méchant. Il est notre Père, notre ami. La petite Jacinthe et le petit François, deux des 3 bergers de Fatima, ont compris cela. Ils sont morts encore enfants en 1919 (pour François) et 1920 (pour Jacinthe). Victimes d’une épidémie, la grippe espagnole. Alors qu’ils avaient été témoins oculaires de l’existence même du ciel. Ils ont gardé la foi. Même quand Dieu semblait être loin. Et leurs cœurs, simples, ne se sont pas posés de questions existentielles du pourquoi du comment. Ils ont fait confiance à la Parole qu’ils ont reçu.
Et nous, qu’avons-nous, en réalité ? Nous pouvons, à notre tour, accueillir cette béatitude qui nous est offerte par Jésus aujourd’hui. Et même si nous nous sentons parfois découragés, fragilisés, rappelons-nous que la Parole de Dieu vient rejoindre d’abord ceux qui sont petits, humbles. Ceux qui sont nécessiteux de l’amour et qui se reconnaissent nécessiteux de l’amour. C’est la parole de Dieu qui vient nous transformer, nous encourager, nous guérir. « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent » comme un trésor précieux qui nous permet d’entrevoir le Ciel sur la terre. J’aime imaginer que chaque fois que j’ouvre la Parole de Dieu, c’est le ciel qui vient visiter la terre de mon cœur. Cette terre parfois desséchée, parfois oubliée, parfois solitaire. Cette terre peut être nourrie, guérie, grandie, consolée par cette Parole de Dieu. Nous n’avons pas eu la grâce de voir la Vierge Marie. Mais nous avons eu, tous, la grâce, d’avoir reçu la Parole de Dieu, qui nous révèle son Fils. Et cela suffit pour que nous aider sur notre route.
Ce soir, frères et sœurs, nous pouvons unir notre cœur au cœur immaculé de Marie et redire, comme les trois bergers de Fatima cette prière, qu’ils ont reçue de l’ange: « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas. Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquelles il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Cœur Sacré et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs » que nous sommes.
Marie, mère de Dieu, mère de l’Eglise, mère de ceux qui sont dans l’obscurité de la foi, fatigués des combats quotidiens, apeurés par les vicissitudes de la vie, montre-nous, encore aujourd’hui, ton cœur immaculé. Sois avec nous au pied de la croix. Et aide-nous à chanter avec toi : « mon âme exalte le Seigneur. » Amen.
Notre Dame de Fatima, priez pour nous.
Saint François et sainte Jacinthe, priez pour nous.