28 Avril 2020
Laurent GAUDÉ nous plonge ici dans un univers de désert et de désirs. D’amours et de guerres où le personnage principal est… le récit, et sa puissance libératrice de faire advenir !
Le récit d’une vie, et par conséquence, des vies. Qui permet d’entrer dans la compréhension de ce qui est. Qui permet d’entrer dans la compréhension et dans l’accueil de leurs propres histoires. Le récit de la vie de quelqu’un par le regard d’un autre. Parce que souvent, il nous est nécessaire nous laisser « raconter », et pour cela, il nous est d’abord salutaire de nous laisser « lire » par l’autre.
Nous entrons dans un voyage où Malaka, le fils du rachat, raconte Salina, sa mère. Nous découvrons donc les trois exils. Les trois enfants. Les rêves brisés. La vie, puissante… et la vérité du récit. Mais surtout, nous découvrons que « se dire » est la plus osée des aventures humaines. Puisque si Malaka peut raconter Salina, c’est parce que celle-ci a su se dire en vérité!
Extrait: "Moi, Malaka, fils élevé dans le désert par une mère qui parlait aux pierres, je vais raconter Salina, la femme aux trois exils. Je vais dire ma mère… et le monde qui apparaîtra sera fait de poussière et de cris. A l'époque où le monde a accueilli sa vie, il y avait des soleils qui faisaient saigner la peau et un désir de vengeance sauvage. A l'époque où le monde a accueilli sa vie, il y avait une enfant venue de nulle part."
Laurent GAUDÉ. Salina, les trois exils. Roman. Actes Sud. 149 pages.