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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2020

Dans un monde qui aime cataloguer, mettre des étiquettes et classer les gens où les choses dans des « boites », l’appel de l’évangile est presque scandaleux : Jésus est venu pour tous, sans exception. Il est venu pour toute l’humanité ! Et le don de Dieu à l’humanité à travers son Fils est un don donné sans retour et sans privilégier quelques-uns en détriment d’autres.

Dans les lectures que nous venons d’entendre, du début jusqu’à la fin, nous sentons resonner ce désir de Dieu de toucher le plus grand nombre. D’aller au-delà des frontières. Et cela nous responsabilise. Non pour nous culpabiliser ou nous faire la morale, mais pour que nous prenions la mesure du don que nous avons reçu. Et le baptême que nous allons vivre tout à l’heure illustre bien cette exigence de l’évangile, cette exigence d’être un ami de Jésus.

Nous sommes, chacun de nous, appelés. Et comme nous dit saint Paul « les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. » Autrement dit, ce que Dieu donne, il donne ! Et pour que cela puisse porter du fruit, nous avons besoin d’engager notre liberté, notre volonté et notre capacité à vouloir grandir dans cette amitié avec lui. Nous sommes appelés à avoir le courage de cette femme cananéenne qui ne se laisse pas faire par les « conventions » établies mais qui sait que Jésus peut sauver sa fille. Et elle persévère. Elle devient, par sa persévérance, signe d’une foi qui est capable de guérir, de sauver et de relever. Elle aurait pu s’arrêter face au refus des disciples de Jésus, mais sa foi en celui-ci lui donnait la force de traverser son épreuve. Jésus a vu en elle cette capacité à se laisser guider par la foi et par l’espérance. « Femme, grande est ta foi », lui dit Jésus. Grande est sa foi car elle a continué, elle est allée vers lui et elle a obtenu gain de cause. Alors que ceux qui marchaient avec Jésus voulaient la faire taire. Voilà le scandale de l’évangile : il donne la voix aux plus petits, aux plus pauvres ! A ceux qui savent ce qui est essentiel et important !

Et nous ? En quoi cela nous concerne ? Cela nous met face à nos propres choix, nos propres responsabilités et notre propre manière de voir la foi et l’Eglise. Choisir Jésus c’est choisir ce qui est vulnérable, pauvre et petit pour grandir dans notre capacité à être témoins du Christ. Le baptême est le signe visible de ce choix ! Jésus est venu pour tous, et son œuvre passe par nos mains, nos regards, nos paroles, notre témoignage. Par notre capacité à être Eglise. Une Eglise qui accueille, qui soigne. Nous pouvons être tentés, tous, par cette envie de faire de l’Eglise un club privé, réservé à un petit nombre. Et Jésus vient nous rappeler que nous pouvons élargir notre cœur. Nous laisser interroger par les cris du monde qui cherche, parfois sans le savoir, le salut !  Nous sommes invités, appelés, convoqués à devenir d’autres Christ, présence de ce Dieu aimant et miséricordieux, dans un monde qui insiste à vouloir cloisonner, séparer, et refuser la différence! Le Christ nous appelle chacun à être de témoins. A redire, comme cette femme : « Seigneur, viens à mon secours. »

(Is 56, 1.6-7 ; Ps 66 ; Rm 11, 13 – 15.29 – 32 ; Mt 15, 21-28)

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