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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Homélie du 23ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2020

Grâce au rite du scrutin*, nous vivons une halte spirituelle aujourd’hui. La liturgie, riche en symboles, nous permet de nous replonger dans ce qui est le cœur même de notre foi baptismale : le passage de l’ombre à la lumière. De la mort à la vie. Et le spectacle existentiel le plus important et, en même temps, bien souvent, le plus discret : la rencontre avec le Christ.

Cette rencontre avec le Christ passe, tout d’abord, par le regard. Nous voyons bien dans l’évangile, une multitude de regards : méfiants (celui des disciples), accusateurs (celui des pharisiens), indifférents (celui des parents de l’homme guéri), des regards étonnés (ceux de la foule), un regard plein de vie (celui de Jésus), qui voit celui qui n’a pas de regard, l’aveugle, avec miséricorde et compassion. Comme le regard de Dieu vis-à-vis de David. Et il choisit celui dont personne s’y attendait. Parce qu’il regarde le cœur.

Dans ces échanges de regards, il y a le cheminement de cet aveugle. Par l’acte créateur de Jésus, de faire de la boue avec sa salive et la poser sur les yeux de l’aveugle, par cet acte-là, nous sommes témoins du chemin parcouru par cet homme qui a été touché par la grâce. L’acte créateur de Jésus engendre tout d’abord un geste d’obéissance. L’homme va se laver dans la piscine de Siloé. Ce geste, engendre l’accomplissement du miracle qui sera le déclencheur du témoignage plein d’assurance de l’homme guéri envers celui qui l’a guéri. Et l’épisode finit par cet échange de regard entre Jésus et cet homme. Et au moment où celui-ci reconnait Jésus comme le Seigneur, il se prosterne ! Autrement dit, il baisse son regard et se laisse regarder !

Contrairement à l’aveugle, parfois, nous préférons demeurer avec la boue sur les yeux et ne pas aller nous laver dans la piscine de Siloé. Nous préférons rester dans nos égoïsmes personnels, avec nos regards méfiants ou accusateurs, nous préférons nous poser éternellement la question du péché de l’autre sans nous préoccuper de ce que nous vivons réellement et de la conversion réelle que nous sommes appelés à vivre. Et nous passons notre existence prosternés, mais sans être sous le regard du Christ. Tout en croyant, d’ailleurs, que nous sommes sous on regard. C’est pour cela que ce que nous vivons ce matin est, pour nous, une halte spirituelle. Une halte qui nous permet de nous requestionner sur notre propre regard sur le monde, sur les autres, sur nous-même et sur Dieu. Une halte pour nous requestionner sur notre propre baptême et le témoignage, le vrai, que nous donnons. La seule certitude de l’homme guéri de l’évangile, c’est qu’il était guéri. Il ne connaissait pas le visage du Christ. Bien souvent, notre seule certitude de baptisé, c’est que nous sommes baptisés. Que voulons-nous donc faire ? Être signe d’unité ou de division ? Être témoin de l’espérance ou de la méfiance ? Être disciples du Christ, qui donne tout et n’enlève rien, ou être disciple de notre propre ego ? Le baptême est cet éternel regard de Jésus posé sur chacun de nous. Par le baptême nous devenons ces hommes et ses femmes touchés par la grâce, guéris de nos cécités et de nos aveuglements, appelés à témoigner avec assurance de ce Jésus qui transforme notre vie. Nous sommes, chacun de nous, appelés à être l’épiphanie de la présence de Dieu dans le monde. Essayons donc d’être ce que le baptême fait de nous : des enfants bien-aimés du Seigneur. Avec toute la noblesse et la responsabilité que cela nous donne. Sans peur de nous laisser regarder et de dire, comme l’homme guéri « je crois ».

*Nous avons célébré les scrutins qui n’ont pas pu être faits pendant le carême à cause du confinement. Les lectures sont donc celles prévues pour ce rite, ici l’évangile est celui de la guérison de l’aveugle de naissance.

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