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homélies et autres réflexions

LE BLOG DU PERE EMMANUEL

Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2020

Parfois, dans notre vie chrétienne, nous pouvons ressentir une certaine jalousie (inavouée) vis-à-vis de ceux qui réussissent mieux que nous (en tout cas, en apparence) ; nous pouvons nous dire pourquoi les « nouveaux arrivés » ont plus de droits que nous ? Plus de choses proposées ? Plus d’attentions ? (cela aussi, en apparence), alors que nous, nous sommes là depuis des années et nous avons l’impression qu’on ne nous donne pas ce que nous méritons ! Nous avons l’impression d’avoir travaillé plus, et être laissés pour compte. C’est de cela que Jésus vient parler dans l’évangile d’aujourd’hui : de notre éternelle capacité à vivre dans la comparaison. Ou plutôt, de notre éternelle incapacité d’accueillir la vie dans la confiance.

Les premiers ouvriers de l’évangile ont un sentiment d’injustice lorsqu’ils voient les « ouvriers de la onzième heure » recevoir le même salaire qu’eux. Et sur quel critère ils basent cette injustice ? Sur celui qu’ils ont travaillé davantage ! Mais le deal, le contrat, depuis le départ, était celui d’aller travailler à la vigne pour 1 denier. Et ils avaient dit oui. Le maitre n’était pas injuste. Il a donné ce qui était convenu. Mais eux, les ouvriers, ce sont laissé berner par la maitresse comparaison. La comparaison est un poison pour la vie spirituelle, professionnelle, humaine, paroissiale et pour les relations en général. Parce qu’elle nous fait voir, bien souvent, ce qui n’existe pas. Elle nous fait entrer dans une dynamique qui nous mène inexorablement à la jalousie et notre regard n’est plus capable de voir ce qui est bon, ce qui fait grandir. Nous sommes désajustés, désaxés. Notre regard et notre cœur ne sont plus attirés par la vie éternelle, comprise comme la vie en Dieu, mais ils sont attirés vers notre propre nombril, qui nous fait tourner autour de nous-mêmes.

Mais pour tout poison, en général, il y a un antidote. Et l’antidote contre la jalousie est la difficile tâche de l’action de grâce. Action de grâce qui n’est pas l’hypocrisie mais la reconnaissance sincère de l’action de Dieu dans notre vie, et celle des autres. L’action de grâce qui consiste à voir que « vivre c’est le Christ et mourir c’est un avantage. » Parce que la mort n’est pas comprise comme une fin en soi mais comme justement cette vie en pleine présence du Seigneur. Nous sommes tous appelés à travailler dans la vigne du Seigneur. Nous sommes tous ouvriers par notre baptême. Et si nous avons ce comportement digne de l’Evangile qui met le Christ à la première place, nous aurons tous, les ouvriers de la première comme ceux de la onzième heure, nous aurons tous la même récompense. Notre denier à nous, et ce denier c’est la vie éternelle.

Ne laissons pas que le poison de la comparaison, qui nous guette tous, soit le paramètre par lequel nous voyons le monde et les autres. Mais demandons au Seigneur de nous aider à entrer dans l’action de grâce, pour rendre la vie éternelle déjà présente dans notre vie. Et élargissons notre regard pour chercher, ensemble le Seigneur, tant qu’il se laisse trouver !

(Is 55, 6-9 ; Ps 144 ; Ph 1, 20c-24.27a ; Mt 20, 1-16)

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