Homélies et autres réflexions
1 Novembre 2020
Parmi les béatitudes que nous venons d’entendre, l'une d'elles: « heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. » m'a interpellé davantage. Avec tous que nous traversons en ce moment, parler de douceur pourrait être presque déplacé. Pour autant, non seulement Jésus nous invite à être doux comme il se qualifiera lui-même comme tel : « je suis doux et humble de cœur. » La douceur n’est donc pas une simple mise en scène. Elle est un fondement même de l'être chrétien. Dans un moment où certains de nos frères et sœurs souffrent aujourd’hui dans le monde. Certains sont tués. D’autres sont moqués. D’autres encore, se font insulter, l'évangile nous appelle à la douceur. Mais il n’y a pas que des chrétiens qui subissent les actes de la méchanceté humaine. Beaucoup des membres de cette grande foule qu’est l’humanité, est victime de la violence, de la peur, de la laideur qui peut se manifester chez l’être humain. Victime de ceux qui veulent être supérieurs, détenteurs de la vérité ! Victimes de ceux qui, en opposition à la douceur, font du bruit. Et là où humainement parlant nous pourrions avoir des envies de vengeance, l’Evangile vient nous rappeler que c’est par la douceur que nous pouvons atteindre le cœur blessé de l’homme. Parce qu’en réalité, c’est de cela dont il s’agit : atteindre le cœur de l’homme. Et force est de constater que ceux qui essaient de le toucher par la peur, n’y arrivent pas.
Être doux ce n’est pas tomber dans une naïveté qui nous empêcherai d’être dans le réel. Ou de ne pas voir ce qui ne va pas dans le monde. Les doux sont ceux qui font confiance. Ceux qui regardent les autres avec bienveillance. Ceux qui refusent la violence. Ceux qui ont le regard tourné vers Dieu. Voilà la sainteté que nous célébrons aujourd’hui.
Dans ces temps troubles que nous traversons, nous sommes invités à contempler donc le Christ. A le regarder avec confiance. Mais pas le Christ de notre imagination, celui que nous nous sommes construits à partir de nos expériences de vie, de notre sensibilité ou de nos idéologies. Mais nous sommes invités à contempler le Christ de l’Evangile. Celui qui s’est assis sur la montagne pour enseigner la foule. Celui qui est né fragile, qui s’est laissé toucher par la souffrance humaine, celui qui a été jugé, maltraité, condamné, victime de la violence humaine, mais qui a montré le visage, le véritable visage de Dieu : celui de la compassion, de l’amour et du pardon, de la Vie. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons avancer pour rendre meilleure l’humanité qu’est la notre. Déjà notre humanité propre, ensuite, l’humanité de la foule à laquelle nous appartenons. Le bonheur exprimé dans les Béatitudes, c’est la découverte d’un bonheur profond, fondamental, que l’homme biblique rapporte à Dieu. Ce bonheur qui est vécu donc, dans la relation intime avec le Seigneur. Et cette découverte nous fait découvrir la sainteté comme une aventure, comme dit Bernanos : « la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure. »
Nous sommes aujourd’hui, encore, cette foule à qui Jésus s’adresse. Cette foule qu’il vient enseigner pour entrer dans une intimité qui soit capable de transformer le cœur de notre cœur. Capable de nous encourager, de nous rappeler que nous sommes faits pour quelque chose de plus grand et de plus noble. Nous sommes cette foule à qui Jésus rappelle que le don le plus précieux est celui de notre propre vie pour l’autre, pour le monde, pour Dieu. Nous sommes aujourd’hui encore, cette foule qui a soif, qui cherche, qui désire être comblée. Et c’est cela que nous célébrons en ce jour : la grâce d’être comblé ! Comblés par l’amour de Dieu. Dans les jours et semaines qui viennent, vivons donc cette aventure de la sainteté. Ne cédons pas à la peur. Contemplons ce Christ qui est là, avec nous ! Celui qui est doux et humble de cœur !