La mort du roi Tsongor

La mort du roi Tsongor – Laurent GAUDÉ

Je l’ai aimé ! Oui ! Beaucoup ! Même si la fin m’a un peu frustré. Et tant mieux ! Parce qu’elle n’était pas celle à laquelle je m’y attendais.

Nous suivons de près et de manière captivante le récit d’un roi, Tsongor, qui a conquis tout un royaume, vaincu des guerres et qui a assujettit tant de peuples, mais qui tombe face à sa propre peur, il perd un conflit contre lui-même, le dernier de sa vie. Son incapacité à faire un choix impose, alors, aux autres, la guerre, la lutte et la remise en cause de leurs valeurs les plus nobles. Le tout enrobé dans une belle histoire d’amour inachevée.

Le « non-choix » du roi obligera les autres à choisir. Et nous voyons émerger en chaque personnage ce qu’il y a de plus beau et noble, comme leur laideur et contradictions. L’envie de se donner et de posséder. Le désir d’aimer et de haïr. La fierté et la honte. La culpabilité. La liberté et la mort. Tout en luttant pour la vie.

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est la capacité de l’auteur à créer des rebondissements inattendus, de mener deux histoires dans l’histoire sans nous perdre et de son écriture à la fois dynamique et contemplative, tout en gardant une certaine poésie. Un beau roman !

Je vous laisse un petit extrait : « Que faites-vous de la fidélité de ce que voulait votre père ? […] J’y ai pensé, bien sûr. Et je me serais tenue à sa volonté s’il en avait exprimé une. Mais il a préféré mourir plutôt que de choisir. Il m’a laissé ce soin douloureux. J’ai pris ma décision. Je pars ce soir. Vous êtes le seul à connaître mon projet. Vous ne direz rien. Vous ne me retiendrez pas […] tout peut finir demain […] C’est la vie qui s’est jouée de nous. Rien d’autre. Il n’y a pas de bataille à livrer contre cela. »

Laurent GAUDÉ. La Mort du roi Tsongor – roman. Actes Sud. 2002. 203 pages.