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homélies et autres réflexions

LE BLOG DU PERE EMMANUEL

Homélie pour la solennité de l’Immaculée Conception de la Bse Vierge Marie | 2020

En célébrant ce soir l’Immaculée Conception de Marie, nous levons un peu le voile sur ce grand mystère vers lequel nous sommes tendus : la sainteté. Et si nous célébrons ce mystère de la foi, c’est justement parce que Marie est comme un panneau lumineux qui nous indique le chemin à suivre : Jésus.

Pour arriver à la sainteté, nous avons un chemin à parcourir. Marie est, par le Christ, à la fois, l’anticipation et l’accomplissement de ce que nous sommes appelés à être : « saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » Dans l’amour ! Je retiens cela comme le fondement, la base et le but de notre cheminement. C’est par amour que Marie dit « oui » à Dieu à travers l’ange. C’est par amour que Dieu envoie son messager jusqu’à Marie. L’amour de Dieu pour l’humanité; l’amour de Marie pour Dieu. Et dans cet échange d’amour, elle, la comblée de grâce, a compris que sa mission n’était pas seulement de porter le Dieu-fait-homme, ni de le garder pour elle seule, mais de l’offrir à toute l’humanité.

En entendant le récit de la rencontre entre l’ange et Marie, nous pouvons être pris par l’émotion du côté un peu idyllique de la narration, alors qu’il y a là une urgence ! Urgence que Marie va saisir et comprendre. Celle de l’amour ! En effet, après le départ de Gabriel, il s’ensuit un voyage, en hâte, pour se rendre dans une région montagneuse, pour aider sa cousine, car l’ange lui avait apprit qu’elle, Elisabeth, était à son sixième mois de grossesse, alors qu’on la jugeait stérile. Le premier effet de la présence de Jésus en Marie était manifesté par le don de soi ! Elle a donné sa vie à Dieu, en portant son Fils, et, ce faisant, elle a compris que rien ne sert d’avoir Jésus en soi, si cela ne nous met pas en mouvement pour le service des autres. Puisque c’est dans l’amour que le Seigneur souhaite que nous soyons saints, immaculés !

Nous traversons une période où nous sommes mis en face de la fragilité humaine. De notre fragilité. Nous avons été confrontés au manque. Nous sommes confrontés au manque. Celui de l’autre, de l’amitié, d’un geste de tendresse. Le manque d’un sourire caché derrière nos masques. Ou des manques plus graves ou plus dangereux. Nous avons été confrontés au manque des rencontres, de messes et d’Eucharistie. Et alors que tant de personnes se donnent pour les autres, nous sommes encore confrontés au manque de mains tendues pour servir ! Au manque de cœurs capables de recevoir le Christ et, comme Marie, de partir en toute hâte pour le redonner. Mais pas seulement par de beaux discours, mais par le don de soi. Je pense, profondément, en ce 8 décembre 2020, que l’attitude de Marie, la « comblée de grâce » peut nous aider à voir, en nous-mêmes, quelles montagnes nous devons arpenter pour laisser sortir l’essence même d’être les disciples du Christ. Marie nous apprend qu’il ne s’agit pas d’opposer le fait de recevoir Jésus à celui de se mettre au service. Non ! Elle nous montre, par sa hâte d’aller à la rencontre de sa cousine, qu’il s’agit de concilier les deux. Si je reçois Jésus sans me mettre en route pour servir, quelque chose ne va pas ! L’un ne va pas sans l’autre. Au contraire, l’un nourrit l’autre.

Elle, la comblée de grâce, n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit d’autre, une fois qu’elle portait Dieu dans son ventre. Mais elle ne serait pas véritablement comblée de grâce si elle ne se donnait pas, si elle ne faisait pas de sa vie, de toute sa vie, un don incessant. Marie est l’image de ce à quoi chacun de nous est appelé. Et si elle, la comblée de grâce, a souhaité prendre les chemins sinueux des montagnes pour servir, pourquoi nous, qui sommes invités sur le chemin de la grâce, nous nous laissons bien souvent être arrêtes par nos propres à priori ou jugements ? Nous pouvons nous rassembler à nouveau pour célébrer, pour recevoir le Christ présent dans l’Eucharistie. Que la hâte que nous avons eue pour arpenter à nouveau les montagnes pour revenir aux messes, nous inspire à nous mettre au service les uns des autres. De notre communauté civile et paroissiale. Au service de ceux qui ne peuvent pas ou n’arrivent pas à cheminer. Comme Marie, ne tombons pas dans le piège du consumérisme de la foi ni des sacrements. Mais entrons, chacun de nous, dans l’amitié profonde entre porter en soi Jésus et le donner aux autres. Et comme nous le rappelle le pape François à propos du Christ : il « n’a pas changé l’histoire en forçant quelqu’un ou à force de paroles, mais avec le don de sa vie. Il n’a pas attendu que nous devenions bons pour nous aimer, mais il s’est donné gratuitement à nous. Nous aussi, n’attendons pas que notre prochain devienne bon pour lui faire du bien, que l’Eglise soit parfaite pour l’aimer, que les autres nous considèrent pour les servir. Commençons les premiers. Ça, c’est accueillir le don de la grâce. Et la sainteté n’est autre que conserver cette gratuité. [1]» Car rien n’est impossible à Dieu.

 

[1] Pape François. Homélie du 24 décembre 2019

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