Homélies et autres réflexions
30 Mai 2021
|Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32 ; Rm 8, 4-17 ; Mt 28, 16-20|
Voilà un mystère qui nous interroge depuis de millénaires, la question de la Trinité. Chacun essaie d’expliquer de la manière la plus simple ou visuelle possible : comment peut-il avoir un seul Dieu et Trois personnes distinctes, avec même dignité et importance ? Dieu est un et un seul et trois personnes : le Père et le Fils et le Saint Esprit.
La Trinité c’est le mystère d’un Dieu qui est relation et qui est en relation. Le mystère d’un Dieu que, dans son essence propre, nous invite à cette relation. Et c’est cela qui importe. Découvrir ou redécouvrir l’appel à vivre cette relation, qui habite le cœur de chacun de nous.
Nous traversons une période qui nous invite à la relecture, à faire mémoire. L’isolement dû à la pandémie, la mise en relief de nos fragilités, nous poussent à relire notre vie et notre relation avec les autres. Et cela peut être vrai aussi pour notre relation à Dieu. Quel rapport entretenons-nous avec Lui ? Est-il un genre de force toute puissante ? Un juge qui nous observe ? Une machine à distribuer de miracles ? Ou un simple inconnu qui insiste à faire irruption dans nos vies lors de moments importants auxquels nous sommes obligés d’y être ? Baptêmes, funérailles, mariages, premières communions… Ou encore, est-il un ami. Et tel un ami, il traverse, avec nous, notre existence.
Dans les trois lectures que nous avons entendues, il y a, dans chacune, une mise en lumière différente d’une de trois personnes de cette fameuse Trinité : La personne du Père, celle du Fils et de l’Esprit Saint. Le Père, qui prend soin ; le Fils qui donne sa vie ; et l’Esprit qui conduit, inspire et permet de garder le lien. Compliqué à comprendre ? Peut-être. Mais surtout parce que ce mystère-là doit d’abord se vivre dans le quotidien de notre vie. Être à l’image de Dieu c’est entrer dans cette relation avec lui et avec les autres. C’est être dans un mouvement de vie, de partage, d’écoute. Une famille, une paroisse, une communauté qui veut vivre sous le signe de la relation trinitaire est appelée à être ouverte à la relation et à la richesse que l’autre peut apporter.
Les disciples ont rencontré Jésus, dans l’évangile que nous avons entendu, en Galilée. C’est là qu’Il leur avait donné rendez-vous. La Galilée c’est le « carrefour des rencontres ». De gens de partout y venait. Et c’est là où Jésus a voulu donner le dernier enseignement aux siens. Pour qu’il parte dans le monde entier à la rencontre de ceux qui avaient besoin de renouveler leur espérance. Le commandement du Christ dans l’évangile, cet appel à partir et à baptiser, n’est pas là pour faire de nous de meneurs de croisades. Cet appel est une invitation à « faire de disciples. » Et être disciple du Christ c’est reconnaitre que c’est lui la source, le fondement et la raison même de notre vie. Voilà ce que nous vivons à notre baptême, chaque fois que nous recevons un sacrement ou encore, chaque jour de notre vie avec Jésus. Il est important de nous rappeler qu’être disciple du Christ c’est habiter le présent. Et cette capacité nous est donnée par l’Esprit Saint. Habiter le présent c’est faire mémoire du passé sans tomber dans le piège de la nostalgie ou de la désolation. Habiter le présent c’est encore ne pas entrer dans l’angoisse ou le désespoir de l’avenir. Habiter le présent c’est entrer dans la vie de Dieu qui agit aujourd’hui, là où nous sommes. Et il agit avec nous.
Habiter le présent, avec Dieu, par le Christ et dans la force de l’Esprit, c’est chercher à vivre l’unité dans la diversité de ce que nous sommes. Comme nous y invite le pape François : « Aujourd’hui, si nous écoutons l’Esprit, nous ne nous concentrerons pas sur conservateurs et progressistes, traditionnalistes et innovateurs, droite et gauche : si les critères sont ceux-là, cela veut dire que dans l’Eglise on oublie l’Esprit. L’Esprit Saint pousse à l’unité, à la concorde, à l’harmonie des diversités. Il nous fait voir comme parties du même Corps, frères et sœurs entre nous. Cherchons le tout! Et l’ennemi veut que la diversité se transforme en opposition, c’est pourquoi il les transforme en idéologies. Dire “non” aux idéologies, “oui” au tout. » C’est à nous de choisir de suivre ce Dieu trinitaire qui nous unifie, où le dieu de notre propre invention, que, bien souvent, nous oppose. Être disciples c’est tourner ensemble notre regard vers les promesses de Dieu qui se réalisent dans nos vies. Et entrer dans l’Espérance, être signes d’Espérance. Car le Seigneur est là, avec nous, jusqu’à la fin du monde.