Homélie pour la messe de la Nuit de Noël | Année A | 2022-23

Dans l’étable, tout était calme. Tout était bien ! La chaleur des animaux réchauffait l’enfant. Mais il faisait nuit ! Du premier dimanche de l’avent jusqu’à ce soir nous avons traversé la nuit de l’attente. Et bien plus que la vivre à travers les lectures et la liturgie, nous l’avons vécue, parfois, au cœur même de notre vie. Car chacun de nous, traverse des nuits et de déserts. Les nuits du découragement, du deuil, de la tristesse. Les nuits de l’attente, des promesses, de l’espérance. Chaque homme et chaque femme traverse ces moments où nous pouvons nous demander à quoi bon continuer et se battre… mais aussi chaque homme et chaque femme traverse ces moments suspendus dans le temps où tout trouve son sens profond et sa raison d’être !

C’est le sens même de cette nuit ! Ici tout trouve sa raison d’être ! Ici, à travers l’image de cet enfant qui nait au cœur de la nuit, Dieu nous manifeste gratuitement son amour. Cet amour qui passe par le oui de Marie et de Joseph. Son amour qui passe par la capacité de l’être humain à choisir le bien. Son amour qui se donne même s’il ne trouve que du refus, parfois. Cette nuit n’est pas une nuit comme les autres. Ce soir, le silence parle ! Et il nous invite à contempler. Ce soir, la fragilité devient signe de force et de puissance. Ce qui est vulnérable devient l’image de l’amour donné. Ce soir, ce qui est rejeté, ce que nous rejetons parfois, est accueilli et aimé par ce Dieu qui se fait petit enfant et qui nous rappelle que la nuit n’est pas plus forte que la Lumière.

Quel sens donnons-nous à Noel ? Pour certains, ça peut être l’aboutissement d’une attente vécue en Eglise, pour d’autres, l’aboutissement de l’attente vécue pendant toute une année pour se retrouver en famille… bien manger, ouvrir des cadeaux, se donner des nouvelles… Mais Noel peut aussi être pour tant de personnes dans le monde, la traversée d’une nuit difficile et douloureuse où la discorde prend le pas sur la fraternité, où la haine crie plus fort que l’amour et où la solitude écrase l’envie d’aimer ! Et tout cela, chacune de ses expériences, se trouve dans la crèche. Face à la naissance de cet Enfant-Dieu se trouvent chacune des expériences humaines : la joie, manifestée par la naissance. La peur, manifestée par la nuit. L’espérance malgré les épreuves, manifestée par ces bergers qui sont les premiers à pouvoir voir le miracle. L’amour, manifesté par ces parents qui sont peut-être dépassés par les événements mais se font confiance. Face à la naissance de cet enfant, se manifeste la vie ! Qui ne demande rien d’autre que se déployer et s’épanouir !

Cette nuit est la nuit où Dieu entre dans l’histoire et le temps. Où il passe de Créateur à créature. Où il vient quémander notre amour et notre amitié. Et Dieu ne nous demande qu’une chose : avoir une place dans notre vie. Pour qu’il puisse donner ce sens profond et véritable à notre vie. Le sens de se donner et d’aimer. Le sens de trouver la joie et le bonheur dans les petites choses. Le sens profond d’une vie où l’Espérance est renouvelée chaque jour, même si la traversée est difficile.

C’est Noel ! C’est peut-être le moment pour chacun de nous de nous demander comment va notre capacité à aimer ? C’est peut-être le moment pour nous de nous demander si nous nous laissons porter par ce qui est essentiel ou si nous gâchons notre traversée par ce qui est superflu : l’essentiel ? C’est l’amour. Le superflu ? Tout ce qui nous empêche d’aimer ! C’est ce qui nous donne à voir cette nuit où Dieu est venu : l’amour traverse le temps et l’espace pour illuminer notre nuit, nos nuits, et nous inviter à vivre ! Et à vivre pleinement. Il y a plus de 2000 mille ans, cette nuit a changé l’histoire. Que cette nuit-ci, celle où nous sommes ensemble, change aussi la notre ! Que Jésus puisse trouver une place dans nos vies, pour que la Lumière soit victorieuse face à nos ténèbres ! Pour que l’espérance nous redonne le courage d’avancer. Que nous soyons assidus ou que nous ne venions à la messe que pour Noel, qu’en rentrant chez nous tout à l’heure, nous puissions être témoins de la Lumière du Christ qui renouvelle notre foi, notre espérance et notre capacité à aimer ! Qu’en rentrant à la maison le plus beau de cadeaux que nous puissions échanger soit celui de l’amour, du pardon, de la paix et de l’amitié, envers nous et avec Dieu. Car « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. »