Homélies et autres réflexions
19 Mars 2023
Les lectures de ce dimanche sont riches en symboles et significations. Entre le choix de David, en passant par l’exhortation de Paul et jusqu’au geste de Jésus dans l’évangile, nous pouvons nous laisser consoler, interroger, toucher et grandir par la Parole de Dieu qui s’offre à nous.
Nous pouvons être consolés car le Seigneur nous fait voir qu’il ne pense pas comme nous. Il ne juge pas comme nous. Il regarde le cœur. Et regarder le cœur c’est voir ce qui est bon et beau en nous mais aussi les tempêtes et les ténèbres contre lesquelles nous luttons. Nous pouvons nous interroger à cause des questions des disciples à Jésus mais aussi sur ce choix de David parmi tous ses frères. Pourquoi lui et pas un autre ? Nous pouvons nous laisser toucher par l’ensemble de ce qui est entendu et vécu. Par le regard aimant de Jésus et son geste libérateur. Et avec tout cela nous ne pouvons que grandir par ce qui nous est donné par la Parole de Vie.
Parmi toutes les choses que nous avons entendu, il y en a une qui attire davantage mon attention : ce geste de Jésus envers l’homme aveugle. C’est étonnant le déroulement de la scène : « il cracha à terre et, avec sa salive, il fit de la boue, puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle… » Ce geste de Jésus, qui nous rappelle aisément le récit de la création de l’homme dans la Genèse, nous interpelle par son côté à la fois inhabituel et impressionnant. Inhabituel parce que Jésus ne fais pas que toucher cet homme, il produit de la boue avec sa propre salive. Et impressionnant, car il demande à cet homme là de bien suivre les habitudes locales. Dans le fait de toucher, Jésus met déjà l’intention de guérir. Et cette guérison de l’aveugle passe par le corps. Mais il demande tout de même qu’il fasse ce qui est prévu : entrer dans la piscine. Ce geste de Jésus crée une relation toute particulière entre lui et l’homme aveugle. Il s’inscrit dans cette symbolique que la grâce de Dieu n’agit pas en détriment de nous même et qu’elle passe par ce que nous sommes, esprit et corps. Et nous avons là l’importance de ce sens qu’est le toucher. Toucher l’autre c’est entrer dans son espace, son intimité. Et l’autre est une terre sacrée. Et si parfois un geste peut blesser, un autre peut guérir. Nous ne savons pas ce que cet homme a vécu, mais nous pouvons imaginer qu’il ait reçu des gestes blessants, qui l’ont rabaissé ; et Jésus, en s’abaissant (nous pouvons l’imaginer) vient le toucher en posant cette boue sur ses yeux, et par ce geste, il le relève et le sauve. N’est-ce pas cela que le prêtre dit lorsqu’il oint un malade? « Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. » N’est-ce pas cela qu’à vécu l’aveugle ?
Nous voilà donc dans notre itinéraire vers Pâques. Ce dimanche de la joie nous sommes interpelés par le geste. Le toucher. Et nous pouvons élargir cela à la beauté du geste dans notre vie quotidienne. Permettre au Seigneur de venir enlever la boue de nos yeux pour que nous puissions, à notre tour, poser des gestes de vie. Des gestes capables de rendre la vie plus joyeuse, plus légère, plus simple. Ecouter la Parole de Dieu, parole de Vie ; être capable de voir son œuvre dans le monde ; recevoir la nourriture par sa Parole et les sacrements pour ensuite poser des gestes de bonté qui touchent l’autre et manifestent la présence agissante de Dieu dans notre propre vie. Nous traversons ainsi, dans l’Espérance, nos calvaires avec les yeux fixés sur le Ressuscité !