Homélie pour le 2ème dimanche du carême | Année A | 2023

Nous continuons notre marche vers Pâques et la liturgie nous attire notre attention vers une dimension importante de notre vie spirituelle et humaine : la capacité de voir ! Autant la semaine dernière nous étions davantage dans la dimension de l’écoute, ce dimanche, c’est la dimension de la vue qui nous est donnée d’approfondir.

Aujourd’hui nous sommes invités à prendre le temps pour nous assoir et pour contempler. Et nous ne pouvons « voir » ce que Dieu réalise qu’à partir du moment où nous avons pris le temps de l’écouter. L’histoire d’Abram, dans la première lecture, nous l’illustre bien : pour quitter son pays et aller vers le pays que le Seigneur le montrerai, Abram a du d’abord l’écouter. La contemplation naît de l’écoute.

Dans l’histoire d’Abram nous sommes témoins de cette vérité qui ne peut que nous rassurer : Dieu nous montre le chemin à suivre. Ce chemin qui est toujours un chemin de vie. Et qui souvent ne passe pas par où l’on voudrait qu’il passe. Suivre le chemin du Seigneur c’est quitter nos zones de conforts, c’est se laisser bousculer par lui, c’est aller parfois là où l’on n’a pas vraiment envie d’y aller. En revanche, nous n’y allons jamais seuls. Il est là, avec nous, il marche avec nous, il traverse les chemins avec nous. Et Abram le savait ! Et s’il gardait la foi de « voir » le pays que le Seigneur lui a promis, c’est justement parce qu’il était sûr de la présence de Dieu auprès de lui. Et lorsque nous entendons cette histoire nous risquons de nous laisser emporter par son côté idyllique et merveilleux et oublier que toute marche suppose une fatigue, une lutte parfois contre soi-même ; et en même temps l’apprentissage de savoir qu’on avance malgré les intempéries de la route. Et pendant tout le chemin nous sommes invités à ouvrir les yeux et à contempler !

La Transfiguration du Seigneur est justement un signe qui nous encourage à continuer notre chemin. Après avoir gravit la montagne, après avoir entendu ce que le maître avait à leur dire, les apôtres ont été témoins de la manifestation de Dieu. Le Christ se montre tel qu’il est, comme une préfiguration de ce qui sera la résurrection. Et ils ont vu ! Ils ont vu le Christ glorieux ! Le Christ qui était en profonde relation avec le Père, ce Père qui les invitait à l’écouter ! Car, encore une fois, la contemplation naît de l’écoute ! Et nous aussi nous sommes invités à contempler, à voir ! Contempler quoi ? Voir quoi ? Ou plutôt, qui ? Bien sûr, le Christ. Mais le contempler où ? Le voir où ? Dans notre quotidien. Dans ce qui fait notre vie. De la chose la plus simple, à la plus complexe. Et comme pour l’écoute, pour o la contemplation nous sommes aussi invités à rester, à demeurer, à prendre le temps ! Mais pas pour rester sur la montagne, pour redescendre et annoncer ! Pour être témoins ! Et la montagne que nous pouvons gravir pour « voir » la Christ est la fréquentation des sacrements, les relations fraternelles qui nous sont données de vivre et la Parole de Dieu. Nous sommes invités à contempler le Christ qui s’offre et qui se donner, qui refait nos forces, pour que nous puissions descendre de la montagne et rejoindre notre réalité avec foi, espérance et charité ! Bien sûr, parfois notre réalité n’est pas facile. Mais qui choisissons-nous de regarder ? Si nous choisissons de regarder le Christ, il nous dira sans cesse « relevez-vous » pour que nous puissions contempler son œuvre dans notre vie et dans le monde ! Et se relever c’est devenir son témoin ! Témoin de la vie ! C’est vivre, en nous, cette transfiguration, cette manifestation de Dieu qui passe par nos gestes les plus simples pour rejoindre le cœur de ceux qui nous entourent !