Homélie du 29ème dimanche du Temps Ordinaire | Année A | 2023

Les lectures de ce dimanche peuvent nous introduire dans une belle et profonde méditation sur la question du rapport entre politique et religion. La réponse donnée par Jésus à ses auditeurs, par exemple, nous laisse entrevoir comment ce rapport doit être vécu et la justesse que nous sommes appelés à avoir. Etant un sujet complexe et qui mérite du temps pour approfondir, je voudrais partager avec vous quelque chose qui est à la base de tout cela et de notre rapport (les uns avec les autres) mais aussi ce rapport entre politique et religion.

Dans l’évangile, après avoir été suffisamment "caressé au sens des poils" par les pharisiens et hérodiens, et mis face à une question fermée (oui ou non), Jésus procède à un véritable processus de discernement. Présentation objective des faits ; il met ses auditeurs face à leur propre question « cette effigie… de qui sont-elles ? » ; et à leur réponse, Jésus confirme : si c’est à César, donnez à César ce qui est à César. Mais il y a quelque chose de plus importante encore, ce qui fait notre être propre et le plus profond : notre liberté. Le lieu où le choix de Dieu se joue, et cela, appartient à Dieu !

Ce processus de discernement que Jésus oblige ses auditeurs à vivre, malgré eux, peut être pour nous aussi un chemin de liberté lorsque nous-mêmes nous sommes face à nos propres questionnements. In fine, ce qui compte c’est la vraie liberté comprise comme la capacité que nous avons de choisir le Bien, le Bon, le Vraie et le Juste. Autrement dit, de choisir Dieu ! Et dans notre vie quotidienne nous avons souvent à vivre cette expérience. L’expérience du choix ! Et cela, pour nous les chrétiens, est très exigent ! Parce que les choix auxquels nous sommes confrontés doivent avoir comme fondement et source l’amour auquel nous sommes invités.

Encore une fois Jésus vient renverser les choses. Nous bousculer et nous mettre face à nos propres responsabilités, non pour nous dire que nous devons agir aveuglement, c’est juste le contraire, nous dire que chaque chose doit être à sa place et que pour nous, ce qui nous permet de discerner c’est le commandement de l’amour et l’envoi à être au service ! Ainsi, donner à Dieu ce qui est à Dieu c’est donner notre propre être, notre cœur, notre vie ! Et par là devenir ces disciples-missionnaires que nous sommes invités à être ! Non dans une dualité du permis/interdit, mais dans le don de soi au service de l’Evangile qui nous rend profondément libres !

Si Jésus dérangeait tant c’est parce qu’il a changé le concept de pouvoir en service, et invité chacun à quitter ses certitudes pour entrer dans une démarche de conversion. L’un ne va pas sans l’autre ! Donner à Dieu ce qui est à Dieu c’est lui permettre de changer notre cœur !

Ce que nous pouvons nous demander aujourd’hui c’est si nous sommes capables de discerner en nous ce qui est à Dieu et si nous lui offrons ?! Ce chemin là est un chemin qui nous permet de nous laisser toucher par le Seigneur qui nous aide à nous retrouver en Lui et à nous voir comme un enfant bien-aimé, choisi, élu par amour et pour aimer ! Au regard de ces textes, nous pouvons nous laisser questionner sur notre rapport à cet appel de Dieu qui repose sur nous. La où nous sommes, nous sommes invités à devenir ce disciple qui se laisse transformer pour entrer dans une relation profonde d’amitié avec son Seigneur et pour apprendre à se donner à ceux qui croisent nos routes.