Homélie du 28ème dimanche du Temps Ordinaire | Année B | 2024

Les lectures de ce dimanche sont assez belles. Puisqu'elles nous parlent de l'œuvre de Dieu : l'œuvre de la Sagesse, cette sagesse qui est Dieu lui-même. L'œuvre de la Parole de Dieu, cette parole qui est le verbe incarné qui connaît le plus intime de nous-mêmes. Et l’œuvre de Jésus qui vient pour transformer notre vie.

Ce passage d’évangile peut être assez dérangeant car nous pouvons avoir l’impression que Jésus a raté l’occasion de changer la vie de cet homme. Lorsque cet homme riche vient voir Jésus, et à la fin de cette rencontre, il s'en va tout triste. Qu'est-ce que cet homme-là n'a pas vu dans le regard de Jésus alors que Jésus le regarda et l’aima ! Qu'est-ce que cet homme-là n'a pas vu dans le regard de Jésus que Pierre a su voir lorsque Jésus l’a appelé ? Mais cette rencontre marquera un tournant dans la vie des disciples et dans leur manière de comprendre la grâce d’entrer dans le Royaume de Dieu.

On ne sait pas ce qui s'est passé après, avec cet homme-là. Les évangiles ne parlent plus de lui. Toutefois, ceux qui est intéressant ici, c'est qu’encore une fois, Jésus va changer la perspective, et il va bousculer les choses. Pourquoi ? Parce que la richesse à cette époque-là était comprise, comme le signe de la bénédiction de Dieu. Quelqu'un qui étaient riche était quelqu’un qui était béni. Quelqu'un avait les faveurs, de Dieu. Et voilà qu’après le départ de l’homme, Jésus dira à ses disciples : « il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » D'où, justement, l’état de stupéfaction des disciples. Si la richesse était signe de la bénédiction de Dieu et que pour un riche était difficile d’entrer dans le royaume de Dieu, alors qui peut être sauvé ? Et c’est la que tout va basculer !

Quelle était la première question que l’homme a posée à Jésus ? « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Que dois-je faire… alors que Jésus va l’inviter à entrer dans une relation réciproque. C’est bien de faire ceci ou cela, mais c’est plus important de vivre tout cela au cœur d’une relation intime à laquelle le Seigneur nous invite. Je laisse ici une question : qu’est-ce qui a pu être le plus difficile pour cet homme : tout vendre ou tout laisser pour suivre, c’est-à-dire, entrer dans une relation réciproque où le faire laisse la place à l’être et l’indépendance donne place au partage. C’est comme si Jésus le disait de passer du « que dois-je faire » au « que dois-je vivre ».

Et le Seigneur nous invite chacun de nous à entrer dans cette relation intime. Parce que c'est ça qui va nous transformer et donner sens à notre vie. Et c'est à travers cette relation-là que notre regard vis à vis des autres et du monde pourra changer. Et comment vivre cette intimité ? Nous avons tout cela dans les lectures d'aujourd'hui : par la parole de Dieu qui vient nous rendre visite. Mais aussi les sacrements et la charité fraternelle. C’est très beau lorsque l'évangéliste dit : « Jésus posa son regard sur lui et il l’aima ». Quel regard nous posons sur les autres ? En réalité, nous sommes chacun un peu comme cet homme riche. Et nous avons chacun de nous des choses que nous ne voulons pas quitter pour suivre le Christ. Posons-nous cette question : Quelle est la richesse que je veux garder ? Ce qui m’empêche de vivre cette relation intime et profonde avec le Seigneur. Pour que nous puissions, à l’inverse de cet homme, nous approcher du Seigneur avec cette joie d’être profondément aimés, pour que notre cœur et notre vie soient véritablement transformés par le Christ.