Homélies et autres réflexions
20 Octobre 2024
Si je devais dire pourquoi je suis chrétien, outre le fait d’avoir vécu une expérience forte avec le Christ, je répondrai sans hésiter que je suis chrétien parce que notre Dieu a traversé tout ce qu’une personne peut traverser dans sa vie. Il a connu l’épreuve de la souffrance et de la mort et nous a ouvert l’Espérance de la résurrection. Ainsi, tout ce que nous pouvons vivre dans notre traversée ici-bas n’est pas étranger à celui qui nous a appelé à la vie ! Voilà pourquoi je suis chrétien, voilà pourquoi j’aime le Christ. Les textes de ce dimanche nous rappellent bien tout cela : par le mystère de l’incarnation Dieu a épousé notre humanité. Il a donné sa vie pour chacun de nous et nous a fait connaître une nouvelle manière de voir le monde et les rapports humains. Il nous a donné ce qui rend l’être humain profondément humain et profondément divin : la capacité à se donner !
Lorsque, dans cet extrait d’évangile, nous sommes témoins du désir, jugé déplacé, de Jacques et Jean qui consistait à vouloir une place privilégiée auprès de Jésus, nous sommes devant notre humanité qui désire le pouvoir. Et si nous nous tournons vers la réaction des autres disciples, nous sommes face à notre humanité jalouse, qui est afférée à s’occuper de ce qui font les autres. Et au milieu de tout ça, le désir de pouvoir et domination, et le regard jaloux exprimé par l’indignation, Jésus vient nous donner ce qui doit être le ciment de notre vie en lui ; il vient investir notre humanité de sa divinité et il nous fait entrer dans une nouvelle dynamique inaugurée par lui-même : celle du don, du service.
« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » Imaginons les disciples qui écoutent cette parole après tout ce qui s’est passé avant. Alors qu’ils se disputaient pour avoir une bonne place, le Seigneur leur rappelle que la meilleure place est celle du service, du don de soi. Et Jésus est lui-même l’exemple parfait car « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. » Lorsque nous entendons cela nous pouvons être tentés de penser que ce service concerne ceux qui font de grandes choses. Ou qui ont des grands talents ! Nous nous trompons si nous pensons ainsi.
Prenons comme exemple ce que nous vivons tous les dimanches matin : le service accomplit par ceux qui font l’accueil est tout aussi important que le service accomplit par ceux qui font les lectures ou la quête, ou encore, ceux qui préparent les choses matérielles pour la messe, ou qui chantent, qui jouent, ou qui nettoient l’église… et tout cela est tout aussi important que le service accomplit par le prêtre qui préside la célébration. Et si nous n’arrivons pas à voir l’importance essentiel de ce qui fait chacun, nous sommes peut-être comme les disciples qui croient que ce qui est important est ce qui se voit, et ont oublié qu’être grand, dans la perspective chrétienne, c’est être dans cette dynamique du don à laquelle nous sommes appelés chacun, dans les grandes comme dans les petites choses.
Si nous nous regardons nous-mêmes avec vérité et sincérité, si nous regardons notre relation avec Jésus, où nous situons-nous ? Sommes-nous plutôt des Jacques et Jean ou plutôt les autres disciples ? Ou encore, avons-nous conscience que notre vie n’a de sens que lorsque nous nous donnons aux autres ? Le Christ s’est donné à chacun de nous, jusqu’à en donner sa propre vie. Et il nous invite à nous donner à notre tour, pour que chaque geste soit une manifestation de sa présence à travers nous. Non, ce n’est pas facile ! Mais être chrétien ce n’est pas suivre un chemin facile, mais c’est suivre le chemin de la vie avec ses contraintes, ses joies et ses peines, mais avec l’Espérance de la résurrection, qui nous a été offerte par celui qui s’est fait « serviteur de tous » pour donner la vie à tous ! Et le don de soi qui passe par le service, pour plus petit qu’il soit, est le signe d’un grand amour !