Homélie pour la messe de la nuit de Noël | Année C | 2024

Nous voilà au moment de la Grande Rencontre ! Nous avons traversé la route avec « ceux qui savent lire les étoiles » et après ces 4 semaines d’attente, nous voici devant la crèche ! Est-ce que notre monde connait encore le sens de Noël ? Cette nuit encore nous sommes ce « peuple qui marchait dans les ténèbres » et qui a « vu se lever une grade lumière. » Quelles sont les ténèbres que nous traversons ? Qu’elle est la lumière par laquelle nous nous laissons éclairer ?

Si quelqu’un nous demandait ce qu’est Noël pour nous, quelle serait-elle notre réponse ? Et il peut même en avoir plusieurs : de notre point de vue, Noël c’est la vie, la joie, la tendresse… toutes ses caractéristiques auxquelles nous font penser un enfant couché dans une mangeoire. Et si nous regardons du point de vue de Dieu, Noël est aussi pauvreté, simplicité, humilité… tous ses adjectifs auxquels nous pouvons penser lorsque nous voyons cet enfant couché dans une mangeoire. Mais Noël est bien plus que cela, Noël c’est Dieu qui se tait ! Dieu qui devient muet face à notre humanité. Si nous regardons l’histoire du peuple de la Bible nous voyons que tout le long, Dieu a parlé. Mais à la nuit de Noël, Dieu se tait ! Et pourtant, c’est le silence le plus éloquent de l’histoire car c’est la manifestation la plus grande, noble et belle de l’amour, de l’acte d’aimer !

Revenons à ce récit de la naissance de Jésus : il fait nuit et les parents ont traversé tout un village pour rechercher de l’aide, toutes les portes étaient fermées. L’enfant fini par naître dans une étable. Cet enfant dont la prophétie disait « qu’il serait grand et qu’il rétablirait le règne de David » … comment peut-on voir, ici, de la grandeur ? Ici c’est Dieu qui déplace notre regard. Qui bouscule notre cœur. L’image de la crèche c’est Dieu qui nous rappelle qu’aucune grandeur n’est plus puissante que celle de l’amour, cet amour qui se donne, cet amour qui va jusqu’à se faire silence pour entendre nos douleurs, nos fatigues, nos désirs… Noël est beaucoup plus qu’une jolie date, c’est Dieu qui nous apprend à ne pas perdre notre temps avec ce qui nous sépare, avec nos désirs de puissance, ce qui nous divise… Noël c’est Dieu qui devient petit enfant pour nous rappeler que la seule chose qui importe c’est d’aimer ! Et que seul l’amour sauvera le monde ! A commencer par notre monde, notre propre cœur.

Lorsque les anges disent aux bergers qu’ils leur annoncent une « grande nouvelle » qui sera pour eux une « grande joie », ils disent que le signe donné sera « un enfant nouveau-né emmailloté dans une mangeoire » ; cette grande joie est, en vrai, le signe de l’amour qui se rend proche, le signe de la simplicité de l’amour ! Et cet enfant, qui ne peut pas encore parler, apprendra à parler notre langue, celle de l’humanité ; il apprendra à traverser aussi les ténèbres, il apprendra ce qui sont les grandes et les petites joies de la vie, mais aussi le deuil, l’épreuve, le pardon et la fatigue du chemin… cet enfant-Dieu qui se fait muet, entend et écoute notre humanité ! Voilà ce qu’est Noël.

Nous avons, pour la plupart, préparé nos tables à la maison, pensé aux cadeaux que nous pourrions offrir, nous avons même pris le temps de venir à la messe de Noel. Mais au cours de notre traversée, est-ce que nous prenons aussi le temps de l’écoute, le temps de la réconciliation, le temps du pardon, le temps pour écouter Dieu ? Que cette nuit ne puisse pas s’arrêter après le repas de Noël, mais qu’elle puisse nous porter tout au long de notre chemin. Que notre foi soit fortifiée, éclairée. Et que nous puissions, chacun de nous, laisser briller dans notre ciel cette Etoile qui éclaire notre chemin. Et que Noël soit pour nous bien plus qu’une date pour se rencontrer, mais qu’il soit pour nous le renouvellement de notre capacité à croire, qu’il soit pour nous le moment de la rencontre avec Celui qui est venu dans le silence de la nuit pour nous permettre d’exprimer les cris de notre cœur ! Parce que sur nous aussi, une lumière a resplendi !