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LE BLOG DU PERE EMMANUEL

homélies dominicales et d'autres réflexions

4ème dimanche du Carême | Année C | 2025

Nous avons bien compris que si nous devions résumer en un mot les lectures de ce dimanche, ce serait le mot réconciliation. La joie de la réconciliation est un fruit d’un long travail, d’une longue route parcourue. C’est ce qui nous montre tout particulièrement ce passage d’évangile que nous venons d’entendre.

Nous avons ici trois personnages principaux : le père, le fils cadet et le fils ainé. La parabole met en évidence la relation entre ces trois personnes. Et comme d’habitude, dans une parabole, tout est exagéré ! Et dans cette exagération nous prenons conscience de l’ampleur de la miséricorde de Dieu. Mais pour y parvenir, Jésus passe par le récit de cette histoire familiale ! Si nous suivons les deux frères nous touchons du doigt l’humanité sous deux aspects : à la fois, dans sa capacité à se reconnaître nécessiteuse de quelque chose de plus grand qu’elle, et à la fois, coupée de toute compassion et capacité de se réjouir pour l’autre.

Le fils cadet demande son héritage et part ! Il dépense tout et à cause d’un évènement extérieur : la famine, il se rend compte que chez son père on y mange à sa faim. Ce retournement nous est indiqué par cette belle formule : « alors il rentra en lui-même », dira Jésus. Pour nous rappeler que la seule manière de savoir quels sont nos vrais besoins c’est d’avoir la capacité de regarder vers l’intérieur, et parfois ce sont des événements extérieurs qui nous font rentrer en nous-mêmes. Le fils cadet reprend alors la route pour rentrer à la maison, en se posant comme coupable, peut être rangé par la culpabilité et la honte. Et en anticipant la situation pour que son père l’accepte à nouveau : « je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. » Le texte nous laisse bien imaginer la tension du chemin de retour. Cet enfant (qui avait décidé qu’il n’en était plus un) décide de revenir vers son père après avoir fait une grosse bêtise, certain que son père ne l’accueillera plus comme un fils. Et voilà qu’il se laisse surprendre lorsque son père se précipité vers lui alors qu’il était encore loin ! Car il était « saisi de compassion. » Et ce que nous voyons par la suite c’est la réconciliation qui se traduit par une grande joie, signifiée par une fête ! Qu’est-ce qui a rendu cette réconciliation possible ? Le chemin qui a été parcourue. Il y a eu le temps de l’attente, de remise en question, de l’acceptation et surtout, la prise de conscience que tout lien peut être restauré. L’attitude réfléchie du fils cadet nous fait toucher notre humanité capable de reprendre le dessus et de vivre un chemin de pardon (demandé). L’attitude du père, nous fait voir combien Dieu attend que nous revenions vers lui, pour que nous vivons un chemin de pardon reçu. Et l’attitude du fils ainé ?

Il est incapable de se réjouir. Incapable de reconnaître son frère. « Ton fils, que voilà est revenu… » dira-t-il. Il se sépare de son frère. Pourquoi ? Parce qu’il est dans le simple devoir. « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres… » en affirmant cela, le fils ainé oublie la relation et se met à la place de celui qui prend de la distance, de celui dont le simple accomplissement du devoir lui suffit pour exister, et oublie que seule la relation vraie est capable de donner le sens profond de notre vie. Il se pose comme juge. Vide de compassion, vide d’amour, vide de pardon. C’est le devoir pour le devoir. Et le devoir accompli en dehors d’une relation vraie mène à l’indifférence. Nous avons tous, en nous, une part de ce fils aîné et une part de ce fils cadet. Et nous avons tous ce Père qui se précipite vers nous pour nous rappeler que nous sommes ses enfants bien aimés. Ce père qui veut que nous goûtions à la joie de la réconciliation : avec l’autre, avec nous-même, avec Dieu. Nous avons tous, certainement de chemins de pardon à vivre. Demandons au Seigneur de nous aider à les traverser. Laissons-nous réconcilier, avec nous-mêmes, avec l’autre, avec le Christ !

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