28 Juin 2025
Messe en action de grâces pour les 20 ans d’ordination presbytérale du père Christophe DELAIGUE
En méditant sur le passage d’Évangile que nous venons d’entendre, une phrase m’a particulièrement touché : « C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple. » Trois jours. Pour Marie et Joseph, Jésus n’est plus là. Il a disparu. Tout aurait pu arriver. Pendant trois jours, ils l’ont cherché, sans relâche. Et si nous croyons à cette parole de Marie « ton père et moi nous avons souffert en te cherchant », nous pouvons alors imaginer que ce furent trois jours d’angoisse. On peut ressentir la peur qui les a saisis. Peut-être aussi le sentiment d’avoir failli en tant que parents. Trois jours d’attente, de silence, d’inquiétude. Trois jours marqués par l’absence. Du côté de Marie et Joseph, c’est l’expérience rude de la séparation. Mais du côté de Jésus – adolescent –, c’est une étape révélatrice de sa mission. Pour lui, les choses semblent limpides. Pour Marie, elles demeurent voilées. Il ne s’agit pas encore de comprendre, mais d’apprendre. Difficile de ne pas faire le lien avec les trois jours au tombeau.
Dans les deux récits, la perte semble totale. Mais dans les deux cas, l’issue est lumineuse : ici, les parents retrouvent leur enfant, maintenant le Fils du Père. Là, après les jours de ténèbres, vient la résurrection.
Et pour nous ? Comment cette page d’évangile peut nous parler aujourd’hui ? Concrètement, chacun, à un moment ou à un autre, fait l’expérience du silence de Dieu. De son absence apparente. Et nous nous mettons à le chercher et bien souvent, dans cette quête, on oublie que Dieu ne cesse de traverser nos vies. Il y laisse la marque de son passage. Quelle attitude alors avoir lorsque nous sommes confrontés à ce sentiment d’absence, de silence de Dieu, peut-être faut-il, comme Marie et Joseph, rebrousser chemin. Revenir sur nos pas. Autrement dit, pour nous, faire mémoire. Revenir sur la route pour se rappeler de toutes les expériences vécues et de toutes les choses que nous avons gardé dans notre cœur, et qui ont mûri ! Faire mémoire de tous ses instants où notre foi était brûlante, où nous avions réponses à nos questions. Faire mémoire de tous ses moments où la présence de Dieu était une évidence. Et c’est là que nous comprenons que Dieu ne se cache pas, qu’il se laisse trouver. C’est là où nous comprenons qu’au cœur de notre vie, son silence est, mystérieusement, présence. C’est cela que Marie va découvrir : Jésus n’avait pas disparu, au contraire, il leur a montré quelle était sa place !
Nous ne savons pas ce que les docteurs de la Loi ont posé comme question à Jésus. En revanche, nous savons bien quelle question Marie a posée : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? » Et nous connaissons la réponse : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Jésus était à sa place ! Et Marie le savait, mais elle ne le comprenait pas encore. Il était à sa place ! Il accomplissait sa mission. Face à cette réponse, que nous apprend alors l’attitude de Marie qui « gardait dans son cœur tous ces événements » ? Elle nous apprend à consentir au réel ! Seul quelqu’un qui sait quelle est sa place dans le monde peut consentir au réel.
Consentir au réel ce n’est pas être résigné. C’est apprendre à « sentir avec », autrement dit, apprendre à trouver l’élan de vie dans ce que nous traversons, même face aux épreuves… Et lorsque nous nous sentons désorientés, accablés par les questionnements, consentir au réel sera l’attitude de garder dans son cœur ce que nous avons pu retrouver en faisant mémoire, et attendre… car comme le silence de Dieu est présence, cette présence porte toujours ses fruits. Pour nous qui te connaissons, Christophe, tu nous apprends que consentir au réel c’est apprendre à avancer en faisant confiance.
Nous rendons grâce en ce jour pour toi et avec toi, pour ta place dans le monde et dans notre vie ! Tu es prêtre, c’est ta vocation, c’est ta mission ! Et nous en bénéficions de tout ce que le Seigneur donne à travers toi. Que pour toi et pour chacun de nous, le cœur immaculé de Marie soit notre refuge pendant nos traversés, et que notre seul but soit d’être disciple de Celui qui nous fais entendre au matin son amour ! Car il est notre espérance et certitude de victoire dans le réel de notre vie ! Dans le quotidien de notre existence.
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image: Tony CASTRO