Homélies et autres réflexions
22 Septembre 2018
L’évangile d’aujourd’hui se finit par cette parole de Jésus qui nous dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais celui qui m’a envoyé. » Je me suis posé la question du pourquoi de cette image utilisée par le Christ. Surtout que rien ne laisse entrevoir cette fin lorsque nous lisons le début de cet évangile. Quelque part, si nous nous tenons à ces paroles, l’enfant incarne la présence même de Jésus.
Je crois qu’un peu de partout dans le monde, l’enfant est considérée comme quelqu’un de simple, spontané, innocent, sans hypocrisie. Souvent on entend dire que lorsqu’un enfant aime, il aime et lorsqu’il n’aime pas, on le sait. Ils sont bien reconnus par leur sincérité ! Cette sincérité avec laquelle Jésus parle à ses disciples.
Or, les disciples et Jésus traversaient la Galilée et Jésus leur parlait de lui, de ce qui allait se passer. Du fait qu’il serait livré aux mains des hommes, qu’il allait mourir et trois jours après, ressusciter. « Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. » Nous avons ici, d’un côté, une parole dure, qui parle de la brutalité de ce qui allait arriver et d’un autre côté, la peur, celle des disciples, qui n’osaient pas poser la question du pourquoi du comment pour qu’ils puissent être, peut-être, apaisés, rassurés et donc, comprendre ce que Jésus voulait dire. Ainsi, de la même manière, nous avons deux comportements différents : d’un côté, celui de Jésus qui ouvre son cœur aux siens, simplement, comme un enfant fait lorsqu’il veut dire quelque chose ; et d’un autre côté, le comportement des disciples, qui préfèrent rester en silence par peur d’interroger le Christ. A cause de cette peur, car ce n’était pas la peur de ce qui allé arriver, puisqu’ils n’avaient pas compris, mais la peur vis-à-vis de Jésus, donc, à cause de cette peur, ils ont raté l’occasion d’entrer dans ce grand mystère de la rédemption et d’entrer dans la grande espérance de la Résurrection. A cause de cette peur ils n’ont pas pu aller plus loin, à ce moment-là, dans leur relation avec Jésus. Il leur a fallu passer par l’expérience douloureuse de la croix pour enfin, comprendre.
La peur ! Celle d’être jugé, peut-être ? Celle de se prendre une « râclée » ? Ou tout simplement, la peur qui nous est familière lorsque nous laissons parler d’abord, notre amour propre et notre ego ? Je ne sais pas pourquoi les disciples avaient peur de Jésus, mais ce que je sais c’est qu’en se comparant à un enfant, Jésus leur montre que l’accueillir c’est plus une question de disposition de cœur que de savoir. Et c’est parce qu’ils ont eu peur de Jésus, que leur échange est devenu un échange autour de leur propre ego, à savoir, qui, parmi eux, « était le plus grand » ?
S’ils avaient envie de savoir qui était le plus grand, nous pouvons imaginer alors qu’entre eux il pourrait y avoir des jalousies ou des rivalités. Comme il peut y avoir, entre nous aussi, des jalousies et des rivalités. Nous nous sommes peut-être déjà confrontés nous aussi à cette question-là. Qui est le plus grand parmi nous ? Qui a plus d’importance ? En réalité, nous ne sommes pas très différents des disciples. Nous avons, nous aussi, la tentation de nous mettre dans un rapport de rivalité les uns avec les autres (même si c’est bien souvent inconscient) alors que le Seigneur nous invite à nous mettre, tout simplement, au service, mais pas au service de ceux que j’aime bien ou que partage mon « idée ou idéologie » mais au service de tous. Et chacun, à sa juste place. Et lorsque je me mets sincèrement au service des autres, je réalisé que ce qui compte vraiment ce n’est pas ce que je peux savoir, ni « mon truc à moi » mais ce qui compte vraiment c’est la qualité de la relation que je peux avoir avec ceux pour qui je me mets au service. De manière sincère, simple, sans hypocrisie. Si Jésus nous dit que lorsque nous accueillons un enfant nous accueillons lui-même et celui qui l’a envoyé, c’est bien pour nous rappeler qu’accueillir le Christ c’est être capable d’être bienveillant, bons et vrais !
Si nous regardons les évangiles, ils nous donnent, justement, de voir que le Christ est sans hypocrisie, bienveillant, pacifique, conciliant, plein de miséricorde... Ce sont des qualités de la sagesse qui vient d’en haut que nous avons vu dans la 2ème lecture. Et cette sagesse est Jésus lui-même. Et lui seul peut nous aider à voir que nous n’avons pas besoin d’avoir peur, ni besoin de courir derrière la première place. Mais que nous ne seront des hommes et des femmes accomplis que dans la mesure ou nous sommes capables de nous donner (mais aussi de nous recevoir les uns et les autres comme un don) , de nous mettre au service, de faire de notre vie, un don ! Et cela n’est ni si évident que ça, ni facile ! Et c’est pour cela que nous avons besoin de la Communauté dans laquelle nous nous rassemblons. Et la clé de tout cela c’est, à la fois, notre capacité d’accueillir l’autre et notre capacité de nous donner pour le bien de la communauté. Que ce qui nous anime ne soit pas notre intérêt personnel, mais le bien commun. Ainsi, nous ne nous poserons pas la question de savoir qui est le plus grand. Mais nous nous poserons, sans peur, la question : où puis-je me mettre au service de tous !
(Sg 2, 12.17-20 ; Ps 53 ; Jc 3, 16 à 4,3 ; Mc 9, 30-37)