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Homélies et autres réflexions

Le blog du père Emmanuel

Méditation sur l’évangile du 26ème dimanche du Temps Ordinaire│Année B│2018

 

« Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. » Donner un verre d’eau. Il n’y a rien de plus simple comme geste et au même temps, comme plus difficile. Si quelqu’un dans la rue s’approche de vous, aujourd’hui, et vous demande un verre d’eau, quelle serait votre réaction ? Vous me diriez, sans hésiter, que vous donneriez un verre d’eau à cette personne. Mais, pour d’autres, cela n’est pas si simple ni si facile que ça. Pour certains, cela peut être une vraie difficulté car donner, ne serait-ce qu’un verre d’eau, suppose avoir la capacité d’entrer en relation. Et, en réalité, tout peut commencer là, à cause d’un verre d’eau. Tout peut commencer là, en voulant étancher la soif de quelqu’un.

C’est bien un verre d’eau que Jésus demandait à la samaritaine lorsqu’il lui dit « femme, donne-moi à boire. » C’est bien un verre d’eau qu’il demande lorsqu’il dit sur la croix: « j’ai soif. » Et c’est encore de l’eau qu’il s’agit lorsqu’il nous dit sa dernière parole dans le livre de l’Apocalypse : « que celui qui le veut reçoive de l’eau vive, gratuitement. » Lorsque nous donnons quelque chose à quelqu’un, nous donnons, même sans le savoir et sans nous rendre compte, nous donnons de nous-mêmes, de nos personnes. Etancher la soif de quelqu’un c’est bien plus que l’hydrater. C’est le permettre d’exister. C’est croiser son regard et le reconnaitre un égal. C’est avancer vers lui, c’est lui tendre la main. C’est voir, en lui, même qu’inconsciemment, sa dignité. Et c’est pour cela que le Seigneur dit que donner un simple verre d’eau à l’un de ses serviteurs vaut une récompense. Parce que personne ne peut donner quelque chose, sincèrement, sans reconnaître que l’autre a de l’importance. Et voilà le remède contre le péché. Rien que dans ce geste, anodin, de donner un verre d’eau, nous avons besoin de nos pieds pour nous approcher, de nos yeux pour voir, de nos mains pour donner… et de tout ce que nous sommes pour ne pas le faire avec indifférence.

Nous éprouvons tous la soif. Elle est signe d’une fatigue, après une activité, ou tout simplement d’un besoin du corps. Mais elle est encore cette image d’une soif beaucoup plus profonde que nous portons, chacun, la soif d’amour. Nous éprouvons tous, cette soif là. La soif d’aimer et d’être aimé. C’est la soif cachée de la samaritaine au bord du puits, c’est la soif de Jésus sur la croix. C’est la soif que nous ressentons, nous-même. Et Jésus veut être, pour nous, cette eau vive. Il veut, lui, étancher notre soif. Mais pour cela nous avons besoin de lui montrer notre verre vide ou presque vide. Et pour cela, il faut du courage. Le courage d’admettre que oui, j’ai soif ! Le courage de se laisser abreuver, le courage d’entrer en relation, le courage, tout simplement, d’être là, présent au bord du puits, pour entendre cette même parole « donne-moi à boire » et, en réalité, au même temps que Jésus demande de notre eau, lui, il veut nous donner de la sienne.

C’est par la relation à l’autre que nous pouvons nous reconnaître capables d’aimer et d’être aimés, c’est par la relation à l’autre que nous pourrons poser des gestes où l’amour sera le premier servi, donc, Dieu sera le premier servi car « Dieu est amour » et « celui qui aime connaît Dieu » même s’il dit ne pas le connaître. Celui qui donne un verre d’eau à un serviteur du Christ, c’est au Christ lui-même qu’il donne. Et il n’y a de geste plus noble et plus christique que celui de se donner. 

(Mc 9, 38-43.45.47-48)

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