Homélies et autres réflexions
16 Mars 2019
Depuis mercredi nous sommes sur la route avec Jésus pour aller jusqu'à Jérusalem pour célébrer la Pâques. Nous sommes sur le chemin qui nous permet d'élargir notre cœur pour grandir dans notre relation et notre communion à Dieu et aux autres. Et ce chemin n'est pas qu'un simple sentier plein d'herbes vertes et florissantes. Cette marche commence par le désert. Un temps de préparation. Fortification. Prise de conscience, mais aussi de tentation.
Lorsque Jésus est baptisé par Jean, dans le Jourdain, il nous est dit qu'une voix descend du ciel en disant "celui-ci est mon fils bien-aimé." Et tout de suite après le baptême, Luc nous dit que Jésus, dans l'Esprit, fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Et lorsque Jésus a eu faim nous sommes témoins du dialogue qui a lieu entre lui et le diable.
Rappelons-nous que dans le tradition biblique le mot diable veut dire "le diviseur". Et il essaie de le faire en montrant que Jésus peut devenir ce qu’il veut, tout seul.
La première chose qu'il fait, le diable, c'est de semer le doute "si tu es le fils de Dieu..." Semer le doute est le premier pas pour diviser. Nous pouvons le vérifier dans notre quotidien aussi. Et Jésus sait où le diable veut en venir. Donc, il n'entre pas en dialogue.
Par trois fois, par trois paroles bibliques, Jésus fait savoir que l'individualisme, le consumérisme et l'égoïsme ne sont pas un chemin pour aller vers Dieu. C'est par la Parole de Dieu que le Seigneur a vaincu ces 3 tentations. Mais non seulement parce qu'il les a cités, mais parce qu'il croit profondément. C'est lui la Parole faite chair. Il n'a pas besoin de prouver qu'il est le Fils de Dieu. Il a juste besoin de témoigner de sa profonde relation avec le Père.
Les réponses que Jésus donne au diable témoignent de sa relation directe avec le Père. Cela dit aussi quelque chose de la relation que nous devons avoir avec la Parole de Dieu. "Il nous est nécessaire nous laisser juger par la Parole de Dieu. L'appliquer directement aux autres, c'est une manière de la rendre stérile." Autrement dit, je ne dois pas fréquenter la Parole de Dieu pour pointer ce que l'autre doit vivre, mais pour transformer ma propre manière de vivre. Ce chemin de conversion commence par moi, avec l'aide de Dieu. Et ce n'est que par mon témoignage de vie que la communauté entrera aussi sur un chemin de conversion. Notre vie fraternelle doit être fondée sur cette Parole de Dieu qui transforme.
Nous sommes tous tentés et nous pouvons tous être signes de division. C'est pour cela que nous devons combattre notre égoïsme, notre individualisme et notre autosuffisance pour nous reconnaître nécessiteux de Dieu. Et aussi reconnaître que nous avons besoin les uns des autres. Chacun de nous traverse des déserts. Chacun de nous est touché par le mal. Mais nous pouvons choisir le bien et choisir de faire le bien. Nous pouvons choisir de nous mettre "sous l'abri du Très Haut" et nous enraciner dans cette parole qui donne vie.
Que ce temps de carême ne soit pas un temps pour juger l'autre mais qu'il nous aide a nous laisser interpeller par la Parole de Dieu. Un temps pour nous laisser faire et transformer. Un temps pour grandir dans la communion et dans la vie fraternelle.
(Dt 26,4-10 ; Ps 90 ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13)