Homélies et autres réflexions
21 Avril 2019
L’audace de la vie a vaincu la mort !
Quel événement ! Quelle audace de Dieu ! Oui, nous avons un Dieu audacieux, un Dieu qui aime prendre des risques pour nous ! Jésus aurait pu ressusciter à la vue de tous. Faire quelque chose d’extraordinaire pour que tous croient en lui par défaut. Mais non. Le moment crucial de notre foi se passe de manière toute discrète, simple et dans la nuit. C’est dans la nuit que la vie se manifesta. C’est dans la nuit que la vie a été plus forte. Comme pour nous rappeler que dans nos nuits, à nous, la vie peut toujours triompher.
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, nous voyons Marie Madeleine qui part « au tombeau de bon matin. » (…) « C’était encore les ténèbres. » Elle court dire aux disciples que le corps de Jésus n’était plus là. A l’arrivée de ceux-ci, ils se rendent comptent que les linges qui ont recouvert son corps sont là, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré sa tête. Mais qui aurait pu prendre le corps ? Et si quelqu’un a pris le corps, pourquoi il a laissé là les linges qui le recouvrait ? Nous n’avons pas de témoins du moment exacte de la résurrection, mais nous avons ici les pièces à conviction. Et ce détail est si important que lorsque l’un de disciples entre dans le tombeau, il nous est dit « il vit et il crut. » Il a vu les linges, il a vu le tombeau vide et il a cru ! Eux, qui étaient dans la nuit du deuil, voient leur chagrin se changer en espérance. En voyant le tombeau vide toutes les paroles, gestes et actions de Jésus ont pris du sens. Il n’est pas mort ! Il est ressuscité !
Que faisons-nous ici aujourd’hui ? Qui sommes-nous venus rencontrer ? Si nous sommes ici c’est parce que Jésus est ressuscité. Si ces enfants vont être baptisés tout à l’heure, et vivre leur première communion, c’est parce que Jésus est ressuscité. Que nous le croyons ou pas. Si nous le croyons, ça change quoi dans notre vie ? Et si nous ne le croyons pas, pourquoi sommes-nous ici ? La réponse est simple : parce que la vie nous attire, parce que Jésus nous attire.
Le disciple a vu un tombeau vide et il a cru. Qu’avons-nous besoin de voir pour croire ? La seule preuve qui peut nourrir notre foi c’est le témoignage que nous pouvons avoir de ceux qui suivent Jésus. Certains actes peuvent nous éloigner de lui, mais il y en a tant d’autres qui sont posés pour porter la vie, redonner l’espérance et nous faire voir que Dieu est toujours à l’œuvre. Et comme pour la résurrection, discrète, Dieu est à l’œuvre discrètement dans nos vies.
Parfois nous sommes découragés par les difficultés qui nous traversent. Nous sommes découragés par tant de choses douloureuses que nous voyons. Et c’est justement là, au cœur même de nos nuits, que nous sommes invités à relever la tête, à regarder plus loin et à lire, dans ce que nous traversons, à lire dans nos vies, les signes de la Résurrection.
Bien souvent nous voulons tout comprendre, tout maîtriser, avoir une certitude infaillible pour pouvoir poser un acte. Faut-il attendre tout comprendre pour pouvoir aimer et se laisser aimer ? Evidemment, non ! Faut-il, donc, attendre tout comprendre pour laisser une place à Dieu ? Je ne crois pas, non ! C’est vrai, le seul signe de la résurrection que nous avons c’est ce tombeau vide avec les linges posés. Mais ça a suffi aux disciples pour comprendre que la vie a triomphé et que la mort n’a plus le dernier mot. Ainsi, pour nous, pour chacun de nous, la vie aura toujours le dernier mot si nous laissons une place pour Dieu. Si nous laissons une place pour celui qui est ressuscité pour nous assurer que notre vie est précieuse, si précieuse que Dieu lui-même est venu nous donner une nouvelle espérance. Celle que la vie est toujours plus forte que la mort.
Que ce jour qui nous est donné de vivre soit un jour où nous pourrons renouveler notre foi, grandir dans notre espérance et comprendre que la seule preuve que nous pouvons donner au monde que Jésus est ressuscité c’est l’amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres. Un amour sincère, créatif, ajusté, loyal et fondé sur le don de notre propre vie, à tous ceux qui se sentent seuls, abandonnés, sans voix, ou dans la nuit. Car l’audace de Dieu n’est pas simplement dans le fait qu’il soit ressuscité, mais qu’il veuille partager sa vie avec nous.
Le Christ est ressuscité ! Et en lui, notre vie, trouve la force dont elle a besoin pour continuer, pour avancer ! Pour se renouveler. Laissons-nous toucher par cette Bonne Nouvelle. Soyons-nous les porteurs de cette bonne nouvelle ! « Le Christ, notre Espérance, est ressuscité ! » L’audace de la vie a vaincu la mort !
(Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 10, 1-9)